Contes des ténèbres

Tales from the Darkside

Voici l’introduction en voix off que l’on pouvait entendre sur la VHS française de Contes des ténèbres sortie chez Embassy Home Entertainment : « Pour l’homme, la réalité est ce monde de lumière dans lequel il vit. Mais, il existe un autre univers. Sous-terrain et invisible. Un monde tout aussi réel bien que différent. L’anti monde, le monde des ténèbres. C’est un monde diabolique où les règles établies n’ont plus de raison d’être ». Cette même cassette vidéo nous proposait alors « quatre somptueux cauchemars » avec les noms de George A. Romero et Stephen King écrits en gras sur la jaquette pour attirer le chaland !

 Contes des ténèbres | Tales from the Darkside | 1984

L'AVIS :

Comme dit pour la critique de "Darkside - Les contes de la nuit noire 2" parue dans notre contrée en 1991, Contes des ténèbres est une compilation de quatre épisodes de la série Histoires de l’autre monde (Tales from the Darkside en version originale), diffusée de façon écourtée en France en 1986 car ayant rencontré peu de succès. Il s’agit même ici, de quatre épisodes de la saison 1, si on veut être plus précis.

Ainsi, cette anthologie horrifique n’ayant jamais eu les honneurs d’une sortie DVD car n’existant pas en tant que telle, débute même par l’épisode pilote de la série, le fameux Trick or treat que les français ont intelligemment traduit par : « La fête à la grimace » ! Dans cette histoire, le solitaire et avare Gideon Hackles est un des hommes les plus riches d’une ville indéterminée mais où la plupart des habitants lui doivent de l'argent. Ce vieux grippe-sou qui ne dépense quasiment rien malgré sa richesse énorme a cependant un péché mignon : la nuit d'Halloween. Durant cette dernière, il cache en effet des reconnaissances de dette dans sa maison et invite les enfants de ses débiteurs à venir les rechercher avec la promesse de les effacer si les rejetons venaient à les trouver. Pendant que les enfants cherchent les documents qui pourraient changer la vie de leurs parents, le vieux grigou leur fait peur avec toute une installation de son invention. Une nuit pourtant, un visiteur inattendu fait irruption…

Dans cet épisode, Barnard Hughes (vu dans "Soeurs de sang") incarne à merveille un vieil acariâtre près de ses sous qui n’aura que ce qu’il mérite au final, comme bien des méchants de ce type de programme me direz-vous ! Notons tout de même que, dans la version française, les enfants tapant à la porte de leur voisinage le soir de la fête d’Halloween disent « Fête ou grimace » au lieu de « des bonbons ou un sort », merci les traducteurs ! Nanti d’effets spéciaux un peu vieillots, cet épisode est tout de même pas trop mal ficelé mais ne fait pas très peur, hormis peut-être lorsqu’apparaît la sorcière…

C’est ensuite avec The word processor of the Gods (« L’ordinateur des Dieux ») que l’on continuera nos réjouissances. Ici, Richard Hagstrom, un écrivain en difficulté reçoit un ordinateur amélioré de la part de son neveu Jonathan, expert en informatique, juste avant que ce dernier ne meure dans un accident. Grâce au traitement de texte informatisé, Richard aura le pouvoir d'exaucer n'importe quel souhait désiré, mais cela ne se fera forcément pas sans conséquences....

Ce deuxième segment avec le tout jeune Bruce Davison ("Willard" et la série "Creepshow saison 1" notamment) est sympathique avec cet ordinateur exauçant les vœux car il fait parfois preuve d’un cynisme bienvenu. On aurait toutefois aimé en savoir plus sur la relation entre Richard et sa regrettée belle-sœur Belinda, mais surtout désiré que les scénaristes aillent un peu plus loin quant aux demandes du héros concernant de possibles souhaits car là, on reste un peu sur notre faim !

Suivra I’ll give you a million (« Le contrat »), dans lequel les millionnaires Duncan Williams et Jack Blaine se connaissent depuis longtemps et ont fait fortune dans de sales affaires. Ils aiment se disputer de l'argent tout le temps. Un jour, Duncan offre un million de dollars pour l'âme de l'athée Jack et au bout d'un moment, ce dernier accepte et signe un contrat. Lorsque Jack apprend qu’il ne lui reste que peu de temps à vivre, il propose un autre million de dollars pour rompre leur acte écrit, mais Duncan, par principe, n'accepte pas. Bientôt toutefois, il recevra un appel téléphonique tragique qui affectera sa vie pour toujours…

Ce troisième court horrifique est réalisé par John Harrison, également crédité pour l'histoire en tant que compositeur de la musique (il était aussi acteur dans "Zombie" avec la célèbre scène du tournevis dans l’oreille !). Si le jeu des acteurs est bon et que le grincheux Duncan Williams est bien joué par Keenan Wynn avec sa moustache en guidon très virile, c’est tout de même l’épisode le moins réussi des quatre car le rebondissement final n'est pas formidable : on s'attendait vraiment à autre chose vu le début et la tournure que prenaient les événements ! Toutefois, cela durait la bagatelle de vingt minutes environ et on a largement vu pire ailleurs, mais également mieux !

On finira avec Inside the closet (« La porte du placard »). Ici, Gail est étudiante à l'université et est ravie de trouver le dernier logement disponible et abordable de la ville. Ainsi, elle emménage dans l'immense maison du Dr Fenner (professeur en médecine vétérinaire), dans l’ancienne chambre de sa fille, à l’étage supérieur. Dans cette pièce, Gail découvre alors une porte semblant condamnée. Au fil des jours, des bruits et événements étranges commencent à se produire, devenant de plus en plus sinistres à chaque fois. Mais que peut-il bien y avoir derrière cette porte ?

Ce dernier épisode réalisé par Tom Savini (spécialiste de génie en effets spéciaux sanguinolents mais aussi réalisateur de "La nuit des morts-vivants 1990" et également acteur à ses heures perdues, notamment dans l’excellent "Une nuit en enfer") avec le classieux mais inquiétant Fritz Weaver ("Creepshow") est le meilleur du lot grâce à une certaine tension maintenue jusqu’au bout et à la découverte de « qui ou quoi » loge dans la salle cachée. Et puis la chute originale (tout du moins pour l’époque) pourra aussi être appréciée par les plus tordus, mais elle suscitera beaucoup d’interrogations et c’est bien là le seul souci de Inside the closet : engendrer de la frustration !

En définitive, Contes des ténèbres contient des sketchs inégaux. Si le premier s'avère assez bien ficelé, il semble toutefois dater. Pour le deuxième, il demeure sympathique, cependant côté frayeur, là aussi on repassera ou alors il faut vraiment être un froussard de première ! Le troisième sketch, même s’il nous montre un duo intéressant de deux vieux escrocs, constituera le moins bon de la cuvée, car sa fin tombe trop à plat. Heureusement, on conclura en beauté avec un court qui écrase les autres facilement par son côté anxiogène et sa fin assez flippante. Au final, on pourra être assez déçu par cette anthologie, mais l’ensemble se laissera tout de même regarder si on n’est pas trop exigeant !

 Contes des ténèbres | Tales from the Darkside | 1984
 Contes des ténèbres | Tales from the Darkside | 1984
 Contes des ténèbres | Tales from the Darkside | 1984
Note
3
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Vincent Duménil