Catwoman

Catwoman

La firme de Cosmétiques "Hedare" doit sortir prochainement une crème de beauté révolutionnaire stoppant définitivement le vieillissement des femmes. Patience Phillipps, jeune graphiste de talent, remet la maquette de la campagne publicitaire à son patron George Hedare, qui lui somme de tout recommencer et de lui faire porter son travail le soir même, et ce avant minuit.
S'y rendant d'elle-même, elle écoute bien malgré elle une conversation révélant que la crème en question est dangereuse, et peut se révéler mortelle à moins de l'utiliser à vie.
Surprise, elle s'enfuit par le conduit des déchets mais Laurel Hedare ordonne de verrouiller le conduit pour la noyer…

CATWOMAN | CATWOMAN | 2004

Il ne suffit pas de réunir deux des plus femmes du monde pour garantir le succès et la crédibilité d'un film. En ce sens, "Catwoman" illustre parfaitement le propos.
Derrière la caméra, le réalisateur français Pitof, plus connu pour son travail sur les effets spéciaux, notamment ceux de "Delicatessen" et "Alien la résurrection". C'est en visionnant "Vidocq", son premier film, que les Américains, séduits, décidèrent de lui confier les rênes de cette production : la mauvaise idée de l'année.
Exit le personnage authentique de Séléna et la ville de Gotham City. Rien à voir avec le "Batman le défi" de Tim Burton. Pitof prend la liberté d'immerger son héroïne rebaptisée "Patience" dans son propre univers et la ville de New-York.

On se souvient de l'interprétation sensuelle quasi innée de Michelle Pfeiffer. Ici, Halle Berry rame comme une malade : un jeu "animal" exagéré à la chorégraphie grotesque, une tenue de cuir (punissez le styliste !) prétexte à souligner ses courbes, et une interprétation frisant l'amateurisme. Le message semble clair quant à la psychologie des personnages ; Pitof ne s'embarrasse pas de cet aspect pourtant important et très présent dans les comics. Dès lors on ne s étonnera guère de la superficialité des caractères liés au reste du casting: on s'apitoie devant Lambert Wilson, caricatural dans son rôle de chef d'entreprise tyrannisant ses troupes, surveillé de près par le flic Benjamin Bratt ("Demolition man"), amoureux transi de "Patience".
Tout juste s'amusera t'on d'une Sharon Stone ("basic instinct") "méchante" qui, à défaut de briller elle aussi par son jeu, illumine physiquement presque trop facilement l'écran à chacune de ses apparitions.

La légende même de Catwoman sera elle aussi "survolée" ; la gardienne de l'histoire des femmes-chats qui initie Patience à sa nouvelle identité apparaîtra en tout et pour tout cinq minutes. Trois cent secondes précieuses, puisque sous les traits d'Ophélia, Frances Conroy ("Six feet under") remplit son contrat toute en justesse, elle.
Même les décors n'ont aucune grâce : l'utilisation abusive des toits pour les virées nocturnes de notre féline et la tour de verre abritant les méchants n'étant que les terrains de jeux récurrents du métrage : bien maigre pour un film dit d'action.
Et comment vous parler du scénario… mais quel scénario ? La créme de beauté "Beau-line" va être commercialisée, mais ses composants sont nocifs et défigureront les futures utilisatrices. Evidemment Halle ne l'entendra pas de cette oreille, mais pour cela devra affronter Sharon pour emporter la partie. Point final.

L'action est rare mais les dialogues foireux et inutiles bien présents. Visuellement, tout est prétexte au numérique, que ce soit pour les chats ou bien encore le jeu de lasso de Catwoman (Michelle, elle au moins avait suivi des cours pendant un mois !). On s'ennuie et l'on attend de force le final féminin tant annoncé : combat aseptisé où Halle cogne, vole, face à Sharon qui sous les coups, elle, décolle. Pas comme le box-office qui a logiquement fermé ses portes à cette chose filmique abrutissante et indigne de ses protagonistes.


L'Académie des Razzies Awards (équivalente à celle des Oscars récompensant les pires productions) ne s'y est pas trompée puisque le film remportera les prix suivants : la pire actrice, le plus mauvais film, le pire scénario et le plus mauvais réalisateur. Une consécration bien involontaire, à méditer.

CATWOMAN | CATWOMAN | 2004
CATWOMAN | CATWOMAN | 2004
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Note
1
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Christophe Jakubowicz