Couverture française
SOUS LA PEAU | SOUS LA PEAU | 2014
Couverture alternative
SOUS LA PEAU | SOUS LA PEAU | 2014
Editeur
Date de parution (France)
Pages

150

Couleur ?
Non
Langue

Français

Sous la peau

Sous la peau

Mel est un jeune tatoueur également spécialisé dans le piercing et la modification corporelle. Avec Rose, sa fiancée, et un gang de motardes, il doit se rendre dans un festival gothique pour montrer son talent aux spectateurs, venus en nombre pour assister au concert de la superstar du milieu underground : Lord Vermin. C’est également lors du concert de ce dernier qu’une secte, vouée corps et âme à Dieu et à leur gourou surnommé le Révérend, a choisi de frapper un grand coup pour éradiquer les esprits corrompus par Satan…

L'AVIS :

Quelle diversité dans la collection Trash ! Je l’ai déjà dit dans une chronique précédente mais je le répète : c’est un vrai plaisir que d’ouvrir un nouveau livre tant il est impossible de dire sur quoi on va tomber. Même quand on pense savoir de quoi il va retourner, les auteurs nous surprennent avec leur imagination sans limite, nous emmenant souvent là où on ne s’y attend pas. C’est encore une fois le cas avec « Sous la peau », premier roman de la collection du à une femme. Car oui, la littérature gore ou trash n’est pas seulement l’apanage des boxers ou des slips kangourous mais intéresse aussi les culottes en satin et les strings, la preuve avec Nelly Chaddour qui nous offre une petite merveille dans le genre !

Les trois premiers chapitres de « Sous la peau » sont d’une efficacité redoutable tant sur le fond que sur la forme. En trente-huit pages, Nelly Chaddour frappe très fort et le lecteur en reste presque abasourdi. Le premier chapitre nous fait faire connaissance avec le héros du récit, Mel, et nous fait pénétrer dans l’univers underground du piercing extrême et de la suspension. Cette pratique spectaculaire consiste à se faire enfoncer des crochets dans la peau afin que ceux-ci soient reliés à un système de cordage savamment étudié, permettant de faire littéralement décoller dans les airs le « suspendu », qui ressentira douleur et plaisir, deux mots qui plairaient au romancier Clive Barker, réalisateur du premier « Hellraiser ».

Le second chapitre lui est d’ailleurs dédicacé, et ce, à juste titre. Il peut être vu comme le penchant négatif du premier car dans ce dernier, la personne à qui l’ont applique les crochets est consentante. Toute la différence avec le supplicié du second chapitre, victime d’une secte religieuse dirigé par le Révérend et son fils, Melchior. Pour le punir et le ramener dans le droit chemin, Melchior, sous l’impulsion de son père hystérique, va lui faire subir différents châtiments corporels qui n’ont pas manqué de me faire grincer des dents. Je ressentais quasiment la douleur du personnage à travers les mots, les phrases que j’étais en train de lire. Plusieurs fois, mes jambes se sont serrées d’elles-mêmes et ma mâchoire ne pouvait s’empêcher d’exprimer la douleur à travers d’horribles rictus ! Âmes sensibles s’abstenir !

Le troisième chapitre, consacré à la rockstar Lord Vermin, m’a totalement déboussolé. Ce personnage, sorte de Marilyn Manson accouplé à Trent Reznor, possède un secret qui m’a laissé sans voix. Quand je disais dans le premier paragraphe de cette chronique que l’imagination des auteurs était sans limite et chamboulait nos certitudes, en voici un parfait exemple ! Je ne vous en dirais pas plus mais niveau surprise, ça se pose là et jamais je n’aurai imaginé que le récit irait dans cette direction !

« Sous la peau », s’il ne lésine pas sur l’imagerie choc, n’en oublie pas de faire la part belle aux personnages et certains sont vraiment bien développés : Mel bien sûr, le Révérend, Lord Vermin mais aussi quelques-unes des motardes dont un transsexuel qui veut devenir femme. Certes, il y en même un peu trop et on se perd parfois entre tous les prénoms mais dans l’ensemble, tout tient bien la route et on appréciera le « girl power » présent tout au long de cette aventure peu banale. Telles les héroïnes du « Boulevard de la Mort » de Quentin Tarantino ou les personnages féminins de Russ Meyer, notre gang de motardes entend bien ne pas se laisser marcher sur les pieds et les mâles un peu trop insistants se verront vite remettre à leur place, à l’image de la scène dans le bar routier, où les coups de poings et les coups de tatanes sont légions !

Tout aussi intéressante est la virulente critique de l’intégrisme religieux. Le Révérend punit de façon on ne peut plus horrible ses brebis égarés mais se permet de violer son propre fils ! C’est bien l’hôpital qui se fout de la charité et Nelly Chaddour assure lorsqu'il faut nous montrer que la religion n’est que mascarade.

Avec son univers original, son final apocalyptique, ses révélations en pagaille, ses flashbacks intenses et sa galerie de personnages aussi attachants que certains sont repoussants, « Sous la peau » marque des points et le titre joue sur divers tableaux, évoquant tout à la fois les aiguilles et crochets transperçant l’épiderme que les… non je vous laisse la surprise ! Une très bonne découverte !

SITE DE L'EDITEUR : http://trasheditions.wix.com/trasheditions

Note
5
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Stéphane Erbisti