Affiche française
FREAKS (2018) | FREAKS (2018) | 2018
Affiche originale
FREAKS (2018) | FREAKS (2018) | 2018
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oui
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Freaks (2018)

Freaks (2018)

Chloé a 7 ans et n’a jamais vu la lumière du jour. Son père la maintient à l’écart du monde extérieur, ne cessant de lui répéter qu’elle est différente, et que tout ce qui se trouve de l’autre côté de la porte d’entrée représente une menace. C’est en bravant tous les interdits que Chloé va pouvoir découvrir la vérité sur sa condition...

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L'AVIS :

Whouah, quelle excellente surprise que ce film réalisé par le duo Zach Lipovsky et Adam B. Stein ! Avec Freaks, dont l'une des scènes renvoie clairement au chef-d'oeuvre de 1932 de Tod Browning, on se trouve en présence d'un film qui m'a évoqué la première saison de Stranger Things et le personnage emblématique de Eleven. En effet, la petite Chloé de Freaks, magistralement interprétée par Lexy Kolker, a bien des points communs avec le personnage joué par Millie Bobby Brown dans la série phare des années 2010. Seulement, ça, on ne le sait pas tout de suite. Enfin, si, un peu quand même, puisque l'affiche française ne garde guère de place pour le mystère et dévoile le pot-aux-roses à grand coup de tagline sans équivoque (Les mutants sont parmi nous)et d'une photo choc. Dommage d'ailleurs de ne pas l'avoir joué plus énigmatique mais ça ne retire rien aux qualités majeures du film.

Car même si on sait donc que Chloé est une mutante, les deux réalisateurs prennent tout leur temps pour nous le faire comprendre et distille les indices au compte-goutte, préférant nous immerger dans une ambiance savamment entretenue et servant un scénario mâture et diablement intelligent. La direction d'acteur est remarquable et le casting est au diapason de la mise en scène, sobre mais efficace. On se doute bien que Freaks n'a pas le budget du dernier Avengers (ni même du premier d'ailleurs) mais qu'importe, la passion communicative avec laquelle Zach Lipovsky et Adam B. Stein nous font vivre cette histoire touchante emporte tout sur son passage. La révélation du film est bien évidemment Lexy Kolker, déjà citée, mais elle le mérite vraiment. Cette jeune actrice parvient à nous faire ressentir une émotion palpable dans la majorité des scènes dans lesquelles elle apparaît et elle s'avère des plus convaincantes. On ressent intérieurement sa soif de vivre, son envie de découvrir le monde à l'extérieur de sa maison-prison et surtout, on ressent dans nos tripes son manque d'affection maternelle, sa mère étant apparemment morte. Les séquences où elle veut avoir une autre maman, en la personne de la voisine, sont très belles et augmente l'empathie qu'on peut avoir pour Chloé. Son père, qui ne veut pas du tout qu'elle sorte dehors afin de la protéger (de quoi ? de qui ? pourquoi ? autant de question qui trouveront petit à petit des réponses) est joué par Emile Hirsch, rappelez-vous, le jeune homme amoureux de la bombe Elisha Cuthbert dans The Girl Next Door en 2004 et qui a bien grandi ici.

L'acteur de Into the Wild est parfait dans ce rôle de papa protecteur qui essaye tant bien que mal de ne pas dormir pour éviter qu'il arrive un drame à sa fille, tout en tentant de maintenir à flot une relation stable avec cette dernière, qui ne comprend pas toujours les actes de son papa et va aller jusqu'à lui désobéir, ne pouvant plus supporter d'être enfermer et continuellement seule. Le fait que le père s'évertue à ne pas dormir sera explicité au cours du déroulement de l'histoire et c'est franchement une excellente idée qui ne manquera pas de vous surprendre. Autre personnage principal de Freaks, le marchand de glace, interprété par le vieillissant Bruce Dern, saura aussi nous intriguer de par son comportement avec Chloé avant de dévoiler ses véritables intentions, qui, encore une fois, provoqueront chez le spectateur bien des surprises. Le manque de budget dans Freaks ne dessert jamais une intrigue riche en rebondissement, et ce drame de l'enfance va bifurquer lentement, progressivement, vers un fantastique d'abord raffiné, avant d'exploser lors d'une dernière partie qui mêle bruit et fureur, mais sans avoir recours à des effets-spéciaux dantesques, même si certaines scènes sont très réussies à ce niveau.

La progression de la dramaturgie dans Freaks est vraiment son point fort et son mélange d'influence (huis clos ? film de fantômes ? film de super-héros ? film de monstres ? oui et non, et bien plus encore !) lui permet de jongler entre diverses ambiances avec la dextérité d'un équilibriste professionnel, ce qui tire le film vers le haut. Dire qu'on est constamment surpris en regardant Freaks ne serait pas mentir et si l'âge de l'actrice principal pouvait faire penser qu'on allait assister à un divertissement enfantin, il n'en est jamais rien, le film étant d'une maturité déconcertante et pourra facilement aller se ranger à côté du Logan de James Mangold. Toutes les révélations du film sont originales, le thème de la différence est admirablement bien traité, le final envoie du lourd, on ne s'ennuie jamais, on est bluffé par le scénario et son évolution, on reste scotché devant la virtuosité de la mise en scène et par les idées folles que renferment l'histoire, qui se vit à la hauteur des yeux de Chloé. Franchement, je ne m'attendais pas à un film d'aussi grande qualité sur cette thématique. C'est un drame intense, un film de science-fiction parfaitement maîtrisé, qui émeut tout autant qu'il impressionne. Un très gros coup de cœur, à visionner séance tenante ! En France, le film a remporté le Prix du Jury aux Utopiales de Nantes et le triplé gagnant au PIFFF l’an dernier : Œil d’or long-métrage, Prix des lecteurs Mad Movies, Prix Ciné+ Frisson. Amplement mérité !

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* Disponible en DVD ET BR chez LONESOME BEAR

Note
5
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Stéphane Erbisti