Butt Boy
Butt Boy
Chip Gutchel un petit informaticien sans envergure un peu mou du genou qui s’ennuie dans la vie, et marié à une femme qui le trompe avec qui il élève un enfant ainsi qu’un chien, va découvrir suite à un examen de la prostate, le plaisir maladif de s'introduire différents objets dans l’anus. Après une pause de quelques années et un séjour prolongé aux Alcooliques Anonymes, son addiction va très vite revenir le tarauder et même le pousser à s'enfiler des êtres vivants dans le fondement afin de satisfaire une pulsion sexuelle devenue irréfrénable. Lors d'une réunion des AA, Chip rencontre Russel Fox, un flic qui justement enquête sur d’étranges disparitions…
L'AVIS :
Avec un tel pitch de départ (celui de Chip, un gars lambda ne pouvant s’empêcher de s’enfoncer toutes sortes de choses et de personnes dans…le rectum !), on aurait pu s’attendre à un film de potache mâtiné de scènes trash comme sait si bien en produire Lloyd Kaufman par le biais de sa firme Troma (on en veut pour preuve les déjantés : "The Toxic avenger", "Tromeo & Juliet", "Surf nazis must die", "Poultrygeist" ou encore "Father s day") ! Il n’en est toutefois rien car ce métrage étant le préféré de John Waters en 2020 est réalisé, joué et scénarisé par la même personne, à savoir Tyler Cornack, mais se montre avant tout comme un drame, celui d’un homme déprimé et dont le vice le conduira à boire et à commettre des actes bien pires encore depuis qu’il a découvert les joies du plaisir anal à la suite d’un simple check up de routine !
Si le délire est amusant, il est carrément mal exploité à l’écran ! En effet, le récit peine à avancer et l'auteur ne fait qu'effleurer le potentiel de son concept, celui d’une intrigue insolite, sorte de métaphore acerbe de la middle class américaine, qui pourrait se résumer finalement en une simple enquête criminelle ! Le film est ainsi trop lent à démarrer et il faudra attendre environ 30 minutes pour que l'investigation sur les disparitions démarre enfin ! Toutefois, avec son faux rythme, on a du mal à accrocher car il n’y a pas vraiment d’ambiance et surtout, peu de tension ! De fait, au lieu d’un long-métrage bien déviant du style "The human centipede", on aura juste l’impression de visionner un polar quelconque !
On aurait alors pu se raccrocher à la gaudriole, mais que nenni ! A part la scène insolite où Russel demande à Chip s'il peut aller faire la grosse commission dans ses toilettes ou encore celle où le héros envoie des pets dévastateurs au flic alors dans sa voiture, c’est bien trop maigre et tardif pour rester mémorable et il n’y a donc pas de quoi se tenir les côtes parce que l’on aura trop ri ! Reste tout de même la séquence de fin, pouvant rappeler à la fois "Scanners" de David Cronenberg et surtout "Hurlements" de Joe Dante par leur visuel et leur soudaineté, mais c’est bien peu et pas risible pour deux sous !
Par ailleurs, côté personnages, le protagoniste de Chip est tellement dépressif et mollasson qu’on a du mal à s’intéresser à lui. Ainsi, on retiendra plus celui de Russel, un flic imprévisible fréquentant les alcooliques anonymes et qui n’a pas réglé un vieux traumatisme qui le hante (d’ailleurs quelle déception lorsque l’on découvrira ce que c’est !). Quel enquêteur hors pair, car il arrive à échafauder une théorie improbable s’avérant exacte à l’aide de deux poils de cul, mais qui le croira !?
Au final, si c’est relativement bien joué, que certains personnages sont intéressants (notamment celui de Russel, flic alcoolique parrainé par notre serial killer d’un genre nouveau), on regrettera cependant que le policier justement découvre trop rapidement le secret de Chip et surtout, qu’il n’y ait pas assez de scènes chocs voire trash comme le laissait miroiter un tel script ! En outre, la mise en scène souffre de son montage extrêmement lent alors que l'histoire en devient si mince que l'on finit par s'ennuyer. On reste en définitive sur notre faim devant ce produit au scénario certes original, mais assez timide en ce qui concerne le visuel, car avec une telle idée autant aller au bout plutôt que de trop faire dans le suggestif, non !? En tout cas, il ne restera pas dans les annales !