Affiche française
VOYAGE DE LA PEUR - LE | THE HITCH-HIKER | 1953
Affiche originale
VOYAGE DE LA PEUR - LE | THE HITCH-HIKER | 1953
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Voyage de la peur - le

The hitch-hiker

Deux amis en balade ayant dit à leurs moitiés qu'ils partaient à la pêche, révisent au dernier moment leur itinéraire pour se rendre au Mexique afin d'aller faire la tournée des bars et pourquoi pas lier connaissance avec des femmes de petite vertu. Bien mal leur en prend. En effet, c'est à ce moment là qu'ils croisent la route de Myers (tient, déjà vu quelque part ce nom !), un autostoppeur qui s'avère être en réalité un dangereux sociopathe recherché par la police et qui souhaite se rendre à la frontière mexicaine à bord de leur véhicule. Pris en otages par le tueur en série, nos deux compères commencent ainsi leur voyage de la peur. Arriveront-ils vivants à destination ?

VOYAGE DE LA PEUR - LE | THE HITCH-HIKER | 1953

Cet ancêtre de "The hitcher" tourné en noir et blanc, est en quelque sorte la description réaliste de ce qui pourrait arriver à des gens ordinaires qui font soudain face à d'extraordinaires événements. C'est d'autant plus ancré dans la réalité que le scénario est inspiré de l'histoire vraie de William Edward Cook, un vagabond qui tua des gens l'ayant pris en stop dans le sud-ouest des Etats-Unis durant les années cinquante.

On suit ainsi les principaux protagonistes séquestrés dans leur voiture à travers cette odyssée tragique au beau milieu d'un hostile mais très beau désert pendant que Myers fuit les autorités encore et toujours. Alors que nos deux acolytes deviennent de plus en plus terrifiés en pensant à l'issue dramatique pouvant conclure leur voyage, le psychopathe prend progressivement l'ascendant psychologique sur eux tout en les martyrisant. Pour exemple : il force un des deux compagnons à tirer dans le verre que son ami tient dans la main. Quelle perversité !

William Talman, à l'instar de Rutger Hauer dans "The hitcher" porte tout le film sur ses larges épaules. Sa performance de sociopathe est mémorable tant il est crédible et son faciès terrifiant, notamment la nuit alors qu'il ne dort que d'un œil ce qui le fait ressembler à un être démoniaque. Pourtant, au premier abord il pourrait faire penser à "monsieur tout le monde" ! Mais ceci uniquement avant qu'il ne pénètre dans l'habitacle de votre voiture…

Cela étant, les acteurs interprétant les captifs jouent également très bien leur rôle si bien qu'on a du mal à les imaginer autrement qu'en mécanicien ou dessinateur industriel, professions qu'ils exercent dans le métrage. Ce sont deux hommes mariés respectables qui ne prennent pas trop de risques pour ne pas mettre en péril leur train-train quotidien et dès qu'ils commettent un écart, à savoir leur escapade, ils sont pris en otages par un homme des plus dangereux. Ainsi, Myers, homme libre et prédateur trouve en eux deux proies faciles avec lesquelles il joue à des jeux sadiques tel un chat avec une souris. Ce qui maintient nos deux compagnons en vie, c'est leur amitié et leur solidarité qui en font un peu des siamois au comportement quasi similaire et surtout le fait que Myers ait besoin d'eux pour le mener jusqu'à la frontière mexicaine.

Ce film noir est l'un des premiers thrillers de série B à avoir été réalisé par une femme, Ida Lupino, réalisatrice et actrice, ce qui dans les années cinquante, était un véritable tour de force. Sa vision est forcément différente des grands réalisateurs de cette époque car moins machiste et mâtinée d'un peu plus de sentiments. Toutefois, son cinéma néo-réaliste touche toutes les classes sociales et ce film-ci s'apparente à un western moderne où le gigantesque désert impersonnel remplacerait la ville lambda des cow-boys d'antan et où les larges voitures tiendraient lieu et place des chevaux de naguère.

De plus, ce long métrage tout en gardant tout de même le style pseudo documentaire de l'époque, commence avec un rapide aperçu des meurtres commis par Myers, un autostoppeur fou qui tue tous ceux l'ayant pris à bord de leur véhicule, puis la caméra s'arrête sur son visage tout à fait anonyme et quelconque personnifiant ainsi la Mort avec son grand manteau de cuir noir. On a quand même vu pire comme introduction !

La photographie de Nicolas Musuraca est également un plus car avec lui, le noir est omniprésent et pèse comme une menace tandis que le désert est rendu oppressant, hostile et instille un sentiment de claustrophobie alors que l'on est en plein air ! Tout cela ne faisant que renforcer l'état de paranoïa dans lequel les deux captifs tombent petit à petit.

Mais l'atout majeur du film réside dans le fait que notre méchant de service ne peut physiquement fermer l'œil droit à cause d'une paralysie nerveuse de ce côté-ci du visage. Ce qui rend les scènes de nuit au bord du feu de camp improvisé très jouissives ! Les otages ne peuvent ainsi jamais savoir si leur kidnappeur est oui ou non réveillé et sont de fait dissuadés de toute tentative d'évasion. Quelle ingéniosité scénaristique !

Alors certes, on pourra dire que le cinéma des années 50 a vieilli car pas assez dynamique et trop théâtral, mais bon, dans l'ensemble ce film contient tout de même certains éléments qui en font un spectacle tout à fait divertissant. Qui plus est, c'est l'œuvre d'une femme, ce qui est plutôt rare dans le genre pour ne pas être signalé. Alors qu'attendez-vous pour vous le procurer ?

VOYAGE DE LA PEUR - LE | THE HITCH-HIKER | 1953
VOYAGE DE LA PEUR - LE | THE HITCH-HIKER | 1953
VOYAGE DE LA PEUR - LE | THE HITCH-HIKER | 1953
Note
3
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Vincent Duménil