Demon spirit

Lucifer

Le voilà enfin, LE film. Celui qu'on cherchait depuis toujours, peut-être même sans le savoir. Celui que tout vrai fan du genre se DOIT d'avoir vu au moins une fois dans sa vie. Le film ULTIME, inoubliable, qui nous marquera à jamais dans notre âme et dans nos tripes. Un concentré d'horreur MALSAIN et JOUISSIF. Un pur monument de trouille, jubilatoire et déjanté, autant que référentiel, intelligent et sans concession. Un véritable coup de grolle en plein bide. Un authentique coup de matraque dans la tronche. Un TGV qui vous défonce la rétine de plein fouet et vous ravage le cortex. Un A380 qui explose tout sur son passage avant de s'écraser dans votre COEUR. Bref, une hallucinante et apocalyptique révolution du genre, sinon du cinéma en général, injustement passée sous silence et dont il est impossible de sortir indemne. ZE chef-d'oeuvre.

DEMON SPIRIT | LUCIFER | 1987
Des interprètes totalement investis dans leur rôle

Un prêtre en soutane fait irruption dans une cour d'école londonienne et dévoile la face cachée de son sacerdoce: après avoir occis une gentille institutrice dévouée à sa mission et aimée de tous, il sort un revolver et tire sur les petits enfants paniqués. Deux fins limiers de la police sont alors chargés d'une enquête qui s'annonce difficile, car personne n'a vu le visage de ce monstre lâche et ignoble. L'un de ces deux policiers, américain d'origine d'Europe de l'Est, est connu pour ses méthodes musclées, et est en butte à l'ostracisme de ses collègues bureaucrates. Mais il tombe amoureux de la maman d'une des petites rescapées du massacre, et rien ne l'arrêtera dans sa quête de justice.

Une terreur palpable et communicative

On peut dire que le réalisateur de "Ripper", "Monolith" et "Octopus", producteur de l'un des films du trop rare David de Coteau, a commencé sa carrière avec un brio rarement égalé. Le début de "Demon spirit" frappe tout de suite très fort: image tremblante indiquant que le distributeur a souhaité ajouter un effet technique à la hauteur du projet... comptine d'enfants nous renvoyant à des références multiples du genre... massacre ne cédant jamais à la facilité du gore, les enfants abattus s'effondrant au ralenti sans la moindre tâche de sang... Innovation, culture, finesse d'approche sont donc indéniablement au rendez-vous de ce régal d'exception, qu'on réservera aux fins gourmets.

Le mérite ne revient pas uniquement à John E. Eyres, dont les talents se sont probablement développés dans le milieu des films d'entreprises internes et en gardent l'incomparable dynamique. "Lucifer", a.k.a. "Good night, god bless", est le fruit d'un véritable travail d'équipe, où chacun a visiblement donné le meilleur de lui-même. Ed Ancoats, le scénariste, a d'ailleurs tellement donné qu'il n'a plus rien écrit par la suite, préférant passer à autre chose et produire des projets ambitieux comme "Dark Planet" ou "Spoiler". Malgré, donc, une histoire construite sur un schéma en apparence simpliste, il faudra plusieurs visionnages pour comprendre le choix des victimes du tueur, et l'on est ébloui par la façon dont les clichés sont détournés, porteurs en cela de messages anticonformistes: par exemple, Joe Yamovich, loin d'être le Harry Callahan que les autres s'imaginent, s'avère être un homme très gentil, capable de patience, frappant à la porte avant d'entrer, serrant la main après une entrevue, aimant caresser les chiens et même faire des ballades dans la nature.

Le massacre du pot de fleurs au fond du plan à gauche

Doté d'un suspens extrêmement subtil, d'un montage parfois déroutant, de cadrages sans esbrouffe et d'une ambiance dominicale par temps gris qui colle parfaitement au sujet, "Demon spirit" multiplie avec un sens inouï de la concision les dialogues informatifs ou émouvants sur la psychologie des personnages ou le déroulement de l'enquête, alors que le tueur, lui, agira sans parler jusqu'à la fin, préservant le mystère sur son identité tout du long avant de nous la jeter au visage. Ce silence frappe aussi ses victimes traumatisées, comme si elles en étaient contaminées. La musique phénoménale de Paul Stuart Davis suggère d'ailleurs sa nature démoniaque par un gargouillis rappellant celui de nos intestins lors d'une gastro-entérite, ce qui renforce l'idée de contamination et prouve la cohérence d'ensemble du projet. On ne s'étonne plus alors des apparitions-disparitions de cet assassin aux caractéristiques virales, quasi immatérielles, et la dernière scène du film, assumant pleinement l'héritage de la saga de "L'exorciste", achève de nous transporter dans un spasme mystique effrayant.

Si Mandy est d'accord, hasardons-nous enfin à dire que les amateurs d'horreur pure et dure trouveront leur compte dans un étalage de violence très appréciable: présentations de châpelet, rien de moins, mais aussi coups de poignard jouant habilement de la suggestion et laissant notre imagination faire le reste. Une porte, une main et un corps transpercés sur lesquels le réalisateur évite heureusement de trop s'attarder. Des cris et des coups de feu qui nous laissent pantois, peu après nous avoir arraché du sommeil. Heureusement, le scénario n'oublie pas de ménager quelques moments de pause, qui totalisent d'ailleurs la quasi totalité du métrage, ainsi que des traits d'humour volontaires qui sont les bienvenus dans cet univers étouffant. Les deux hommes attachés, sur les slips desquels John Vanomich a écrit "Have a nice day", nous rappellent ainsi toute la vitalité humoristique du cinéma britannique.

Une vie sans Horreur.com? Ah naaaaaaaaaaaaaaaaaan!

Si vous n'avez pas encore compris que vous avez affaire à une perle, c'est que vous êtes des spectateurs vraiment difficiles, ou peu réceptifs!... Aussi, plutôt que de célébrer les sempiternels "Massacre à la tronçonneuse" et autres pseudo films cultes, osez-donc découvrir à prix cassé ce film unique, audacieux et faussement monotone... Ou bien offrez-le à celles de vos connaissances qui souffrent d'insomnies. Après tout, Noël approche. Pensez-y!...

DEMON SPIRIT | LUCIFER | 1987
DEMON SPIRIT | LUCIFER | 1987
DEMON SPIRIT | LUCIFER | 1987

* Aucun biscuit, aucune plante ni aucune porte n'ont été maltraités durant le tournage.

Note
1
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Stéphane Jolivet