Affiche française
BENNYS VIDEO | BENNY'S VIDEO | 1992
Affiche originale
BENNYS VIDEO | BENNY'S VIDEO | 1992
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Bennys video

Benny's video

Benny n'est pas un adolescent comme tous les autres. Il est beaucoup plus renfermé, faute d'avoir eu des parents présents. Il se passionne alors pour la vidéo, comblant ainsi ce manque d'affection. Mais parfois la réalité et la fiction se confondent, et certains ados ne sont pas aptes à gérer, et finissent par ne plus du tout voir la différence. Benny sera "victime" de cela, et se verra commettre l'irréparable…

BENNYS VIDEO | BENNY'S VIDEO | 1992

"Benny's Video" ? Quel est ce déroulé d'images dénuées de sentiments et d'émotions ?
Et bien, voici encore un film signé de la "patte" de notre mythique Michael Haneke et la mise en image de son talent à nous envoyer dans le monde saugrenu de la violence gratuite !

Et oui, précédent Funny Games, voici une autre expérience mise en place par ce réalisateur n'ayant pas peur des tabous !

L'histoire de Benny's video, me dira t-on, n'a pas de grands rapports avec celle de Funny games si ce n'est le meurtre commun filmé sans que le moindre sentiment humain ne crève l'écran. Notre homme est connu pour cela, alors pourquoi arrêter lorsqu'il le fait si bien ?
Cela peut en déranger plus d'un et c'est là toute la force de ses films…

Ici, ce n'est pas "la violence entre adulte" mais la violence d'un enfant. Qu'est-ce qu'il y a de plus cruelle que "l'innocence" d'un enfant aimant expérimenter et découvrir la vie, lorsque celui-ci dépasse les limites ?
Haneke nous compte donc l'histoire d'un adolescent atypique, effacé et pétant un câble dans un calme froid à vous glacer le sang ! (Le personnage Ricky Fitts dans American Beauty nous fait furieusement penser à Benny… mais bien sûr en beaucoup moins cruel et dérangeant). Cloîtré dans une chambre à l'aspect froid, exigu, coupée de toute lumière (si ce n'est celle de son matériel vidéo…), Benny mène une vie "tranquille" dans un monde mêlant réalité et fiction.
Arrive alors le petit "détail" qui va tout faire dégénérer : il tombe amoureux d'une jeune fille, mais va la tuer de manière glaciale. Il continue ensuite tranquillement sa petite vie de cinéaste amateur totalement siphonné. Et qui ramasse les "pots cassés" ? Les parents… Sûrement par culpabilité, le père se voit effacer ce drame par n'importe quel moyen… en envoyant sa femme et son fils loin, pour effacer toutes preuves afin de sauver la peau de celui-ci.

Haneke filme avec une teinte principalement bleutée et foncée dans l'appartement pour renforcer le côté froid des scènes et des dialogues, ceux-ci étant courts, expéditifs et totalement inexistants parfois. Il commence son film par le visionnage de l'abattage d'un cochon, lui-même filmé par notre adolescent. Il regarde, rembobine, et regarde de nouveau au ralenti cette scène. Les cris de l'animal deviennent ainsi beaucoup plus atroces qu'au naturel. L'image se brouille, et "Benny's Video" s'inscrit en lettres rouges.

Nous sommes de suite mis en condition. Ce film sera dur à supporter psychologiquement.
Nous jonglons donc entre la vie de l'ado et ses vidéos. Une vie d'ado apparemment normale et pourtant quelque chose cloche. Il prend un malin plaisir à déranger. Et sa pauvre victime subira une mort lente et atroce. Abattue comme un animal. Filmée jusqu'au bout.

Nous vivons le meurtre à travers la fameuse caméra de Benny. L'agonie de la jeune fille se traînant sur le sol, puis plus rien, seulement ses cris de douleur.
Puis le silence. Un silence pesant mais libérateur de ces cris de souffrance. Et après ? Benny continue sa petite vie comme si cela n'avait été qu'un de ses petits films. Son deuxième personnage se libère, et nous connaissons le vrai Benny : un dérangé (Il se met nu et se caresse avec un peu de sang et bien sûr, toujours en filmant !). Il change radicalement d'attitude, se rebelle, se sent comme maître de la situation, de tout.
Nous étions en face d'un adolescent renfermé au début, nous sommes maintenant en face d'un ado rebelle, impassible et bien plus malin qu'avant. Il a plus d'un tour dans son sac !

Avec une fin inattendue, Haneke nous signe un film froid, implacable, malsain et glauque à souhait. Digne de précéder Funny Games, d'ailleurs, pourquoi changer une équipe qui gagne ? Haneke reprend le personnage du père (Ulrich Mühe) pour le même rôle dans Funny Games, et le fils (Arno Frisch) reprend le rôle d'un des tueurs de ce même film (décidément, ils sont prédestinés à ces rôles !).

Bref, un film à voir absolument, si l'on aime le travail psychologique sur la violence gratuite qui, ma foi, est bien plus cruel et dérangeant qu'une tonne d'hémoglobine ! A ne pas laisser entre n'importe quelle main tout de même…

BENNYS VIDEO | BENNY'S VIDEO | 1992
BENNYS VIDEO | BENNY'S VIDEO | 1992
BENNYS VIDEO | BENNY'S VIDEO | 1992
Note
5
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Stéphanie Aveline