Affiche française
Tendresse des loups - la | Zärtlichkeit der wölfe - die | 1973
Affiche originale
Tendresse des loups - la | Zärtlichkeit der wölfe - die | 1973
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Tendresse des loups - la

Zärtlichkeit der wölfe - die

L'Allemagne des années 20. Fritz Haarmann, ancien boucher et petit délinquant, sert d'indic à la police. L'homme au faciès débonnaire est en fait un tueur en série, homosexuel sadique qui attire chez lui des jeunes gens à la rue ou contraints à la prostitution, les martyrise et les assassine. Malgré des indices troublants, la police ferme longtemps les yeux...

Tendresse des loups - la | Zärtlichkeit der wölfe - die | 1973

L'AVIS :

L'histoire de Fritz Haarmann, surnommé le boucher de Hanovre ou le vampire de Hanovre, qui défraya la chronique allemande dans les années 20. Tueur en série homosexuel, pédophile et cannibale, avec même une petite tendance à la nécrophilie, Haarmann a été accusé du meurtre de vingt-sept garçons entre 1918 et 1925 et sera déclaré coupable pour vingt-quatre d'entre-eux. Arrêté, il fût guillotiné en 1925. L'affaire fit scandale car il était informateur auprès de la police. La plupart du temps, il tue ses victimes en les mordant à la gorge, tel un vampire. Il démembre les corps et les jette dans la rivière. On suppose qu'il a aussi trafiqué de la chair humaine en la faisant passer pour du porc en conserve qu'il revend au marché noir.

Cette sordide affaire a intéressé un prestigieux metteur en scène puisqu'en 1931 sort sur les écrans "M le Maudit" de Fritz Lang, avec Peter Lorre, qui utilise des éléments de l'affaire Haarmann mais aussi de celle de Peter Kürten, le tueur surnommé "le vampire de Dusseldorf". En 1973, c'est Ulli Lommel, futur réalisateur de "Spectre" (1980) ou de "The Devonsville Terror" (1983) entre autres, qui va livrer sa version des méfaits de Fritz Haarmann avec "La Tendresse des Loups", un film produit par Rainer Werner Fassbinder, qui jouera également dans le film. C'est le scénariste du film, Kurt Raab, qui endosse le rôle du tueur en série. Chauve, impeccablement vêtu, il donne une dimension perturbante à ce personnage, à l'image du film d'ailleurs.

Un film contemplatif, au rythme posé, très "allemand" dira-t-on, qui prend son temps et ne cherche jamais la facilité ou le spectaculaire. Les événements tragiques sont décrits de manière froide, clinique, sans grand effet horrifique d'ailleurs si ce n'est les morsures au cou des victimes. C'est bel et bien l'ambiance étouffante, l'atmosphère morbide et nihiliste qui prévaut ici et en ce sens, le film de Lommel risque de déconcerter le spectateur lambda. Les relations homosexuelles du tueur en série avec ses jeunes victimes, principalement des adolescents, sont filmées sans complaisance no voyeurisme mais s'offrent tout de même de la nudité frontale qui met mal à l'aise. Le film se déroulant durant l'après-guerre, Lommel utilise le contexte de l'époque de manière adéquate, montrant la misère des habitants qui vivent dans la pauvreté, misère obligeant la jeunesse à se prostituer entre autres, ce qui a facilité le choix des proies de Haarmann, qui utilise sa connivence avec la police (il été informateur, bien qu'il avait été arrêté pour corruption de mineurs) pour leur mettre la pression et les utiliser comme bon lui semble. Bien qu'il a eu un amant régulier, Hans Grans, qui sera condamné à 12 ans de prison, les pulsions de Fritz Haarmann était trop forte pour qu'il s'en contente.

La scène dans laquelle il va parler à une jeune garçon portant un bonnet bleu fait froid dans le dos, notamment quand il va donner ledit bonnet à un autre enfant par la suite, ce qui nous fait comprendre le sort qu'a subit sa petite victime. Si le cannibalisme n'est pas évoqué de manière directe, on se doute, vu les dires de sa voisine du dessous, que les morceaux de viande qu'il vend à une commerçante peuvent provenir du démembrement de ses victimes. Pire que tout, il en donne à l'inspecteur qui l'a recruté en tant qu'informateur, comme pour acheter son silence. Pas vraiment agréable à regarder de par son sujet même, "La Tendresse des Loups" est photographiquement très réussi, avec cette introduction qui fait clairement référence à l'expressionnisme allemand et au film de Fritz Lang. C'est assurément un film hors norme, fait avec peu de moyens, mais qui dégage un mal-être et une sensation de malaise vraiment tangible.

Tendresse des loups - la | Zärtlichkeit der wölfe - die | 1973
Tendresse des loups - la | Zärtlichkeit der wölfe - die | 1973
Tendresse des loups - la | Zärtlichkeit der wölfe - die | 1973
Bande-annonce
Note
4
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Stéphane Erbisti