Affiche française
SLAYER | SLAYER | 2007
Affiche originale
SLAYER | SLAYER | 2007
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Slayer

Slayer

Slayer, un long métrage qui ne plaira pas qu'aux métaleux.

Eric Carlson, un jeune étudiant, est témoin d'un meurtre sanglant dans les montagnes du Massachusetts. Il va alors être enlevé par un étrange groupe de jeunes hommes. Ne pouvant plus demeurer dans son ignorance, et courant de graves dangers, Eric est contraint de rallier l'équipe de nettoyage de la communauté.
En effet certains des membres s'avèrent être des vampires. Mais au fur et à mesure qu'Eric les côtoie, il apprend que le mythe romantique du vampire n'est que de la poudre aux yeux. Pas de canines acérées, pas d'immortalité, les gousses, croix et rayons du soleil ne font pas effets… Dracula peut rentrer se coucher avec son look de gothique sorti du bois de boulogne...

SLAYER | SLAYER | 2007

Avant d'attaquer la critique, j'aimerais revenir très rapidement sur la fonction que remplit un critique de cinéma. Je pense que le septième art est un art noble, et qu'il est de notre devoir de sortir les talents de la fosse à purin que constitue bien trop souvent le septième art. Ne nous voilons pas la face, le milieu est exécrablement élitiste, et requiert de l'argent. Pas de budget, pas de film ; dans la plupart des cas, c'est vrai. Pourtant pas de budget ne veut surtout pas dire pas de talent. Slayer le prouvera ; en 105 minutes le métrage fait office de vitrine de talents. Aussi bien de la part des acteurs que du réalisateur. Etonnant vu l'épaisseur du budget, puisque l'équipe a disposé de 700 $. Oui, vous avez bien lu, moins d'argent que nécessaire pour payer un loyer en plein Paris.

Pour les incrédules, le film a gagné le grand prix de la réalisation au New York International Independant Film & Video Festival. Certainement impressionnant, mais nullement surprenant tant la réalisation est admirable. Ainsi Slayer a tout d'un grand, de la musique originale, parfaitement adéquate, à la réalisation sans faille.
Laissons là, dès à présent le scénario, qui ne brille pas par son intérêt. Classique, un peu convenu, il ne s'agit ni plus ni moins d'une histoire de doutes, trahisons et règlement de compte.

Slayer semble être un film vitrine, une véritable plateforme d'exposition de talents.
Tout d'abord chapeau bas aux acteurs, qui sans être professionnels, ne manquent pas de trouver le juste ton pour nous faire vibrer. Ici pas de syndrome du film porno, le jeu d'acteur rafistolé est donc épargné au spectateur qui pourra donc desserrer les dents. Le casting n'en fait ni trop ni pas assez, permettant au spectateur de se concentrer sur le film en lui-même, sur son aspect graphique.
Heureusement, car il y a matière à se mettre sous la dent.

Ed Peduzzi et toute sa bande sont des passionnés de cinéma, et ça se ressent dans la mise en scène de Slayer. C'est bien là le point fort du métrage. Ainsi le nombre de faux raccords, de plans ratés ou dispensables est proche de zéro. Un score plus qu'honorable, que l'on attendrait à priori pas d'une production ayant coûté 700 $. Cela prouve, si toutefois cela était encore nécessaire, que le talent se situe sur toutes les strates du cinéma. Certes, avec les 700$ ils n'auraient même pas pu payer la perruque blonde d'Orlando Bloom dans un métrage où il est question de seigneur et d'anneaux. Cela n'empêche en rien le vampire principal d'avoir ô combien plus de prestance, et d'atout physique ; et au moins il n'a pas les oreilles pointues.

Ceux qui pensent qu'un budget fait un film peuvent bien aller faire une indigestion de pop-corn dans un multiplex. Pour ma part, je me reprends une grosse tranche de cinéma indépendant fauché.

Le seul reproche que l'on pourra faire à la mise en scène de Slayer c'est de s'avérer un tantinet trop académique. De fait, le film donne de temps à autre l'impression d'être face à un bon élève récitant sa leçon. Si cela ne nuit pas à sa fluidité, le rendu est trop scolaire. Cependant il ne fait aucun doute que ceci est préférable à un enchaînement hasardeux de plans bancals ou dispensables comme on peut le voir chez certains réalisateurs (Andreas Bethmann "Demon Terror").
Peut-être pourra-t-on reprocher quelques faiblesses au niveau sonore (les dialogues ont été enregistrés en direct), et l'usage inconstant des bruitages post-synchronisés.

Pour finir de chercher la petite bête, l'on pourra aussi faire grief des (trop) longues scènes pendant lesquelles les protagonistes jouent à la Nintendo 64 ©. Mais qu'importe, Slayer s'avère être un véritable plaisir à regarder du début à la fin, avec un véritable dynamisme dans sa réalisation. Les scènes de poursuites comme celles de combats sont effectivement fort réussies (encore une fois en tenant compte du facteur budget). Leur réalisation est justifiée, et renvoie Ridley Scott et ses catcheuses en sandalettes faire joujou avec leur caméra parkinsoniennes sous acide.

Un joli bras d'honneur à "Projet Blair Witch" et son budget 500 fois supérieur. Certes le but visé n'est pas le même, mais quand on voit la qualité visuelle du résultat de Slayer, on se demande ce que l'équipe de Daniel Myrick et Eduardo Sánchez a fait avec leur budget.

Slayer c'est aussi un métrage tourné en digital, probablement même à la mini DV. Et pourtant le résultat est loin d'être l'hideux gourbi de pixel sans âmes, caractéristique de ce type de format. Au contraire, Ed Peduzzi tire parfaitement partie de sa petite caméra. A aucun moment les limites du numérique se font ressentir, bien au contraire. Ed Peduzzi maîtrise suffisamment son outil, pour tirer partie de ses tares ; les scènes "rapides" s'en trouvent ainsi dynamisées.

Ce n'est pas là le seul atout du format. En effet, il facilite amplement les trucages numériques, et les retouches d'images. De ce côté là, le réalisateur a expérimenté sur des pans entiers de film, notamment un long flash back. Le rendu n'en est pas pour autant exécrable, et le numérique a permis au jeune réalisateur d'ajouter quelques plans truqués forts sympathiques (type arme jetée en l'air puis rattrapée pour être utilisée, le tout en un seul plan).

Il est toujours difficile de noter un tel film. En effet, Slayer est une parfaite réussite, remplissant son engagement de la première à la dernière seconde. Pourtant il s'agit d'un film simple (simpliste) tourné avec trois bouts de ficelles, mais une monstrueuse envie d'en découdre. Dès lors que vous êtes avertis de l'aspect formel amateurisant du métrage, vous ne pourrez que l'apprécier. Dont acte.

SLAYER | SLAYER | 2007
SLAYER | SLAYER | 2007
SLAYER | SLAYER | 2007

* Site officiel : http://slayer-movie.com/

Note
5
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Colin Vettier