Hell House LLC
Hell House LLC
Cinq ans après qu'un dysfonctionnement inexpliqué ait causé la mort d’une quinzaine de visiteurs et membres du personnel lors de la soirée d'ouverture d'une maison hantée d'Halloween (« Hell House »), une équipe de tournage de documentaires se rend sur les lieux de la tragédie afin d’enquêter sur ce qui s'est réellement passé cette nuit-là.
L' AVIS :
De nos jours, visionner un found footage movie c’est un peu comme jouer à la loterie : on ne sait jamais sur quoi on va tomber ! On peut décrocher le gros lot comme ne rien obtenir du tout si ce n’est une perte de temps irrémédiable ! Soit on a un ersatz du surcoté "Le projet Blair Witch" avec en plus des tremblements de caméra façon Parkinson rendant les actions filmées illisibles, soit on a des métrages utilisant les rushs retrouvés comme un prétexte, soit on obtient de petites pépites gagnant à être davantage connues ! Alors quand en plus, on a un mélange de genre avec le faux documentaire (« mockumentary » dans la langue de Shakespeare) à l’instar des formidables "C’est arrivé près de chez vous" et "The Poughkeepsie tapes", on ne peut qu’être dubitatif sur la marchandise proposée !
Réalisé par Stephen Cognetti, qui a monté là son tout premier film pendant une année civile complète alors qu'il occupait un autre emploi à temps plein, Hell House LLC peut du coup sembler difficile à vendre sur le papier. Toutefois, le fait que le film ne dépende pas que de jumpscares envahissants mais soit plutôt axé sur de subtiles constructions et basé sur des personnages bien brossés, prouve que ce métrage est un exemple efficace à la fois du cinéma à petit budget et du style des films d'horreur found footage qui ont peut-être traversé une période difficile ces derniers temps.
Mettant en place un scénario à construction lente, Hell House LLC attire le public alors que nous assistons majoritairement à l’installation d’une équipe spécialisée dans les maisons hantées pour une nouvelle saison d'Halloween dans un vieil hôtel délabré situé à l'extérieur de la ville de New York. Malgré son côté peu sérieux, cet événement éphémère est, pour ses instigateurs, une source de revenus non négligeable d’où la partie « LLC » du titre, qui signifie « Limited Liability Company », soit « Société à responsabilité limitée » en français.
Mélangeant des interviews de journalistes et de témoins oculaires d'une nuit de terreur et de mort lors de la soirée d'ouverture d’une « Hell House » avec notamment des extraits filmés par des clients sur leurs portables, le long-métrage ressemble à une expérience vécue et réaliste alors que la véritable nature de l'hôtel commence à être dévoilée progressivement par l'équipe de production et nous, public, commençons alors à comprendre les horreurs que la bâtisse recèle dans ses briques et sa conception…
Le plus impressionnant pour un film de cette nature et de ce financement, c’est que les acteurs jouent vraiment bien et que surtout, les personnages qu’ils incarnent sont extrêmement bien dépeints car chacun à un rôle bien défini : on a le leader qui prend toutes les décisions même les plus difficiles (Alex), le sérieux du groupe qui sait remettre sur leurs rails ceux qui s’égarent (Andrew), l’intendant qui règle les problèmes de dernières minutes (Tony), mais aussi celui qui est difficilement gérable (Paul) car il peut partir en sucette à tout moment.
Partant du concept initial d’un (faux) documentaire diffusant des vidéos filmées par les visiteurs ainsi que par les caméras installées sur place lors d'une attraction hantée ayant mal tourné, le film déroule ainsi la descente progressive dans la terreur déchaînée des clients terrifiés traversant les événements bouleversants qui se produisent dans l'obscurité et le chaos qu'ils déclenchent. Une fois que le film s'éloigne de là et se recentre sur l'équipe préparant en amont la maison hantée en détaillant leur expérience pour essayer de construire les choses, Hell House LLC prend alors la forme d’un found footage plus traditionnel. On voit ainsi la fine équipe accomplir ses premiers exploits dans l'hôtel en construisant tout pour l'occasion, en décidant des éclairages, en essayant de trouver comment mettre en place les décorations, etc. Puis, tout s’enchaîne dans un maelstrom innommable que ce soit certaines rencontres dans le sous-sol de la maison alors que l’équipe finit d'installer les derniers préparatifs, de disparitions inopinées de certains membres, de mannequins qui changent de place tout seuls, le tout jusqu’à la soirée d'ouverture chaotique, frénétique et folle avant de revenir à l’interview de Sara Havel, petite-amie d’Alex et seule rescapée de l’équipe et qui jouera un rôle important dans la conclusion de tout cela…
Ce qui distinguera Hell House LLC (premier d’une trilogie inégale) du tout-venant, c'est tout d’abord son casting aux interprètes très crédibles et incarnant des protagonistes bien dépeints et surtout, sa manière ingénieuse de présenter les horribles événements de cette ouverture fatale, en utilisant efficacement des vidéos YouTube, des extraits de téléphones portables et des rushs des caméras disposées sur place. Nous serons donc ainsi témoins proches de la panique suscitée par la situation, ainsi que nous aurons l’impression d’être plus dans la confidence de ce qui s’est exactement passé car on aura assisté à tous les préparatifs et ce même en coulisses ! Et à toutes celles et ceux qui pourraient trouver le rythme exceptionnellement lent, on leur rétorquera que cette construction était nécessaire pour mieux être immergé et surpris par la tournure tragique des événements. Tout comme on répondra à ceux qui trouveraient que la fin n’explique pas grand-chose : « mais as-tu vu "Le projet Blair Witch" camarade ? ».