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Ganja & Hess | Ganja & Hess | 1973
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Ganja & Hess | Ganja & Hess | 1973
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Ganja & Hess

Ganja & Hess

Alors qu’il fait des recherches sur un peuple africain antique, l’anthropologue Dr Hess Green est frappé d’un coup de dague de cérémonie par son nouvel assistant qui se suicide peu après. Hess se découvre alors une addiction au sang humain. Lorsque Ganja, la femme de l’assistant, arrive chez lui, elle trouve le corps et entame avec le Dr Hess une étrange relation de mort, de sang et de douceur lascive...

Ganja & Hess | Ganja & Hess | 1973

L'AVIS :

Le succès de "Shaft" et "Sweet Sweetback's Baadassss Song" en 1971 lance le mouvement de la Blaxploitation, des films réalisés par des noirs, avec des acteurs noirs et pour les noirs. Si les polars et les films d'action représentent la grosse majorité des titres de Blaxploitation produits dans les années 70, le cinéma fantastique n'échappera pas à la vague, avec notamment l'incroyable succès de "Blacula, le Vampire Noir" en 1972. Des producteurs demandèrent à Bill Gunn, un nouveau metteur en scène qui n'a qu'un film à son actif pour le moment, mais qui est plus connu pour son travail en tant que scénariste, d'écrire et de réaliser un autre film de vampire. Ce sera donc Ganja & Hess, tourné en 1973, et qui à la particularité d'avoir l'acteur Duane Jones au générique pour interpréter le personnage du docteur Hess Green. Un acteur devenu célèbre grâce à son interprétation de Ben dans "La Nuit des Morts Vivants" de George A. Romero en 1968 bien sûr.

Bill Gunn écrit donc une histoire de vampire noir assez classique, qu'il présente à la production. Mais il a une autre idée en tête et détournera son scénario pour réaliser le film qu'il veut vraiment faire, sans prévenir ses producteurs. Si Ganja & Hess est bien un film de vampire, jamais ce mot ne sera prononcé dans le film. 22 ans avant The Addiction d'Abel Ferrara, Bill Gunn détourne déjà le mythe vampirique pour en faire une pathologie, ce qui sera également le cas de George A. Romero avec son Martin réalisé en 1977, et qui entretient pas mal de point commun avec Ganja & Hess d'ailleurs. Il est important de préciser que ce film de Bill Gunn est une oeuvre singulière, atypique, déstabilisante, et qui se montre assez hermétique de prime abord. C'est un film à la limite de l'expérimental, qui nécessite une vision exigeante pour en décrypter quelques clés de compréhension. Ce qui ne sera pas chose aisée de toute façon, le film méritant diverses visions pour comprendre là où a voulu en venir son réalisateur, qui a retiré de lui-même des plans ou des séquences par trop explicatives, préférant laisser le soin au spectateur de comprendre, d'analyser les images proposées et leur signification par lui-même. On peut comprendre la réaction des producteurs à la vision du film, bien éloigné du rendu auquel il avait pensé ! Ils ont tellement été abasourdi par le résultat final, qui n'était pas très vendeur, qu'ils ont engagé un nouveau monteur pour tenter de ressortir le film avec plus de trente minutes en moins (le montage original dure 1h52), ce nouveau montage cut de 78 minutes étant connu sous le titre de Blood Couple et a la particularité d'avoir utilisé des rushs non retenus par Bill Gunn qui apporte des éclaircissements à l'intrigue.

Une intrigue des plus curieuses en effet, qui laissera pas mal de spectateurs sur le carreau à la première vision, si tant est qu'ils aient envie de revoir le film une seconde fois, ce qui n'est pas certain. Dommage pour eux. Sur un rythme particulièrement lent, contemplatif, Duane Jones, frappé par trois fois par une dague africaine qui contient un poison rendant dépendant au sang humain, va arpenter les rues de New York et de Brooklyn à la recherche de sang frais, non pas par désir mais par besoin. Un protagoniste plus victime que prédateur donc, et qui va devoir faire face à une terrible dualité en son for intérieur, sa chrétienté étant mise à rude épreuve avec ce nouvel aspect vampirique non désiré de sa personnalité. L'apparition de Ganja, interprétée par Marlene Clark, va compliquer encore plus les choses, cette dernière devenant petit à petit le personnage principal de l'histoire.

Sa relation avec le docteur Hess Green va aller crescendo et prendre une tournure pas si inattendue mais originale dans son inversion du rapport de force. Certaines images font sensations, et la bande sonore est très travaillée. Reste que le côté arty, voire même cinéma d'auteur, reste omniprésent et qu'on ne sait pas trop comment réagir devant un tel ovni cinématographique. Même l'aspect Blaxploitation est pris à contre-courant et on est loin des films avec Pam Grier par exemple. Ganja & Hess est une expérience visuelle et sonore vraiment à part, pas facile d'accès, psychédélique, horrifique, érotique, et dont l'aura de film culte attisera la curiosité du cinéphile aguerri, toujours prompt à découvrir des œuvres qui refusent la facilité. Ganja & Hess en est assurément une ! A noter que Spike Lee a fait un remake du film de Bill Gunn en 2014, avec Da Sweet Blood of Jesus.

Ganja & Hess | Ganja & Hess | 1973
Ganja & Hess | Ganja & Hess | 1973
Ganja & Hess | Ganja & Hess | 1973

* Disponible en combo DVD + BR chez CAPRICCI
Superbe édition de ce film méconnu, proposé en DVD et en Blu-Ray (VOSTF uniquement). Outre un livret de 16 pages, on trouve en bonus le documentaire Ganja & Hess, Blood of the Thing (29 min.), une superbe étude de Jean-Baptiste Thoret en deux parties qui éclaircie bien des points obscures et donne envie de retourner dans l'univers de Bill Gunn, ainsi qu'un module sur la musique du film.
https://capricci.fr/wordpress/product/ganja-hess/

Bande-annonce
Note
3
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Stéphane Erbisti