Soeurs de glace

Decoys

Deux jolies blondes débarquent sur le campus de Saint John au Canada. Sexy et allumeuses, celles-ci vont très rapidement se faire remarquer, plus particulièrement par deux amis, Luke et Roger, bien décidés à perdre enfin leur virginité.
Mais Luke va, par hasard, découvrir que ces deux superbes créatures sont en réalité des extraterrestres. Le jeune homme est persuadé de ce qu'il a vu : dépourvues de nombril, elles possèdent à la place un petit orifice en dessous des seins d'où peuvent jaillir des tentacules! Des révélations qui ne sont ni du goût de la police qui le prend rapidement pour un simplet, ni de celui de ses amis qui préfèrent se moquer de ses dires plutôt que de croire en de pareilles sottises.
Mais voilà, depuis l'arrivée des deux jolies étudiantes sur le campus, plusieurs personnes sont retrouvées mortes, littéralement congelées de l'intérieur. Y aurait-il un lien entre les deux filles et ces meurtres pour le moins inquiétants et inexplicables?

SOEURS DE GLACE | DECOYS | 2004

Sorti dans le plus grand incognito, "sœurs de glace" est un film d'extraterrestres réalisé par un certain Matt Hastings, une personne réputée dans le milieu du petit écran, principalement dans les séries télévisées. Une incursion dans la science-fiction sur grand écran qui ne laissera cependant pas de marque chez nous, malgré toutefois une présentation au festival Fantastic'Arts de Gérardmer en 2005. En effet, malgré que "decoys" (son titre original) soit pourvu de quelques qualités indéniables, le film de Matt Hastings demeure très banal en soi et s'adresse plus volontiers à des adolescents qu'à un public plus large et bien souvent plus exigeant. Mais trêve de bavardage, analysons ensemble ce film canadien sans prétention et voyons ce qu'il a à nous proposer.

Soyons francs dès le départ, l'histoire est très banale et n'apporte que très peu de nouveautés dans le domaine de la science-fiction et plus particulièrement des films d'extraterrestres. Le scénario, peu accrocheur, nous plonge dans le quotidien de deux jeunes étudiants qui vont rencontrer deux jolies filles de leur âge qui s'avèrent être des extraterrestres selon les dires de l'un des deux jeunes hommes que personne ne veut croire. Très créatif ce scénario n'est-il pas? La seule particularité se démarquant du reste de l'histoire réside dans les circonstances dans lesquelles sont assassinées les victimes : celles-ci gèlent sur place mais de l'intérieur! Une idée ma fois intéressante et qui ne demande qu'à être exploitée.

Cependant voilà, nous avons là un parfait hybride de "la mutante", "the faculty" et… "amercian pie". En effet, l'ambiance très teenager est omniprésente tout au long des deux premiers tiers du film : adolescents crétins ne pensant qu'à forniquer et à engloutir des litres de bières et autres alcools, jolies filles sexy trémoussant leurs fesses devant la caméra, sans oublier les indétrônables teufs (l'occasion de voir des véritables chiens en chaleur à l'affût de la moindre petite culotte ou morceau de string qui pourrait dépasser d'un pantalon taille basse porté par l'une des nombreuses futures bimbos invitées à la soirée), le très american clan Beta Omega où de jeunes filles se prennent pour des reines de beauté avec leurs deux-trois neurones qui se battent en duel. Mélangez tous ces ingrédients relatifs aux teenage movies, saupoudrez de quelques dialogues puérils tournant autour du sexe, puis de caresses plus ou moins langoureuses entre filles (histoire d'exciter, voire de dessaouler, les quelques jeunes hommes présents dans le coin) et assaisonnez le tout avec de la musique new wave (plus particulièrement du néo-punk façon The Offspring, Sum41 ou Blink182) et vous obtenez là un résultat parfaitement exploitable pour un teen movie mais réellement déstabilisant pour un film où l'on attendait, au vu de l'affiche du film (une tête immonde à deux faces, l'une humaine et l'autre extraterrestre, dans un décor forestier glacial) une histoire frissonnante et surtout sérieuse.

Le problème avec ce film, c'est que nous avons du mal à discerner ce que désirait réellement nous montrer le réalisateur par moments. Certains films comme "la main qui tue" ou "tale of vampires" montrent d'emblée que nous aurons droit à un film horrifique certes mais dont l'aspect comique viendra clairement se distinguer, alors que "sœurs de glace" semble vouloir jouer sur les deux tableaux sans véritablement trouver un équilibre.
Il semble en effet assez clair que Matt Hastings désirait mélanger l'aspect humoristique et l'aspect horrifique dans son film (il suffit de voir l'intro du film pour s'en rendre compte : un jeune homme découvre deux cadavres dans un salon et tout à coup s'écrie comme un gamin : le ton est donné!) mais certains passages paraitront ridicules aux yeux de beaucoup d'entre nous alors qu'au fond nous avons l'impression qu'ils étaient destinés à être pris au sérieux (je pense à ce passage incroyablement con, excusez le manque de politesse mais soyons francs, où notre héros, un jeune écervelé, s'écrit sans la moindre expression faciale et avec un ton presque neutre : "j'essaye de sauver l'humanité et personne ne veut me croire!").
En tout cas, même si le but du réalisateur était de faire un film de genre ne se prenant pas au sérieux (comme ceux cités plus haut) alors le pari n'est pour moi pas réussi car nous sommes plus affligés devant certains passages que morts de rire (nous voici donc face à une comédie fantastique poussive qui peine à remplir son contrat en termes d'humour comme l'étaient déjà entre autres les affligeants "scary movie 4" et "scary scream movie"). Cette comédie horrifique n'atteint pas selon moi son objectif, le film s'enlisant dans cette ambiance puérile où les séquences humoristiques ratées (ne prêtant même pas à sourire) montrent rapidement les limites de notre réalisateur à vouloir faire rire (retenons pour finir cette scène où des filles font des numéros de cirque sous une musique festive : l'une est habillée en majorette, une autre joue les ventriloques… du grand n'importe quoi dont le but encore une fois semblait de faire rire le public).

Voyons de plus près les acteurs du film. Ne tournons pas autour du pot : la plupart sont issus de castings ouverts au grand public et seuls quelques uns ont déjà joué dans des séries télévisées. Ce que l'on peut en tout cas dire, c'est que "sœurs de glace" nous montre là un casting ultra stéréotypé (le genre de stéréotype que l'on retrouve dans les teenage movies d'ailleurs) : des blondes allumeuses dont la plupart sont très nunuches, des héros qui ne désirent que perdre leur virginité, une fort jolie jeune fille discrète et amoureuse d'un jeune homme qui ne se doute de rien… Rien de bien neuf à se mettre sous la dent.
Commençons par le rôle principal, celui de Luke : un jeune étudiant encore puceau aux attitudes plus qu'inquiétantes quand il se retrouve face à de jolies demoiselles (il devient tout fou-fou en sentant les rideaux de la chambre de celles-ci et perd sa langue quand il aperçoit un string). De manière caricaturale, nous avons là un acteur risible au possible, exécrable dans son jeu par moments, une sorte de prince charmant maladroit, influençable et terriblement bête (mais encore une fois, nous avons l'impression que beaucoup de ses apparitions ridicules sont en fait très sérieuses, chose vraiment inquiétante). Le summum de sa crétinerie sera dévoilée lors d'un passage où il se rend au poste de police pour expliquer qu'il a installé une caméra dans la douche des filles pour avoir la preuve qu'il s'agit d'extraterrestres (le seul passage réellement drôle avec cet acteur). En tout cas, ce qui est quand-même dingue dans ce film, c'est que notre cher Luke est toujours dans le coin quand une information supplémentaire sur l'identité des jeunes extraterrestres nous est révélée : à croire qu'il est toujours au bon endroit, au bon moment, pour percer les secrets qui le tourmentent! (très fort…).
A ses côtés, nous avons le super pote Roger, puceau également (tant qu'à faire, comme ça ils se sentent moins seuls et font chemin ensemble dans la quête de la petite culotte perdue), un jeune homme bien plus raisonné que son meilleur ami et qui ne souhaite qu'une seule chose : trouver le grand amour et ne sauter le pas qu'une fois la femme de sa vie trouvée (c'est d'un romantisme me direz-vous : peut-être mais quand vous voyez le lascar, amateur de magazines pornos et de bières, ça casse franchement le mythe).

Passés les acteurs, voyons les actrices. Nous avons tout d'abord les deux blondes, nouvelles arrivées sur le campus (qui sont en réalité de terribles extraterrestres! Oulàlà) qui vont rapidement faire tourner la tête de nos deux compères. Car aguicheuses, elles le sont vraiment : celles-ci nous font part de leurs jolies silhouettes et ne manquent pas une occasion de nous rappeler qu'elles sont de véritables tigresses à la recherche de proies faciles. En passant par des attitudes racoleuses (elles se trémoussent autour de nos deux fiers étudiants terriblement excités pour l'occasion) et des phrases plus que vulgaires (référence à cette scène où l'une d'elle suce une sucette avec la plus grande sensualité et lance à nos deux amis "désolé mais je fais un genre de fixation orale"), Constance et Lilly feront tout pour attirer Luke et Roger.
Outre ces quatre principaux acteurs, nous retrouvons également un autre pote à Luke et Roger du nom de Nathan, un jeune qui passe son temps à porter autour du cou son casque audio plus encombrant qu'autre chose. Enfin, notons la présence d'Alex, la meilleure amie de Luke : une jeune fille très jolie, discrète mais qui s'avèrera être une aide précieuse pour notre héros.

Ce qui sauve le film de la noyade demeure les effets spéciaux et les maquillages (même si l'on note toutefois des soucis numériques à certains moments mais bon…). Même si ceux-ci ne sont pas non plus exceptionnels, ils ont au moins le mérite d'apporter un peu de fraîcheur (c'est le cas de le dire) et d'entrain à l'histoire. Au programme, nous avons droit à des victimes plutôt bien rendues à l'écran : congelées, de couleur bleutée, laissant apparaitre une expression tétanisée (yeux et bouches grands ouverts, membres crispés…). Quelques séquences courtes mais sympathiques s'ajoutent également au scénario : un corps en train de geler de l'intérieur (avec, pour finir, une prise en glace des yeux et des larmes), une vision cauchemardesque de Luke où la bouche de Lilly se transforme en une mâchoire terrifiante se déployant telle une plante carnivore aux dents aiguisées (la meilleure scène du film mais attention elle ne dure que 2 secondes!), une scène où des espèces d'araignées mutantes sortent de la bouche de Roger… Enfin, sont dévoilées dans la troisième partie du film le véritable aspect physique de nos extraterrestres : monstres verts, sveltes et très agiles, ceux-ci sont plutôt bien réalisés et ne sont pas sans nous rappeler ceux de la saga de "la mutante".

Finissons comme bien souvent avec la musique du film. Teenage movie oblige (du moins en partie), nous avons droit à du neo-punk et du rock new wave mais également à quelques passages électro et quelques musiques festives lors des passages se déroulant lors de teufs.
Une bande originale qui ne s'arrête pas là étant donné que lors du moindre petit passage sexy ou intime, aussi court soit-il, on nous balance une musique mielleuse (c'en est vraiment lassant) sortie de derrière les fagots. Tantôt énergique, tantôt douce, la bande originale est très variée mais bien trop présente dans le film de Matt Hastings.

Au final, malgré une affiche aguicheuse, "sœur de glace" est un petit film sans grande prétention qui semble vouloir s'ajouter à la lignée des comédies horrifiques mais qui au final s'avère plutôt maladroite, les scènes censées être amusantes ne l'étant pas (ou très peu) tandis que d'autres censées (visiblement) être sérieuses sont ridicules. On a du mal à comprendre ce que désirait réellement faire Matt Hastings avec ce scénario mais en tout cas voilà bien une comédie horrifique qui tombe à l'eau. Restent toutefois des effets spéciaux sympathiques (malgré quelques soucis numériques à certains moments) et deux actrices ravissantes (Alex et Constance) : trop peu de critères positifs pour atteindre un niveau correct pour un film jouant dans un terrain déjà pratiqués par bon nombre de films à succès bien plus intelligents et réussis que ce pauvre "sœurs de glace".
Une bonne note toutefois pour finir positivement cette critique : le prix du dvd (moins de 10€). Merci à Free Dolphin qui pense à notre pouvoir d'achat…

SOEURS DE GLACE | DECOYS | 2004
SOEURS DE GLACE | DECOYS | 2004
SOEURS DE GLACE | DECOYS | 2004
Note
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David Maurice