Affiche française
Papillon aux ailes ensanglantées - un | Farfalla con le Ali Insanguinate - una | 1971
Affiche originale
Papillon aux ailes ensanglantées - un | Farfalla con le Ali Insanguinate - una | 1971
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oui
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Papillon aux ailes ensanglantées - un

Farfalla con le Ali Insanguinate - una

Un journaliste et animateur de télévision renommé de Bergame, Alessandro Marchi, est accusé du meurtre d’une étudiante française, Françoise Pigault, retrouvée dans un parc, lardée de cinq coups de couteau. Bientôt, des preuves accablantes conduisent à son arrestation. À la suite d’un procès fertile en rebondissements, Alessandro est reconnu coupable, puis incarcéré. Mais l’enquête est relancée lorsqu'une prostituée est assassinée. Une exécution identique à celle de l’étudiante...

Papillon aux ailes ensanglantées - un | Farfalla con le Ali Insanguinate - una | 1971

L'AVIS :

Ce qui est bien avec le giallo, c'est qu'on ne sait jamais à quoi s'attendre ! Va-t-on avoir droit à un film qui respecte les standards du genre, avec assassin ganté et meurtres ultra-graphiques à se mettre sous la dent ? Va-t-on plutôt avoir droit à une enquête policière qui joue avec les codes du genre sans pour autant s'en servir pleinement ? Va-t-on être en présence d'un film de machination au final ? Le giallo, c'est comme un Kinder Surprise, on ne sait jamais ce qu'il y a à l'intérieur avant de l'avoir vu. Avec "Un Papillon aux Ailes Ensanglantées", superbe titre au demeurant, on se retrouve justement dans ce cas de figure. La présence d'un animal dans le titre nous fait évidemment penser à la trilogie animale de Dario Argento, dont je ne vous ferais pas l'affront de citer les trois films. On se dit donc qu'on va être en présence d'un giallo dans la mouvance de ces films. Raté sur toute la ligne.

Duccio Tessari nous la joue original et prend tout le monde à contre-pied puisque son film ne rentre dans aucune des cases ou sous-catégories du giallo évoquées un peu plus haut. On a pourtant bien un meurtre qui ouvre le récit, mais on ne nous montre que le corps poignardé dévalant un talus et un individu prenant la fuite. Le tout en plein jour, l'action se situant dans un parc. Qui plus est, ce meurtre et la fuite du tueur ne sont pas vus des yeux de l'assassin mais de ceux des nombreux témoins présents sur place : deux jeunes enfants jouant dans le parc, une femme et son amant dans une voiture, un homme refermant la fenêtre de son appartement. La suite prend également une tournure assez inattendue puisqu'on va assister à l'enquête concernant la mort de cette jolie fille, une française du nom de Françoise Pigaut (Carole André), et ce, de manière très scientifique puisqu'on plonge dans les entrailles de la police scientifique justement, avec un aperçu de toutes les méthodes utilisées pour découvrir des indices : prises d'empreintes de la semelle de la chaussure du tueur dans la boue, analyse spectrographique, détermination du groupe sanguin du sang retrouvé sur l'arme, prélèvement de bout de tissus des vêtements de la victime et j'en passe ! On se croirait carrément dans un épisode de N.C.I.S. ou autres séries du même genre. Durant ces analyses, on revoit en flashback la journée de la jeune victime, et la mise en scène répond en miroir aux trouvailles de la police scientifique et c'est franchement bien foutu. Plus surprenant encore, la suite de l'histoire, qui, durant quasi trois bons quart-d'heure, prend la forme d'un film... de procès !

Séance dans un tribunal, interrogatoire des témoins, parole à l'accusation puis à la défense qui est un bon ami d'Alessandro Marchi (Giancarlo Sbragia), le principal suspect. Mais malgré ses talents d'avocat, cet ami ne peut rien faire face à la montagne de preuves qui s'abattent sur son client et qui ne lui laissent aucune chance. Bien sûr, nous, spectateurs, on se dit qu'on nous mènent en bateau et que le tueur est forcément quelqu'un d'autre. Pourquoi pas ce blond ténébreux joué par Helmut Berger en personne et qui sort avec la fille du suspect (la charmante Wendy d'Olive) ? Pourquoi pas cette dernière d'ailleurs, dont la jeune française était sa meilleure amie, pour une histoire de cœur ? Et si c'était carrément l'avocat lui-même (Günther Stoll), surtout qu'on découvre peu de temps après le jugement qu'il se tape la femme de l'accusé et que ce jugement défavorable arrange bien leurs affaires ? Le film prenant place dans le milieu de la bourgeoisie, tous les protagonistes ont une face cachée et le pouvoir de l'argent est bien égratigné, comme c'est souvent le cas dans le cinéma italien. Passé la cinquantaine de minutes de film, "Un Papillon aux Ailes Ensanglantées" change encore une fois de tonalité, avec de nouveaux meurtres qui ont lieu dans le parc, et sur le même mode opératoire, ce qui amène la police et le tribunal à reconsidérer le jugement et la réelle culpabilité d'Alessandro Marchi.

Le personnage joué par Helmut Berger prend alors une certaine épaisseur et le réalisateur s'amuse à nous faire tourner en bourrique, on ne sait plus quoi penser, surtout que certains des autres personnages se voit effectuer des actions répréhensibles (on a même de la pédophilie et tentative d'abus sexuel) qui ne les placent pas en odeur de sainteté. Alors oui, ce giallo n’utilise quasiment aucun code du genre, il n'y a pas de meurtres filmés de manière frontale ou stylisé, il y a un petit soupçon d'érotisme et il se révèle quand même assez atypique dans son traitement. Pourtant, la sauce prend plutôt bien et la révélation finale déjoue nos pronostics, amenant même la thématique de l'homosexualité sur le devant de la scène, sans jamais le dire ouvertement d'ailleurs mais il y a une scène vue auparavant (dans la cellule de la prison) qui m'incite fortement à penser que toute cette histoire tragique à un fond homosexuel. "Un Papillon aux Ailes Ensanglantées" est donc assez déconcertant tout comme il est assez passionnant et nous offre une facette assez rare et inédite du giallo, ce qui fait tout son intérêt !

Papillon aux ailes ensanglantées - un | Farfalla con le Ali Insanguinate - una | 1971
Papillon aux ailes ensanglantées - un | Farfalla con le Ali Insanguinate - una | 1971
Papillon aux ailes ensanglantées - un | Farfalla con le Ali Insanguinate - una | 1971

* Disponible en Blu-Ray chez -> LE CHAT QUI FUME Comme d'habitude, rien à redire sur cette superbe édition, qui propose le film en VF et VOSTF
BONUS:
• Le Papillon par Jean-François Rauger (29 min)
• Duccio et moi avec Lorella de Luca (8 min)
• Œillet rouge avec Fabio Melelli (21 min 35)
• Film annonce
https://www.lechatquifume.com/products/un-papillon-aux-ailes-ensanglant…

Bande-annonce
Note
4
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Stéphane Erbisti