Conan le barbare

Conan the barbarian

Menant une vie paisible dans un village de paysans, le petit Conan verra son père dévoré par des chiens et sa mère décapitée par le sorcier Thulsa Doom lors d'un terrible carnage, dont il fait parti des seuls survivants. Emmené comme d'autres enfants de son âge à la "roue de la douleur", puis éduqué quelques années plus tard par d'autres guerriers, il devient une montagne de vengeance (et de muscles) prêt à tout pour supprimer le sanguinaire Thulsa Doom, toujours en activité. Pour cela, il s'allie avec deux brigands, Valeria et Subotai, et s'empare de la légendaire épée de Crom.

CONAN LE BARBARE | CONAN THE BARBARIAN | 1981

S'inspirant à la fois des écrits de Robert E.Howard mais aussi d'une série de bandes-dessinées "pulp" contant les fameux exploits du grand Cimmérien, le film de Milius n'hésite pas à trahir l'univers de Howard mais réussit à imposer une vision de l'Heroic Fantasy tout à fait différente, à la fois violente et adulte. C'est non seulement celle du monde d'Howard, mais aussi celle qui émane des chefs d'oeuvres de Frazetta (qui a d'ailleurs signé l'affiche française du film) ou de Boris Vallejo : c'est barbare, c'est sexy, c'est monstrueux, c'est terrible et imposant, c'est magique et brutal ; c'est du jamais vu.

Et ça débute en fanfare avec l'habituel massacre des gentils paysans (les sous-Conan s'en souviendront…), laissant un Conan désemparé, jeté en pâture à un monde bien plus violent et radical que celui qui a bercé sa douce enfance. C'est ainsi qu'il découvre les joies de l'esclavage, des combats (très violents) de gladiateurs, puis de la poésie, du sabre et…du sexe !
Découvrant également l'amour auprès de la guerrière Valeria, Conan suit les traces du vilain Thulsa Doom (impressionnant James Earl Jones, qui fut la "voix" de Dark Vador), dont les sectes vouées au culte du serpent se rependent comme la peste dans la région.

Une longue aventure traversée de magnifiques décors dont le design est assuré par Ron Cobb et William Shout (des pointes du genre), et la vision d'une époque empruntant aussi bien à la préhistoire qu'à l'univers des Vikings, baignant dans le sang et les sacrifices humaines. En résulte des combats virant carrément au gore (les mutilations sont béantes et saignent abondamment, les têtes tombent constamment) et des morceaux de bravoure déchaînés, véritables opéras ultra violents : on gardera en mémoire cette orgie cannibale rapidement mise à sac par Conan et ses compagnons ou cette saisissante bataille dans un champ de menhirs, où notre Barbare favori affronte une armée entière avec l'aide son camarade !

Outre la violence, le film se trouve souvent marqué par un piment d'érotisme et par quelques références (volontaires ?) à la religion : lorsque Conan est molesté très violemment par Thulsa Doom avant d'être crucifié dans le désert, ne rappelle t-il pas le Christ ? Et cet immense serpent trônant au dessus d'une orgie (c'est "le paradis" déclare Subotai), ne renvoie t-il pas au serpent du Jardin d'Eden ?

Beaucoup d'Heroic donc, mais la Fantasy alors ? Elle est située avec parcimonie durant tout le métrage, avec un bestiaire certes restreint, mais convaincant : une sorcière vampire manquant de croquer Conan lors d'un coït au coin du feu, un serpent géant rapidement expédié ad patres ou des démons virevoltants venu capturer l'âme du grand guerrier.

Milius trahit les écrits de Howard au profit d'une œuvre nettement plus mature, allant jusqu'à citer purement et simplement du Nietzsche : "Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort". Pour découvrir un Conan plus proche de l'univers "pulp" d'Howard, autant se tourner vers la piteuse suite qu'est "Conan le destructeur"…
Mais qu'importe, tous les éléments concordent pour faire de "Conan le barbare" un véritable chef d'œuvre ; que serait le film d'ailleurs sans la musique épique et démentielle de Basil Poledouris (dont l'inspiration première est d'ailleurs "Carmina Burana"), qui restera sans aucun doute le plus grand score du bonhomme.
Ce film, c'est sans doute la meilleure chose que nous ai apporté l'Heroic Fantasy au cinéma, et ceci bien avant la fameuse trilogie de Peter Jackson.

CONAN LE BARBARE | CONAN THE BARBARIAN | 1981
CONAN LE BARBARE | CONAN THE BARBARIAN | 1981
CONAN LE BARBARE | CONAN THE BARBARIAN | 1981

Retrouvez la critique de la B.O du film:

http://horreur.com/critique-musique-29-conan-le-barbare.html

Note
5
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Jérémie Marchetti