Affiche française
VERTIGE | VERTIGE | 2009
Affiche originale
VERTIGE | VERTIGE | 2009
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Vertige

Vertige

Adeptes de randonnées, Karine et Fred décident de se lancer dans une via ferrata, une voie d’escalade en pleine montagne. Les deux amoureux vont alors faire appel à leurs amis Chloé, Guillaume et Loïc pour les accompagner en Croatie, lieu choisi pour cette escapade en communion avec Dame Nature.

Même si ces trois derniers sont moins férus d’escalade que leur couple d’amis, ils acceptent volontiers cette invitation dans l’Europe de l’Est et vont se lancer dans cette périlleuse ascension de montagnes. Une escapade d’autant plus difficile que nos cinq amis, une fois sur place, vont ignorer le panneau indiquant que la via ferrata est fermée pour on ne sait quelle raison...

Très vite, l’avertissement de ce panneau en début de parcours va prendre tout son sens : matériel défectueux, infrastructures fragilisées... Nos valeureux escaladeurs vont rapidement se mettre en danger dans les hauteurs des montagnes croates. Et comme si tous ces soucis ne suffisaient pas, ils vont s’apercevoir qu’ils ne sont pas seuls dans le secteur : une menace rôde et s’attaque aux randonneurs qui ont le malheur de passer par là.

VERTIGE | VERTIGE | 2009

Après une poignée de courts-métrages, divers film publicitaires et quelques sketches pour Les Guignols De L’Info, Abel Ferry réalise en 2009 son premier long-métrage intitulé initialement "ferrata" mais qui deviendra finalement "vertige". Alors que le film d’Abel Ferry est un survival d’honnête facture, comme nous allons le voir dans les quelques paragraphes qui suivront, celui-ci ne restera cependant pas dans les mémoires de nombreux fans de cinéma fantastique... Une erreur peut-être que nous nous devions de réparer en partie sur Horreur.com par le biais de cette chronique.

Né en Haute-Savoie et passionné de via ferrata et d’escalade, c’est avec une certaine logique que deux producteurs ont fait appel en Janvier 2007 à Abel Ferry pour réaliser un survival dont l’action se déroule en montagne.
Alors quand notre savoyard leur parla d’un tournage possible sans trucages et sans doublures dans le but de plonger le spectateur dans l’action, nos deux producteurs n’ont pas hésité bien longtemps pour le choisir comme réalisateur de leur projet.

Tourné dans des conditions difficiles (budget limité, durée de tournage très restreinte, préparation tardive, travail avec 150m de vide sous les pieds, sans oublier les conditions climatiques telles que le froid glacial, des nuits sous la pluie à 2°C ou encore des tempêtes de neige), « vertige » est né dans cette nouvelle vague de films de genre français qui a vu émerger des "haute tension", "frontière(s)", "ils", "mutants" ou encore "à l’intérieur". L’occasion pour notre réalisateur fan du cinéma de John Carpenter, Peter Jackson, Steven Spielberg et James Cameron (rien que ça !) de laisser une trace de lui dans cette nouvelle épopée du cinéma fantastique hexagonal.

De par son scénario, nous pourrions rapprocher sans grande hésitation "vertige" de l’un des fers de lance du survival, j’ai nommé "délivrance". En effet, comme le long-métrage culte de John Boorman, notre film français dont il est question ici va mettre la Nature au centre du projet.
Abel Ferry dira en interview « je voulais un film sauvage et réaliste ». Cela a été permis par ce tournage très physique expliqué juste avant (sans doublures et sans trucages comme promis aux producteurs) qui devait obliger les acteurs(trices) à se donner à fond pour lutter contre Dame Nature, véritable protagoniste dans « vertige » et principale menace tout au long de la première partie du film.

Car c’est bien cela qui distingue tant "vertige" des autres survivals, souvent plus classiques et se focalisant essentiellement sur une seule menace qu’est l’Homme. Ici, nos protagonistes sont en proie à divers dangers, ce qui rend le film d’autant plus palpitant et dynamique.
Une dynamique née notamment durant la réécriture du scénario durant laquelle Abel Ferry a pris le parti d’orienter "vertige" vers l’action et l’aventure pour rendre le projet encore plus haletant, plus prenant pour le spectateur qui va alors s’immerger totalement dans cette histoire aux nombreuses péripéties.

La Nature tout d’abord, imprévisible et dangereuse, s’avère être la première menace pour notre groupe d’escaladeurs plus ou moins professionnels.
Tourné dans de magnifiques décors naturels en Savoie et aux Pyrénées Orientales, immenses maps tout en verticalité renforçant ce sentiment d’insécurité et de solitude, « vertige » justifie pleinement son titre par le biais de cadrages parfaits et de séquences réellement angoissantes (que faire quand tu te retrouves coincé avec 150m de vide en-dessous de toi, retenu par de simples mousquetons et incapable d’avancer plus loin car la piste s’arrête soudainement là faute de matériel ?) Impuissants face aux agissements de Dame Nature, certains de nos protagonistes, stressés et désorientés, vont devoir combattre leurs peurs pour s’en sortir !

Mais tout ceci est sans compter la menace humaine qui n’est pas en reste également ici. En effet, outre les dangers que représente déjà la capricieuse Dame Nature, l’Homme lui-même (celui qui n’hésite pas à prendre des risques malgré les avertissements, celui qui se bat contre ses vieux démons ou celui qui est animé d’une jalousie des plus maladives) est un réel danger pour lui et son entourage.
Naitrons dans la première partie du film des tensions entre certains protagonistes, principalement dues à des erreurs de jugement (persuadé qu’ils sont suffisamment robustes et expérimentés, Fred va enfreindre les consignes de sécurité et mener ses amis sur une via ferrata visiblement pas suffisamment entretenue/contrôlée : une passerelle de 82m de long fragilisée par le poids des années, un chemin certes creusé dans la falaise mais aux câblages usés par le temps…), de vieux démons refaisant surface (se retrouver face au nouveau compagnon de son ex que l’on aime encore…), de la jalousie (Guillaume, l’ex petit-ami de Chloé, est un beau gosse sportif au grand damne de Loïc, le nouveau compagnon de la jeune femme) et des sentiments d’infériorité (le professionnel qui se moque gentiment de son ami légèrement à la traîne et qui accélère le pas alors que les autres peinent, surestimant leurs capacités).
Des relations donc très fragiles entre certains protagonistes qui ne vont faire que se compliquer au fil des évènements, Dame Nature ne leur facilitant pas la tâche bien au contraire…

Et s’il n’y avait que cela! Hé bien non, comme tout bon survival teinté de cinéma de genre qui se respecte, un malade ne traîne pas bien loin dans ces massifs rocailleux et va rapidement devenir la principale menace pour notre groupe d’amis dans la deuxième partie de notre histoire.

Une deuxième partie de film d’ailleurs nettement vue à la baisse, le classicisme reprenant ses droits pourrions-nous dire. Exit les falaises vertigineuses, les recherches désespérées de points d’appui contre les rochers à 150m d’altitude ou encore les méfiances vis-à-vis des installations de cette via ferrata quelque peu vétuste, nous voici à présent sur le plat, en pleine forêt, aux prises avec un énergumène des plus antipathiques.
Véritable bête sauvage, ce dernier va traquer nos malheureux alpinistes en herbe pour leur faire payer cher le fait de traverser son territoire.
Rien de bien nouveau dans cette seconde partie de "vertige" où l’ensemble des ingrédients semblent réunis pour nous ramener à un survival des plus banals dans lequel la menace humaine prend le relais devant une Dame Nature visiblement épuisée : la vieille bâtisse, sa cave lugubre à souhait et ses corps mutilés retrouvés un peu partout, un taré avec qui il semble bien difficile d’en découdre (les scènes de bagarre au sol, fort bien réalisées, en sont d’ailleurs un bon exemple), des courses-poursuites dans la forêt… Toutefois, même si l’on s’écarte des bonnes idées de départ qui ont fait l’originalité du film d’Abel Ferry, on ne peut reprocher à cette seconde partie de ne pas rester pour autant captivante et haletante.

Petit aparté concernant les effets spéciaux. En raison d’un budget restreint et du désire du réalisateur de coller le plus possible à la réalité, ces derniers sont très peu présents et les « quelques » effets numériques utilisés consistent essentiellement à effacer par exemple les câblages retenant les acteurs(trices). Exit donc les scènes goresques et autres mutilations diverses et variées car rien de tout cela ne sera montré à l’écran.

Au final, "vertige" est un fort honnête survival mâtiné d’aventure, comme le fut par exemple "délivrance". A l’instar du film de John Boorman, il est indéniable que la Nature a ici une place de choix : véritable protagoniste, cette dernière mettra notre groupe d’amis à rude épreuve dans des séquences réalistes, aux cadrages judicieusement choisis et à la verticalité des plus angoissantes.
En raison de cette première partie réussie et fort innovante (où distorsion entre les protagonistes, usure du matériel d’alpinisme et conditions naturelles difficiles viennent s’entremêler pour donner lieu à de bonnes grosses doses de stress et d’adrénaline), nous pardonnerons volontiers cette seconde partie de long-métrage bien moins originale mais cependant toujours aussi rythmée (d’autant plus que le casting tient fort bien la route).
Un film à voir !

VERTIGE | VERTIGE | 2009
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N.B. : Merci à « L’Ecran Fantastique » pour l’interview qu’ils avaient faite avec Abel Ferry et dont j’ai puisé quelques éléments pour situer le contexte du tournage en début de chronique.

Bande-annonce
Note
4
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David Maurice