Hocus pocus : les trois sorcieres
Hocus pocus
Il y a plus de 300 ans à Salem, les sœurs Sanderson, redoutables sorcières mangeuses d'enfants, s'apprêtent à vider le dernier souffle de vie de leur victime. Elles sont démasquées et pendues. Leur grimoire maléfique est resté dans leur antre, devenue un site touristique. De nos jours, un jeune garçon venu de Californie, Max, a bien du mal à comprendre les fameuses superstitions de la région. Solitaire, il doit subir les assauts de sa petite sœur, lui suppliant d'aller faire les portes le soir d'Halloween. Séduit par la jolie Allisson, il fait un tour dans la fameuse cabane des trois sorcières et allume la fameuse bougie à flamme noire : la résurrection des trois créatures s'opère rapidement, cherchant à présent un peu de fluide vital à absorber…
Abonné aux productions télévisuelles (encore d'ailleurs), Kenny Ortega signe deux productions Disney dans le courant des années 90 : le musical "NewBoys" (avec le jeune Christian Bale) et le fantastique "Hocus Pocus : les trois sorcières". Et cela faisait un petit bout de temps que Disney avait abandonné le surnaturel dans leurs productions enfantines.
Après leur tentative (réussie mais mal accueillie) de renouveler leur catalogue en rajoutant un peu d'horreur et de fantastique dans leurs productions plus "gentilles" (ce qui donna naissance à "la foire des tenebres", "les yeux de la foret", "Tron" ainsi que "le dragon du lac de feu"), Disney s'y remet avec moins de fougue en 1993, avec cet amusant film de sorcière, sorte d'équivalent américain au très bon "Les sorcières".
Si la réputation du film n'est pas des plus flatteuse, les Fx ont su faire parler d'eux avec une grande diversité d'effets en tous genres (effets traditionnels, animatroniques, numériques, maquillages…) qui sauvent le film en grande partie. Et puis outre cela, les décors et les costumes (récompensés d'ailleurs) soutiennent parfaitement l'ensemble avec un mélange de kitch et de noirceur Burtonienne (le cimetière, entièrement créé de A à Z). Techniquement, le film s'en sort avec les honneurs et on fera abstraction des transparences assez visibles lors de certaines scènes de vols.
L'intérêt de "Hocus Pocus : les trois sorcières" réside surtout dans l'abattage de ses trois actrices, qui semblent bel et bien s'amuser comme des folles dans la peau de ces sorcières aussi bêtes que méchantes…
Si la grassouillette Kathy Najimy est déjà habituée au genre comique (merci "Sister Act" !), on ne peut pas en dire autant de Bette Midler et de Sarah Jessica Parker. Ne voulant imposer aucune inquiétude face aux jeunes spectateurs, Ortega caricature à outrance ses sorcières et rend leur mission perverse (tuer les enfants de toute une ville quand même !) presque anecdotique. Entendez par là que jamais les trois folles n'inquiètent un tant soit peu, qu'on soit petit ou grand. La palme revient au cabotinage parfois usant de Midler (calmez là bon Dieu !), alors que la fofolle Sarah Jessica Parker sort quelque peu son épingle du jeu en sorcière nymphette surexcitée par les événements.
Si la mièvrerie s'échappe quelque fois (la relation frère-sœur, la fin pompeuse…), le trio de jeunes acteurs est un petit régal : d'abord le jeune Omri Katz à la case héros, animant la série "Marshall et Simon" à la belle époque (la meilleure série fantastique pour gamin qui ait jamais existé, c'est dit !!) ; la splendide (et je pèse mes mots !) Vinessa Shaw, prochainement dans le remake de "la colline a des yeux" version Aja ; et la toute jeunette Thora Birch, enchaînant à présent les réussites cinématographiques telles que "The hole" ou "American Beauty". Pas de tête à claques, ça rassure !
Chat noir (très bavard), zombie, potion magique, fête d'Halloween, balais volants… L'imagerie fantastique propre à ladite fête d'Halloween est admirablement servie aux spectateurs, avec une imposante touche d'humour ! Les trois sorcières ne connaissant pas notre monde, elles accumulent catastrophes et attaques surprises en tout genre pour supprimer ce trio de jeunes humains aussi vaillants que curieux. L'intrigue s'en retrouve parfaitement soutenue (la fin précipitée…qui n'en est pas une !!), guidée par quelques trouvailles parfois galvaudées (les balais dits modernes, ou comment utiliser une serpillière ou un aspirateur pour voler !!), et parfois drôles (un faux diable invitant les sorcières chez lui, la berceuse ensorcelante, le sel utilisé contre les sorcières, le grimoire vivant, le faux policier…).
Meilleurs moments du film : les apparitions de Billy le zombie, copie cadavérique de "Edward aux mains d'argent" et véritable cadavre dégingandé et décharné interprété par le toujours étonnant Doug Jones (qui fut dernièrement Abe Sapien dans "hellboy") et la chansonnette de la plus jeune des trois sœurs, mélodie poétique et mélancolique qui brise merveilleusement le ton du film.
Spectacle tout public parfaitement optimisé pour les belles soirées d'Halloween, "Hocus Pocus : les trois sorcières" prouve avec malice que Disney sait y faire assez simplement avec le fantastique…