Aux portes de l'enfer
The ungodly
Speak of the devil
Le révérend Jonah Johnson et sa femme Isabelle sont des prêcheurs évangélistes escrocs qui profitent de la naïveté de pauvres gens pour leur soutirer leur argent. Repérés par la police, ils sont interpellés en pleine réunion, mais parviennent à s’enfuir dans leur voiture. Ils quittent la Louisiane où ils étaient installés et se rendent à Los Angeles. Là, ils découvrent un vieux manoir abandonné très intriguant, au numéro 666 de la treizième rue… Mais les finances sont hélas trop maigres pour y habiter. Ils font la rencontre d’une vieille femme très riche, Lady Calagari, laquelle accepte de rénover la bâtisse, en échange d’un marché : ils devront ériger un culte à la gloire de Satan. Le couple d’évangélistes se met au travail, préparant des cérémonies dans la cave où les curieux affluent. Dès lors, des événements surnaturels font leur apparition et des meurtres inexpliqués s’enchaînent. Le Diable semblerait bien avoir entendu l’appel…
L'AVIS :
Distribué tardivement en vidéo, en 1991, ce qui explique que cette année soit souvent attribuée au film alors qu’il fut bien réalisé en 1989, ‘Aux portes de l’Enfer’ demeure une curiosité totale, doublée d’un nanar de choix. Dès le pré-générique, le spectateur ahuri se doute qu’il se trouve devant quelque chose de particulier. Le ton semble hésiter en permanence entre sérieux et humoristique ( volontaire ou involontaire ? ), et, lorsque le générique apparait à l’écran ( au bout de plus de vingt minutes !! ), nous ignorons encore dans quoi nous allons plonger. Nous ne serons pas déçus !
Utilisant sans surprise le vieux cliché de la maison hantée par des esprits frappeurs et des démons surgis de l’au-delà, notre ‘The ungodly’ se démarque par sa compétence unique à faire n’importe quoi. Des ouvriers sont engagés pour nettoyer la cave : l’un d’eux utilise un rateau au lieu d’un balai ( !! ). Les faux évangélistes changent de cap et passent aux messes noires, lesquelles vont définitivement ancrer le métrage dans la folie furieuse. Un affreux Diable se montre devant nos yeux médusés ( enfin, un bonhomme dans un costume miteux ) et fait pipi avant de sauter par une fenêtre. Rassurez-vous, il reviendra ( d’ailleurs, il orne fièrement la jaquette du film ). Une petite fille fantôme au maquillage grossier ( dont on voit clairement les limites au niveau du front ) ainsi que diverses créatures faites de bric-à-brac vont alors se succéder à l’image, comme dans un train fantôme boiteux inutilisé depuis des décennies. Le spectacle, cocasse, ne peut laisser de marbre. Soit vous serez conquis par tant de délire ringard, soit vous serez tout simplement consternés par tant de bêtise. Les personnages sont caricaturaux au maximum, l’intrigue inexistante et sans le moindre enjeu ou rebondissement, sans parler des effets spéciaux consternants.
Et pourtant, il se dégage de ce petit nanar ultra Z un charme non négligeable, tant cet OFNI diffère de la production fantastique habituelle. Timidement gore, volontiers débile ( la demoiselle qui voit son vœu exaucé, celui d’avoir des gros seins ), parsemé de personnages azimutés ( le gosse obèse complètement gaga qui se déguise toujours en super-héros ), ‘Aux portes de l’Enfer’ parvient sans mal à se hisser parmi les œuvres uniques et indispensables pour tout amateur de gros nanar qui sent bon. Certes, le rythme est parfois un poil trop lent, mais l’ensemble se suit avec plaisir, à condition de savoir à quoi l’on s’attend.
Inutile de chercher ici un quelconque talent ou même une quelconque démarche : la mise en scène semble nager en eaux troubles, ce qui ajoute à cet aspect particulier du film. L’humour est certes présent, mais le réalisateur semble vouloir malgré tout proposer des moments d’horreur au premier degré. Si les gags tombent souvent à plat, le spectateur riant plus volontiers de la dégaine des personnages, les passages impliquant les éléments surnaturels, certes peu aidés par des effets spéciaux lamentables, nous sont présentés sans réel recul humoristique. Le décalage est encore plus grand, plongeant le film dans une nouvelle dimension encore inexplorée.
Avec des moyens que l’on devine minuscules et sa propension à sublimer ( sans le vouloir ) le n’importe quoi, cette pépite mérite une place de choix dans la vidéothèque des cinéphiles les plus déviants. Sorti en France en VHS chez Fox vidéo ( ben oui, quand même, c’est le luxe ) puis chez un autre éditeur pas trop identifié ( avec une jaquette similaire ), notre bon nanar est ressorti en DVD chez Cactus films ( normal, ce film ne manque pas de piquant ), avec un disque de bac à soldes qui ne propose même pas de menu. Il ne reste donc que le film en VF ( monumentale ), ce qui reste bien là l’essentiel.