Jour des triffides - le
Day of the Triffids - the
Lorsque Bill se réveille à l’hôpital, les yeux bandés, il n’a pas conscience de sa chance. Dehors, une pluie d’éclats de comète qui a illuminé le ciel a rendu la quasi-totalité de l’humanité aveugle. À Londres et ailleurs, si de petits groupes tentent de s’organiser pour survivre, c’est compter sans les Triffides, ces mystérieuses plantes capables de se déplacer, tandis que les humains, eux, trébuchent et tombent…
L'AVIS :
Ecrivain anglais, John Wyndham est principalement connu pour son roman Le village des Damnés, qui a donné lieu a une sublime adaptation cinématographique de Wolf Rilla en 1960 et à un remake moins réussi de John Carpenter en 1995. Mais c'est dès 1951 que Wyndham accède à la notoriété et ce, grâce à son premier roman, Le Jour des Triffides. L'auteur devient alors une référence de la science-fiction anglaise et Stephen King lui-même dira qu'il s'agit du meilleur auteur de science-fiction que l'Angleterre ait jamais produit, rien que ça !
Le Jour des Triffides nous amène à la suite de Bill, un chercheur en biologie, qui se réveille dans un hôpital et découvre que la quasi majorité de la population est devenue aveugle, suite au passage d'une comète près de la Terre ! Une introduction qui vous rappellera certainement celle de "28 jours plus tard" ou celle du premier épisode de la saga "The Walking Dead", la différence résidant ici dans l'absence d'infectés ou de zombis. La menace est ici remplacée par nos fameux Triffides, à savoir des plantes pouvant marcher sur leurs racines et possédant un dard venimeux qu'ils n'hésitent pas à envoyer frapper toute personne passant à leur proximité. Les quelques survivants encore voyants vont alors devoir, comme dans tout bon récit post-apocalyptique, s'associer, se regrouper, établir un ordre nouveau pour tenter de survivre et venir en ai - ou pas - aux non-voyants.
Si la menace Triffides est bien présente tout au long du récit, nos drôles de plantes étant sensibles au son et se déplaçant vers les sources de bruit pour mieux frapper en nombre, on se doute que cette menace ne sera rien en comparaison de la menace humaine. Si vous avez vu des films post-apo, vous savez tous que l'homme va représenter le plus grand danger pour les héros de l'histoire et ce sera bel et bien le cas ici, faisant de Le Jour des Triffides un roman précurseur de cet univers, au même titre que le célèbre Je suis une Légende de Richard Matheson paru en 1954. Néanmoins, dans le roman de Wyndham, la menace humaine reste assez peu anxiogène, avec quelques croisement de groupes hostiles voulant préserver leur nourriture ou leur clan mais on est loin des affrontements brutaux qu'on aura dans le futur, que ce soit en littérature ou en film/série-télé.
L'aventure que va vivre Bill le mènera à croiser la route de protagonistes secondaires, tels Josella, avec qui il nouera une relation amoureuse, la petite Susan, Coker ou des scientifiques entre autres. Le récit est à la première personne et c'est donc Bill qui sera le narrateur de l'histoire. Il ra d'un point A à un point B, organisera des choses sur ce point B avant d'être obligé de le quitter et d'aller vers un point C et ainsi de suite, la structure classique de ce type de récit.
Les thématiques abordées par John Wyndham sont universelles : entraide des autres ou non lors d'une tragédie, isolement, création d'une nouvelle société avec tous les problèmes d'ego et autres difficultés que cela implique, mission de recherche de nourriture dans des lieux dangereux et même la thématique de la manipulation génétique et de ses dangers, les Triffides ayant été créés par l'homme - par les Russes même, rappelez-vous, on est dans la S-F des années 50 - dans un but non belliqueux au départ mais la mutation a bien évidemment engendré un monstre incontrôlable, comme à chaque fois.
Le plus terrifiant dans Le Jour des Triffides sera l'analyse du héros dans l'épilogue du récit : Bill pense en effet que la cécité de l'Humanité n'a sûrement pas été provoqué par le passage d'une comète mais par les humains eux-mêmes. Pour lui, la course à l'armement et le déploiement d'armes dans les satellites placés en orbite autour de la Terre est certainement responsable de ce phénomène, lors d'un incident par exemple, incident qui a été camouflé grâce à la présence de la comète dans les parages. Une réflexion qui fait froid dans le dos et qui n'est pas dénuée de sens.
Bref, je vous recommande la lecture de ce classique de la science-fiction, dont le final nous laisse un peu sur notre faim. Mais l'ensemble est de qualité et pour qui aime ce type de récit, c'est un incontournable. Adaptation en 1962 par Steve Sekely et Freddie Francis sous le titre "La révolte des Triffides" puis production télévisuelle en 1982 et 2009, ainsi qu'en BD et pièce de théâtre. C'est dire la renommée de ce roman.