Rosemary's killer
Prowler - the
Pendant la guerre de 39-45, Rosemary Chatham annonce par courrier à son fiancé parti en guerre en Europe qu’elle le quitte, cette dernière ne pouvant plus attendre plus longtemps son retour au Pays de l’Oncle Sam.
En 1945 lors du bal de la fin de l’année scolaire, Rosemary est sauvagement assassinée avec son soupirant par un tueur habillé en soldat. Depuis ce tragique évènement, le bal de fin d’année est interdit par le Major Chatham, le père de la défunte jusqu’à ce qu’en 1980 il soit décidé de reprendre cette coutume scolaire.
Mais ce que les jeunes fêtards et les autorités ne savent pas, c’est que le tueur en tenue de soldat rôde toujours, prêt à faire de nouvelles victimes…
L'AVIS:
Avec notamment "Vendredi 13 chapitre 2 : le tueur du vendredi" et "Meurtres à la saint valentin", l’année 1981 compte parmi ses slashers le fameux "Rosemary’s killer" (alias "The prowler", signifiant "Le rôdeur"), inconnu du Grand Public mais ô combien aimé par les fantasticophiles.
Rien de bien nouveau pourtant d’un point de vue scénaristique dans cet énième slasher movie, le film se voulant une sorte de body count comme bon nombre de slashers, sans chercher à nous offrir le scénario du siècle.
Pour autant, l’entre-deux meurtres de "Rosemary’s killer" n’est pas dépourvu d’intérêt comme certains de ces semblables car même si l’histoire n’est pas sensationnelle (comme presque toujours dans ce genre de production horrifique que nous aimons tant pourtant) le spectateur est souvent tenu en haleine dans l’attente du prochain homicide.
Alors que nombreux slashers se laissent regarder tranquillement sans grand effroi, ce "Rosemary’s killer" parvient à nous faire frissonner durant certains passages, principalement quand nous pénétrons à plusieurs reprises dans la maison de la famille Chatham, lugubre demeure sur deux niveaux qui semble s’être arrêtée de vivre il y a 35 ans.
L’accoutrement de notre tueur, rapidement montré au spectateur, fait également son petit effet : visage caché derrière une sorte de masque terrifiant, ce dernier avance d’un pas décidé vers ses victimes avec sa tenue de soldat qui se fond dans la nuit et s’avère des moins rassurantes quand on le rencontre dans un couloir de dortoir par exemple !
La fuite de notre héroïne dans le dortoir est d’ailleurs haletante à souhait, bien que nous sachions pertinemment quelle en sera l’issue car elle ne succomberait pas sous les armes de notre tueur aussi tôt dans le film. Même chose pour la scène du cimetière qui vient apporter un autre décor sinistre (pour ne pas dire macabre) au film, loin de cette demeure où se déroule le bal de fin d’année.
Et même si pas mal de scènes sont devenues clichés avec les années (un meurtre sous la douche rappelant un certain Hitchcock, une ouverture de tombe dans un cimetière rappelant l’excellent "The omen", sans oublier la petite trempette dans la piscine ou les sempiternelles mises en garde non respectées par ces jeunes fêtards que l’on retrouve dans bon nombre de slasher movies, allant de "Vendredi 13" à "Scream" en passant par "Meurtres à la saint valentin"), nous ne pouvons reprocher au film de Joseph Zito (futur réalisateur de "Vendredi 13 chapitre 4 : chapitre final") un manque de rythme ou d’intérêt grâce à ces séquences haletantes entre chaque meurtres (d’ailleurs très graphiques que nous détaillerons un peu après).
Autre petite chose intéressante, alors que très souvent l’identité du tueur nous est dévoilée dès les premières minutes ou se devine très rapidement dans les slasher movies, ici son identité reste secrète (nous nous doutons bien qu’il doit s’agir de l’ancien amoureux de Rosemary parti en guerre en Europe en 39-45 mais n’en savons pas plus…). Une petite surprise donc en fin de parcours (dans ce final rapidement expédié il faut bien l’avouer) même s’il est assez facile de mettre un nom derrière cet affreux masque si l’on se donne la peine de faire le tri dans les personnages une fois arrivé aux deux tiers du film par exemple.
Il est amusant de voir plusieurs similitudes avec un autre slasher sorti la même année : le canadien "Meurtres à la saint valentin". En effet, dans les deux films nous sommes confrontés à un fait divers ayant donné lieu à l’interdiction d’une fête traditionnelle (le bal de fin d’année ici et le bal de la Saint Valentin dans le film de George Mihalka) que bien entendu nos jeunes fêtards (et futures victimes pour une partie d’entre eux) ne respectent pas. Autre ressemblance entre les deux longs métrages : notre tueur signe ses meurtres (d’une rose pour ce "Rosemary’s killer" et d’une boîte de bonbons ensanglantée pour "Meurtres à la saint valentin").
D’autres similitudes viennent bien évidemment se montrer mais ces dernières seront plus des marques de fabrique de tout bon slasher movie qui se respecte (hé oui, nous aurons encore droit par exemple aux fameuses courses poursuites au cours desquelles seules nos malheureuses proies courent alors que le tueur prend tout son temps derrière…)
Bien évidemment, ce qui va marquer les esprits dans ce "Rosemary’s killer", ce sont les effets gores signés… Tom Savini une fois de plus !
Les meurtres sont en effet très graphiques et sanglants : couteau transperçant le crane et ressortant par le menton, tranchage de gorge en gros plan dans une piscine laissant buller le sang au niveau du cou, empalement de deux corps simultanément avec une fourche, gorge transpercée, headshot qui pourrait faire rougir un certain "Scanners"…
Des meurtres très violents qui s’étirent dans la longueur (pas de coupe soudaine pour passer à autre chose : ici on prend le temps de voir souffrir la victime, un gros travail de détails sur les yeux effrayés étant opéré) et qui montrent la détermination de notre rôdeur qui n’hésite pas une seule seconde à tuer ces jeunes fêtards avec à chaque fois une méthodologie différente.
Une censure qui, comme pour les deux autres slashers cités en début de chronique et sortis en 1981 ("Meurtres à la saint valentin" et "Vendredi 13 chapitre 2 : le tueur du vendredi"), frappera d’ailleurs le film à sa sortie pour enfin retrouver une belle copie uncut chez l’éditeur Blue Underground.
"Rosemary’s killer", voilà donc un très sympathique slasher movie qui fera date dans les années 80 pour tout amateur de ce registre tant décrié (car jugé un peu trop facile et dépourvu d’intérêt scénaristique) mais ayant pourtant ses fans (dont votre cher rédacteur). La raison de cet enthousiasme ? L’absence de réel temps mort et surtout des meurtres très graphiques, s’étirant en longueur et diversifiés, fruits du travail de notre grand Tom Savini mêlé peut-être à un certain sadisme de Joseph Zito, allez savoir…
David MAURICE
Critique de Gérald GIACOMINI :
Encore un slasher en cette prolifique année 1981.
La grande force de "Rosemary’s killer" est de ne pas s'encombrer d'un scénario extrêmement complexe. Limpide dans son déroulement, il a au moins le mérite d'aller droit au but et d'aboutir à un long-métrage de 90 minutes dont l'unique but est de provoquer l'épouvante. Un pari réussi aidé des clichés inhérents au genre : jeune fille sous la douche, une autre dans la piscine, passage obligé vers le cimetière, bal de fin d'année, le mystérieux Mr Chatham.
Que du déjà-vu mais il suffit d'un minimum de savoir faire pour que la pilule passe. Grâce à un rythme sans pause. Pas de bla bla, l'important ici est d'illustrer ici des meurtres plus sanglants les uns que les autres. Le talent de Tom Savini trouve à s'exprimer dans des morts extrêmement graphiques (à coups de baïonnettes de fusil, de fourche….). La musique colle parfaitement à l'ambiance angoissante voulue et les jeunes filles y sont peu farouches. Les acteurs inconnus confèrent juste ce qu'il faut pour rendre crédible les "stéréotypes" qu'ils représentent.
Slasher gore + aucun temps mort, voilà le cocktail réussi de Mr Zito. Ce film ouvrira au réalisateur les portes des studios Paramount qui le chargeront quelques années plus tard de réaliser "Vendredi 13 chapitre 4 : chapitre final" (1984).