L'AVIS:

Le collectif RKSS formé au milieu des années 2000 a connu ces dernières années de jolis succès en festivals avec le très bon "Turbo kid" et le très Eighties "Summer of 84" (dont vous pouvez lire les critiques sur le site en cliquant sur les titres ci-avant).
Notre trio composé de François Simard, Anouk Whissell et Yoann-Karl Whissell décident ensuite d’adapter la bande dessinée "We are zombies" (dont vous pouvez lire là aussi la critique sur le site) qui nous place en 2064 à Los Angeles, dans un Monde où les humains cohabitent avec des zombies non cannibales (et donc inoffensifs).

Doté d’une longueur relativement courte (1h20 environ), "We are zombies (the movie)" se suit sans aucun réel temps mort, l’action et les péripéties étant à l’ordre du jour de cette petite production franco-canadienne. L’histoire qui nous est racontée ici tient la route malgré son aspect très manichéen et surtout très simpliste et semble plutôt bien correspondre au matériau d’origine à quelques sorties de route près à en croire l’écrit de Stéphane sur la bande dessinée présent sur le site (n’ayant pas parcouru la BD je ne ferai aucun parallèle avec celle-ci).

Alors oui, il est vrai que nous aurions préféré en savoir plus sur ce qui est arrivé à notre Monde pour que des zombies se retrouvent en parfaite cohabitation avec les humains en bonne santé. Ces morts-vivants non agressifs ont de quoi susciter beaucoup d’interrogations mais le scénario demeure peu bavard sur le sujet - pour ne pas dire basique - préférant se focaliser sur les interactions entre notre trio de petits voyous et les truands de ce Monde quelque peu chamboulé, le tout saupoudré de gags plus ou moins bons il faut bien le reconnaître.
La satire politique et sociétale est bien présente dans le récit (les zombies représentent une partie de la classe moyenne voire pauvre au vu de leurs fonctions non directives dans la société comme caissier ou encore commis de cuisine quand ces derniers ne sont pas à la rue en train de mendier) mais demeure trop peu exploitée par exemple et c’est bien dommage (à ce titre, nous préférerons par exemple des films comme "Zombies anonymous" ou "Fido" dans lesquels les zombies aussi faisaient partie du paysage de notre société).

L’humour est en tout cas, une fois de plus après "Turbo kid", fortement mis en avant dans ce nouveau film qui, quand on y pense, a beaucoup de qualités (humour, gore, grandguignolesque) et de défauts (scénario trop simpliste) en commun avec son aîné.
Ici rien n’est pris au sérieux, le récit fait dans l’absurde et parfois, dans ce contexte humoristique si particulier, les gags tombent à plat et sont limite un peu lourdingues car répétitifs (le gros qui joue le catcheur en est le parfait exemple), bien que dans l’ensemble cela fonctionne plutôt bien soyons honnêtes.

Bien que très stéréotypés (la geek, le nerd, le gros costaud un peu idiot, le vilain méchant, le magnat de la mode efféminé…), les personnages sont hauts en couleurs pour une bonne partie d'entre eux et amusent la galerie au détour de quelques gags plus ou moins convaincants comme déjà dit plus haut.

Mais comme dans "Turbo kid", l’un des points forts de ce "We are zombies (the movie)" est son lot de SFX à l’ancienne et ses maquillages de qualité. Alors certes certains effets spéciaux sont parfois cheaps mais bien saignants et old school ! On retiendra notamment dans les grands moments « hémoglobiniens » (je l’ai inventé celui-là) un zombie coincé dans une roue de voiture qui l’a réduit en charpie, quelques décapitations bienvenues, une éventration (qui rappelle, entre autres clins d’œil parsemés dans le film, celle dans le final de "Le jour des morts-vivants" de Romero mais en moins explicite) et des effusions de sang.

L’esthétisme et la qualité de la réalisation sont des atouts à "We are zombies (the movie)", avec ses décors et ses zombies réalistes qui nous plongent sans grand problème dans ce futur proche apocalyptique.

Au final, ce nouveau film du collectif RKSS est une fois de plus un bon petit moment de cinéma sans prise de tête. Et même si une fois de plus le scénario n’est pas des plus élaborés et l’humour des plus subtils, son ambiance générale, son rythme soutenu, ses personnages délirants et son esthétisme soigné en font un sympathique métrage recommandable.