Affiche française
AFTERMATH | AFTERMATH | 1994
Affiche originale
AFTERMATH | AFTERMATH | 1994
Un film de
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Aftermath

Aftermath

Un accident que le spectateur ne verra pas : un chien et une jeune femme succombent.
Dans une morgue, on finit d'autopsier deux cadavres : l'un des deux médecins reste, s'occupant alors du corps accidenté de la défunte, mais ce ne sera pas pour une simple autopsie…

AFTERMATH | AFTERMATH | 1994

La "Trilogy of death" de l'ibérique Nacho Cerda compte trois courts-métrages, tous hantés par le spectre de la mort : vision de la vie après la mort dans "The awakening", métamorphose d'un sculpteur et de son oeuvre dans "Genesis" ou nécrophilie clinique dans ce "Aftermath", sans aucun doute le film "nécrophilique" le plus redoutable de l'histoire du cinéma.

Le court métrage de Cerda, s'étalant alors sur une trentaine de minutes, se scinde en deux parties distinctes : la mise en place de l'ambiance (introduction très classe) et la découpe des deux corps masculins, puis l'acte tabou dans toute sa splendeur malsaine, à savoir le viol d'un cadavre féminin par un infirmier frappé de la carafe.
La première partie en retournera bien l'estomac de certains, quoique les habitués des "Guinea Pig" n'y verront rien de bien neufs : les maquillages brillent cependant par leur réalisme (savant mélange de corps factices et d'acteurs maquillés) et il est bien important de signaler qu'aucun véritables macchabés ne fut utilisés pour les besoins du film, contrairement à "camp 73", "Départ vers l'Eden" ou "Mort à Vignole".

Les morceaux de chairs sanguinolents sont malaxés, découpés, s'entassant sur des blocs aussi froids que les hommes qui s'en occupent ; l'un d'eux porte des coups d'oeils plus qu'indécents aux corps sans vie et le regard assassin qu'il renvoit au jeune infirmier passant par là ne laisse présager rien de bon : le malaise s'installe…

La comparaison avec les deux classiques du film "nécrophilique", "nekromantik" et sa suite, en devient inévitable : la rencontre de Eros et Thanatos est poétique, grotesque et même romantique chez Buttgereit ; elle est froide, radicale et torturée avec Cerda.
Mais là où les deux films du réalisateur teuton (tout aussi fasciné par la mort que le prodigue hispanique d'ailleurs) sont particulièrement maladroits et frisent parfois l'amateurisme (ce qui ne les privent pas d'autres qualités), Cerda nous sert son histoire mortifère sur un plateau d'argent, réalisation extrêmement soignée oblige.
Musique baroque, rythme lancinant, aucune parole ; les images troublent et dérangent au plus haut point, en particulier lors du fameux dernier acte.

Lent effeuillage du cadavre, mutilation (terrible séquence où le nécrophile passe et repasse la lame de son couteau sur la peau de la morte), tripailles caressées : rien ne nous est épargné jusqu'au passage à l'acte, bien plus abominable que les "love scene" des "Nekromantik", qui se trouvaient alors noyées dans de beaux accords de piano. La crudité est poussée ici dans ses derniers retranchements, jusqu'aux dernières images, plus sereines (on quitte le décor de la morgue) mais tout aussi inquiétantes.
Une inoubliable et choquante symphonie de mort, et la naissance d'un grand réalisateur.

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Note
4
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Jérémie Marchetti