Affiche française
SYNDROME DE STENDHAL-LE | LA SINDROME DI STENDHAL | 1996
Affiche originale
SYNDROME DE STENDHAL-LE | LA SINDROME DI STENDHAL | 1996
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Syndrome de stendhal-le

La sindrome di stendhal

Anna Manni, flic à la brigade antiviol, se rend au musée des Offices à Florence, dans le secret espoir d'y trouver un redoutable violeur. Fascinée par les œuvres d'art qui l'entourent, la jeune femme finit par s'évanouir. Elle apprend ainsi qu'elle souffre du syndrome de Stendhal, un mal consistant à donner l'impression que certaines œuvres d'art sont vivantes. Profitant de la situation, le violeur agresse Anna et la viole. Traumatisée, elle suit une psychothérapie, avec la sensation d'être toujours épiée par son agresseur.

SYNDROME DE STENDHAL-LE | LA SINDROME DI STENDHAL | 1996

A la fin des années 90, pour beaucoup de monde, Dario Argento est considéré comme un artiste sur le déclin. Après l'expérience américaine peu concluante ("Trauma") et l'échec sans appel du "Fantôme de l'opéra", le maestro avait besoin d'un second souffle. Si, sur le plan de la réussite au box-office, il ne le trouvera pas avec "Le syndrome de Stendhal" [le film connaîtra une sortie injustifiée en direct to vidéo en France], son dernier film du vingtième siècle est un petit bijou. Ni giallo, ni film d'horreur pur, son histoire nous entraîne dans une enquête policière, tout en se concentrant sur les problèmes psychologiques d'Anna Manni. Un film d'Argento teinté de névroses? Pas une première, mais rarement poussée à l'extrême comme c'est le cas ici.

Dès les premières images, nous voyons Anna, interprétée avec conviction par Asia Argento -qui y trouve à ce jour son meilleur rôle- qui se rend au musée des Offices. Une indication comme quoi c'est le personnage central d'une intrigue aux forts relents psychologiques. Mais, ce serait méconnaître Argento père que de s'imaginer qu'il ait pu renoncer à son style fait de stylisation et de violence graphique. Côté stylisation, le réalisateur s'essaie à quelques innovations avec un bonheur variable -il faut bien le reconnaître- (cachet dans la gorge, balle qui traverse une tête, tableau qui disparaît ou qui fait pénétrer le spectateur dans une autre réalité). En ce qui concerne la violence graphique, le fan de la première heure peut y trouver son compte (tête trouée, énucléation…). Le travail fait par Franco Casagni ("Opera") y est bluffant de réalisme.
Les rapports entre le violeur/tueur et Anna confinent à une relation des plus étranges. L'agresseur n'ayant de cesse de blesser Anna (sans la tuer) afin que lors des scènes où il la viole, son sang se mélange au sien. Eros et Thanatos, un mélange des plus morbides mais qui fonctionne encore une fois.

Rares sont les films de Dario Argento qui sont suffisamment charpentés sur le plan scénaristique. D'où une heureuse surprise que ce "Syndrome de Stendhal", qui s'appuie sur des études psychiatriques sérieuses pour ce mal mystérieux décrit par l'auteur du "Rouge et le Noir" au début du XIXème siècle. En effet, des œuvres d'art exerceraient une telle fascination chez certaines personnes, qu'elles en perdent tous leurs moyens, et ont l'impression que les œuvres sont vivantes. C'est donc de ce mal que souffre notre héroïne, la rendant plus fragile.

L'Art (qui a toujours eu un rôle majeur chez Argento) se retrouve du coup au cœur de l'intrigue, comme un personnage principal. Dès les premières minutes, nous voyons différentes statues lorsqu'Anna traverse Florence (la ville berceau de la Renaissance!). Par la suite, les œuvres d'art ne quitteront plus l'univers de la jeune femme, perturbée à chaque fois qu'elle s'en approche. Ce qui ne l'empêchera pas de tomber amoureuse d'un étudiant dans les Beaux Arts. Un paradoxe? Pas tout à fait car trouvant une conclusion logique dans le dénouement, qu'il serait fort dommage de révéler ici.


Bénéficiant d'une scénario sans failles, "Le syndrome de Stendhal" n'a rien à envier aux œuvres maîtresses du maître ("Les frissons de l'angoisse", "Suspiria", "Inferno"). Sous-estimé lors de sa sortie, ce thriller mérite d'être réévalué. Sortant du genre giallo, Dario Argento a alors le souci de faire évoluer le thriller transalpin. Malheureusement, cette tentative de renouveau restera sans suite. Le réalisateur revenant à des codes plus classiques, pour le meilleur avec "Le sang des innocents" et pour le pire avec "Card Player".

SYNDROME DE STENDHAL-LE | LA SINDROME DI STENDHAL | 1996
SYNDROME DE STENDHAL-LE | LA SINDROME DI STENDHAL | 1996
SYNDROME DE STENDHAL-LE | LA SINDROME DI STENDHAL | 1996
Note
5
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Gérald Giacomini