Paradise lost
Turistas
Lors de vacances au Brésil, de jeunes touristes américains sont contraints de faire une halte suite à un accident de voiture. Pris au piège du plaisir des lieux, ils ne se méfient pas de ce qui les attend.
En visionnant "Turistas", on se demande de prime abord s'il ne s'agit pas d'un documentaire touristique comme l'indique son générique. Tout y passe: monuments, plages de toute beauté et filles brésiliennes peu farouches. C'est donc parti pour plus d'une heure et demi d'un film qui reprend à son compte les règles des teenages movies (même si les acteurs sont plus âgés, ils boivent, ils baisent, etc... bref, se comportent de manière insouciante). On se surprend, pour tuer le temps, à admirer des paysages lumineux et des plages où il fait bon s'y prélasser. Mais là me vient une question en tête? N'est ce pas censé être un film d'horreur, qui tente de nous refaire le coup d'un certain "Hostel"? Vendu comme tel, "Turistas" n'effrayera et ne choquera guère personne à l'exception d'une scène de prélèvement d'organes.
Le choix du réalisateur aurait dû donner une indication de la tournure qu'allait prendre ce petit film d'aventures exotiques : John Stockwell. Oui, il s'agit bien de l'individu coupable de "Bleu d'enfer", qui ne consistait qu'à mettre en valeur les plastiques de Paul Walker et Jessica Alba. Le bougre récidive en nous montrant de jolis fessiers (Melissa George échappée d' "Amityville 2005", qui au moins n'a plus à faire de grands efforts en terme de jeu d'actrice). Le reste du casting est relativement moins connu, ce qui est toujours un plus pour l'identification : Josh Duhamel ("Transformers"), Olivia Wilde ("Alpha Dog"), Desmond Askew ("La colline a des yeux 2006").....
Le décor de la jungle brésilienne est loin de provoquer le même malaise que dans les films de cannibales des années 70 ("Cannibal Holocaust", "Le dernier monde cannibale") malgré les clins d'oeil (comme voir des touristes prisonniers, qui sont ligotés et transportés). Encore plus embêtant, les nombreuses scènes se passant sous les eaux d'une grotte souterraine, comme si Stockwell était pris d'une envie soudaine de réaliser un "Bleu d'enfer 2". L'enfer est bien présent pour le spectateur qui devra attendre longtemps une vraie scène d'horreur, avant de décrocher de nouveau lors de scènes se passant dans une obscurité telle qu'on n'y voit pas grand-chose. La "bonne idée" étant de clôturer le film dans ces fameuses eaux, combat à la clé entre les méchants et les survivants.
La "gentillesse" de ce "Paradise Lost" est telle que le film est catalogué de justesse parmi les survivals étant donné que le programme expurgé d'une ou deux scènes le rend visible par un large public. L'image que véhicule ce film envers les habitants du Brésil relève d'une posture assez arriérée et post coloniale : habitants prêts à tout pour voler, mentir, etc... Après tout comme le dit le chirurgien qui prélève les organes à une de ses victimes, on ne fait que rendre à l'homme blanc la monnaie de sa pièce. Une manière de présenter les habitants du Brésil qui n'est pas pour rehausser l'impression générale.
Avec un sens marketing consommé, le film change de nom pour sa sortie française, histoire peut-être d'éviter les jeux de mots inopportuns, avec la célèbre maladie des touristes!