nuit a dévoré le monde - La

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Venu récupérer des affaires chez son ex Fanny qui a organisé une fête avec son nouveau petit-ami, Sam s’endort dans une pièce et se réveille alors dans un appartement sens dessus dessous. Très vite, le jeune homme va s’apercevoir qu’il se retrouve tout seul et que des morts-vivants ont envahi les rues de Paris. Terrorisé, il va devoir se protéger et tout faire pour survivre mais également pour ne pas sombrer dans la folie...

NUIT A DéVORé LE MONDE - LA  | NUIT A DéVORé LE MONDE - LA  | 2018

L'AVIS :

Un film fantastique français est déjà un petit événement en soi, alors quand en plus c’est un long-métrage de zombies assez réussi, chose rare dans l’hexagone hormis "Goal of the dead", c’est une petite révolution à laquelle on assiste-là ! En revanche, ce premier métrage adapté du roman éponyme de Pit Agarmen se démarque par son point de vue. Traitant davantage des dommages collatéraux que des zombies eux-mêmes, le film de Dominique Rocher prend pour sujet la solitude de son personnage et comment il s’organise pour survivre et pourrait alors en rebuter certains venus se repaître de morts-vivants dévorant les tripes d’humains subsistants ! Effectivement, passé une introduction somme toute banale, on est directement plongé dans le quotidien de Sam qui, à l’instar de certains protagonistes de "Rec", se passe quasi exclusivement dans un immeuble.

Entre recherche de nourriture chez les voisins (certaines scènes pourront ainsi rappeler "The hole (1999)" de Tsai Ming-liang…), solitude exacerbée, accès de folie et discussions avec le mort-vivant Alfred (magnifiquement campé par Denis Lavant !) coincé dans un ascenseur, notre héros s’ennuie ferme et on le ressent avec lui ! Quoi qu’il en soit, Sam s'adapte très rapidement à son nouveau statut de survivant. D’abord observateur devant les fenêtres de son immeuble de fortune Haussmannien, il réorganisera rapidement sa vie, tel un Robinson Crusoé ayant visionné "Je suis une légende 2007" ou encore "La route" et règlera très rapidement ses nouvelles priorités (trouver des réserves de nourriture et sécuriser son habitat), puis se posera des questions qui deviendront forcément existentielles pour lui. Alors, pour tuer le temps, il jouera au paint-ball en tirant sur les zombies, fera son jogging dans l'immeuble, jouera de la batterie à fond la caisse toutes fenêtres ouvertes ou encore s’improvisera musicien d’intérieur lors d’une magnifique séquence lors de laquelle il compose une symphonie à l’aide d’ustensiles de cuisine. Mais tout cela suffit peut-être à remplir une journée, des semaines voire des mois mais toute une vie ?

Ainsi, Dominique Rocher construit étape par étape un récit de survie qui ne cherche pas à renouveler le genre. Sa démarche est simple et consiste à suivre l'évolution d'un homme isolé au sein d’un immeuble dans un Paris contaminé, donc confronté à une situation exceptionnelle. La narration traduit la progressive perte de repères de Sam avant qu'un éventuel électrochoc ne le remette en mouvement. De fait, lorsque que son désir de compagnie le pousse à se mettre en danger, on commence à déceler la dangereuse pente de la folie sur laquelle se trouve Sam, une aliénation qui atteindra d’ailleurs son point culminant lors de la seconde partie du film avec un rebondissement pouvant être prévisible mais que le réalisateur trouve le moyen de nous faire oublier en cours de route pour réussir à créer un semblant de surprise, bien vu !

Autre point fort du métrage, la présence d’Anders Danielsen Lie qui incarne le principal protagoniste : il habite le film avec une présence exceptionnelle lui qui, habituellement, livre des partitions beaucoup plus sobres. Ici, il fait étalage de sa large palette de jeu, allant de la résignation à la détermination en passant par l'exubérance pour finir proche de la folie. Un grand acteur !

Ainsi, La nuit a dévoré la monde s’avère plus un film psychologique que d’horreur pure, car il se concentre uniquement sur son personnage central, quasiment muet pendant les trois-quarts du film tout comme les zombies qui tentent tant bien que mal de l'attraper et représentent ainsi une menace constante et ce, même hors champ ! Si la tension est très bien gérée, notamment lors des vingt dernières minutes qui vont crescendo, si certaines scènes sont magnifiques et singulières (cf. celles des parenthèses musicales), d’autres sont répétées à l’envi, mais rien de grave car après tout, cela ne montre-t-il pas la lente descente de Sam vers une folie inéluctable ? On pardonnera donc de suite ce fait à Dominique Rocher, un réalisateur à suivre car il a vraiment bien mené son affaire !

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Note
4
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Vincent Duménil