Home Movie
Home Movie
David Poe, pasteur luthérien de son état et Clare, sa femme aimante et psychologue pour enfants, font de leur mieux pour élever Jack et Emily, leurs jumeaux de dix ans, dans leur nouvelle maison de campagne. Pourtant, à chaque jour férié qui passe, les enfants deviennent de plus en plus distants et mutiques vis-à-vis de leurs géniteurs, communiquant uniquement entre eux dans un dialecte incompréhensible, malmenant des animaux jusqu’au jour où ils s’en prennent violemment à un de leurs camarades de classe. C’est décidé, les parents doivent réagir, mais n’est-il pas déjà trop tard ?
L'AVIS :
Dans ce found footage movie, les parents de la famille Poe se posent des questions sur leur progéniture qui agit bizarrement depuis peu : en plus d’être davantage secrets, Jack et Emily, se montrent de plus en plus violents et dérangés envers tout ce et ceux qui les entourent. Qu’est-ce qui peut bien se passer dans la tête de ces chères têtes blondes aux comportements malsains ? C’est la question à laquelle le réalisateur et aussi scénariste Christopher Denham (également acteur ayant, pour fait d’armes, joué dans "Shutter island") va tenter de répondre, dans son film, par le prisme de deux parents que tout oppose dans leur approche. En effet, le père Joe (interprété avec efficacité par Adrian Pasdar vu dans la série "Heroes"), homme de religion pensant que ses enfants sont possédés, envisagera l’exorcisme, alors que la mère, psy pour enfants, aura une approche plus cartésienne, basée sur l’observation et le traitement thérapeutique. Seulement voilà, pour que ça marche il faudrait que ces parents n’aient rien à se reprocher, car malgré leurs apparences, ils doutent. Le père boit un peu trop et ne peut ainsi pas faire un sermon, mais il n'a, en revanche, aucun problème à se déguiser en lapin de Pâques ou en Père Noël et à célébrer les aspects commerciaux des fêtes religieuses ! De même, Clare, psychologue émérite, est tout aussi problématique, car elle est apparemment capable de faire face à n'importe quelle situation sauf celle de la transformation néfaste de l'esprit de ses enfants ! C’est ainsi grâce au caméscope familial servant à la base au métier de la maman qui se filme lors de certains diagnostics, que le père capte ces moments quotidiens nous apprenant que ça va de plus en plus mal dans cette famille devenue progressivement dysfonctionnelle. Cela ressemble ainsi au genre de descente lente, crédible et inexorable menant de l'enfance à la folie que Rob Zombie a si bien capturé dans son formidable remake "Halloween 2007".
En ce qui concerne la forme, le jeu des acteurs est plus que correct, la caméra n’est pas, comme dans certains found footage, trop tremblante et le rythme est bien géré et peu coupé par des séquences dispensables. Nous avons ainsi l'isolement habituel dans les bois, les lumières des caméras qui pointent à travers l'obscurité, les gens ordinaires qui s'emballent et la découverte surprenante de choses effrayantes venant bouleverser l’ordinaire. L’atout supplémentaire de Home Movie est qu'il soulève des questions de foi et de science, dont celle de savoir si l'une est plus efficace que l'autre, mais sans donner de réponse. Et ce sera là le principal problème de ce long-métrage car on ne saura jamais vraiment le pourquoi du comment : ces gamins sont-ils possédés ou véritablement psychotiques ?
Par ailleurs, certains points négatifs viendront ternir cette œuvre relativement méconnue : le fait que, comme d’habitude dans ce genre de films, les protagonistes, dans des situations anxiogènes font toujours le mauvais choix, mais là c’est trop (cf. la scène où la femme ne détache pas son mari et préfère partir à la recherche d’une batte de baseball, mais qui ferait ça sérieusement !?), des choses impossibles (comment en effet, les gosses arrivent à attacher leurs parents et à les traîner en bas des escaliers sans les réveiller ?), ce qui fait que l’on a du mal à y adhérer et à éprouver de l’empathie. Dans l’ensemble, il peut nous être difficile de croire au comportement des parents semblant trop naïfs et qui mettent trop de temps à réagir. Comment peuvent-ils effectivement ne jamais vérifier ce que font leurs gamins dans la cabane leur servant de club interdit aux adultes !? Tout cela est assez dommageable car ce sont ces petits détails qui viennent finalement conférer à ce métrage le statut de métrage mineur alors qu’il avait pourtant un bon potentiel par son scénario et aurait pu gagner à être davantage reconnu !
Même si vous êtes épuisés par les found footage movies, vous vous devez tout de même de regarder Home Movie comme un exemple d’assez bonnes surprises auxquelles le sous-genre peut aspirer. On a en effet quelques bons moments de tension, un excellent casting et le scénario proposé est assez bien vu avec ce couple de parents admettant progressivement qu'il y a quelque chose d'effrayant chez leurs enfants jumeaux et qui essaient de résoudre le problème à travers leurs croyances opposées. Toutefois, d’aucuns pourraient légitimement tempérer notre ardeur en arguant du fait que, comme souvent dans ce type de métrage, il y a quelques points de l'intrigue qui ne résistent pas à l'examen, mais bon ce serait être pinailleur car il faut reconnaître qu’on a là un produit assez original méritant d’être au moins visionné une fois par tout fan de films de genre qui se respecte !