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Scream 5 | Scream 5 | 2022
Affiche originale
Scream 5 | Scream 5 | 2022
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Scream 5

Scream 5

Seule chez elle, une adolescente se fait harceler au téléphone, puis poignarder par un homme cachée sous un masque de fantôme. La sœur de la victime, ainsi que ses ami(e)s, vont tenter de découvrir qui a commis cet acte horrible. Seulement, dans une ville qui a déjà vécu des événements identiques, tout le monde est suspect… Et l’aide d’habitants et de victimes historiques ne sera pas de trop pour démasquer qui se cache sous le costume de Ghostface...

Scream 5 | Scream 5 | 2022

L'AVIS :

Onze ans après le quatrième et ultime volet réalisé par le regretté Wes Craven, Ghostface repointe le bout de son masque Munchien dans un nouveau film sobrement intitulé Scream. A l’instar d’un reboot comme "Halloween", ce nouveau Scream perd donc son chiffre en cours de route. Si, dans la plupart des cas, la numérotation chronologique peut être retirée pour expliquer le fait qu’une saga repart de zéro, cela semble moins logique dans le cas présent. Soyons clair, le spectateur novice qui viendrait voir Scream version 2022, sans avoir vu les précédents (et principalement le premier de 1996) se sentirait vite dérouté.

En effet, le film de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett (les réalisateurs du rythmé et efficace "Wedding nightmare") est un vibrant et sincère hommage au métrage original de Craven. Et c’est ce qui en fait sa force, mais aussi sa faiblesse. Ainsi, le fan assidu aura grand plaisir à voir les idées et scènes du premier film détournées, tandis que le néophyte risque de voir son plaisir gâché par son incompréhension face aux divers éléments que les réalisateurs lui envoient à la figure. Une grande partie du fun se trouvant dans l’effet miroir que le film renvoie à son modèle (et réciproquement). Attention petit spoiler : Par exemple, dès la première séquence, « remake » de celle avec Drew Barrymore, les questions du tueur ne tournent plus sur les films d’horreur en général, mais sur « Stab » en particulier, donc sur « Scream ». Ok ? Si ce n’est pas clair, une séance de visionnage ou de révision s’impose avant de courir dans votre salle de cinéma préférée. Quoiqu’il en soit, une majeure partie du film tourne autour du côté méta (cher à la saga) autocentré sur les films « Scream ». Une idée jubilatoire pour les fans, mais risquée pour les autres.

Le fait est que les héros de ce cinquième opus connaissent les films et utilisent leur savoir pour tenter de contrer Ghostface. D’ailleurs, parlons-en des héros ! Comme dans tout slasher qui se respecte, il s’agit d’une bande de jeunes dont la vie oscille entre cours, histoires d’amour, alcool et… traumas du passé. Plutôt bien interprétés par des comédiens charismatiques et investis, ils évitent même les stéréotypes habituels. Si on retrouve des traits de caractérisation connus (la fille un peu gothique, le sportif…), ceux-ci ne forment pas leur identité totale. Un bon point. Aussi, pour la plupart d’entre eux, ces jeunes gens ont un lien familial avec un précédent personnage de la saga. Un élément plutôt bien intégré qui permet, au-delà de l’intérêt scénaristique, de nombreux clins d’œil et le retour d’anciens personnages. Bien sûr, si certains ne seront reconnus que par les fans hardcore, le clou du spectacle est le comeback attendu et prévu des trois personnages stars : Dwight Riley, Gale Weathers et Sidney Prescott.

Et là, difficile de bouder son plaisir face à un Dewey (David Arquette) sur le carreau, une Gale (Courteney Cox) toujours tiraillée entre l’égocentrisme et l’empathie et une Sidney (Neve Campbell) forte, combative et marquée par les événements. Les années passent (25 ans depuis le premier volet !), les corps changent, mais la justesse du jeu et la caractérisation initiale sont toujours là. C’est toujours un plaisir de retrouver ces figures emblématiques de Woodsboro !

Tous ces personnages, nouveaux et anciens, se retrouvent donc pour affronter, une énième fois, ce cher Ghostface à travers une mise en abyme réjouissante. Si le scénario reprend donc le schéma des précédents Scream, l’aspect whodunit, indissociable de la série, est lui aussi toujours présent. Encore une fois, l’exercice de recherche de l’identité du tueur masqué, est compliqué. Dans Scream, tout est possible, et notamment le fait qu’il peut y avoir plusieurs personnes sous le masque. Cette tradition est-elle respectée ? Quoiqu’il en soit, l’hypothèse rend la déduction difficile et l’équation ne se résout qu’au fur et à mesure que les victimes s’accumulent.
Car oui, on est dans un slasher quand même ! Alors, on s’attend à ce que le bodycount et la mise en scène des meurtres soient à la hauteur de l'événement.

Côté « nombre de morts », si on est loin du massacre d’un Michael Myers, on peut être satisfait d’une fréquence meurtrière assez soutenue. Ce nouveau volet se veut même plus rythmé que le précédent qui accusait quelques coups de mou. Au niveau des meurtres, si les courses-poursuites et le jeu de chat et de la souris de Ghostface sont efficaces et bien réalisés, on peut se montrer déçu par le résultat final de la plupart. Certes, il y a du sang, quelques effets gores sympathiques, mais notre tueur manque malheureusement souvent d’originalité dans ses mises à mort. En gros, ce sera coup de couteau, coup de couteau et… coup de couteau. Seul le troisième acte du film se montrera plus généreux dans ses propositions avec une « bataille » finale frénétique, occasionnant des agressions plus variées. L’une d’elle, très « Covid-friendly » (quelle horreur d’utiliser ce terme, désolé !) est d’ailleurs plutôt réussie et drôle.

Car de l’humour, il y en aussi dans ce volet, comme dans les précédents. Quelques punchlines bien senties, du comique de situation, mais toutefois rien qui viendrait nous sortir d’un film dont le cœur se veut très premier degré. Tant mieux.

La réalisation, quant à elle, est, comme tout le reste du film, plutôt fidèle à l’esprit de Wes Craven. Rien d’expérimental, mais un formalisme de rigueur (ou une rigueur formelle, c’est vous qui voyez). Les réalisateurs préférant éviter toute grosse prise de risque pour ne pas perturber les fans, et certainement pour ne pas aller à l’encontre du travail effectué par Craven.

D’ailleurs, lorsqu’ils tentent une approche plus personnelle (le « jeu » des portes dans la maison des Hicks), c’est pour détourner, une nouvelle fois, un cliché du film d’horreur et pour en revenir très rapidement à une mise en scène plus standard. Certains pourront s’en plaindre, d’autres apprécieront le respect total des disciples envers le maître.

Ce cinquième volet est donc une transition réussie après le cycle « Craven ». Une recette qui fonctionne, une fidélité sans borne, les éléments indispensables d’un Scream, le côté méta, les personnages récurrents… Difficile de reprocher cette démarche choisie par les auteurs car trahir le travail et l’âme de Craven aurait été mal perçu par le public et vu comme une forme d’arrogance. Au lieu de ça, scénaristes comme réalisateurs ont préféré la déférence. Ainsi, si un sixième volet venait à sortir, maintenant que l’hommage est rendu, un supplément d’audace pourrait être mis en place. Car, malgré toutes les qualités de ce cinquième volet, si la saga ne trouve pas un moyen de se renouveler, elle risque de tourner en rond (c’est déjà le cas depuis quatre films diront certains) et de devenir une parodie d’elle-même. Chose qu’ont réussi à éviter Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett dans le cas présent.

Au final, si les avis sur le film vont diviser (c’est la guerre au sein de l’équipe d’Horreur.com !!!) et que les « anti-Scream » ne changeront pas d’opinion après celui-ci (en même temps, pourquoi aller voir quatre autres films quand on a déjà pas aimé le premier ?), il faut bien se rendre à l’évidence qu’aucune autre série de slashers n’a réussi à être aussi qualitative cinq films d’affilée et à garder une telle cohérence autant dans sa continuité scénaristique que dans son casting. Un bel exploit qui mérite d’être souligné. Alors, longue vie à Scream et longue vie aux slashers (mais avec pleins de morts inventives, quand même !).

Scream 5 | Scream 5 | 2022
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Bande-annonce

Pour moi, le film se vautre totalement dans son aspect "meta".

Là où le premier Scream installait une espèce de connivence avec le spectateur, avec des clins d'oeil pas forcément subtils mais bien placés, et qui n'empiétaient pas sur le suspense, ce "requel" a la finesse du pote bourré qui fait une blague bien grasse et qui vérifie à coups de coudes dans les côtes si t'as bien pigé. Ça donne un truc très cynique, une merde consciente d'être une merde et qui en fait son argument principal. C'est Sharknado avec un masque de Ghostface.

Résultat, pas de suspense puisque les réponses sont données dès le début (surtout si on connaît la saga...), peu d'intérêt, des personnages qui font regretter ceux de Scream 4 (mais Neve Campbell est superbe), quelques passages ridicules et un final interminable.

Je suis trop vieux pour ces conneries 😁et sans doute rebuté par la mode actuelle du "meta", qui sert trop souvent de cache-misère (pas aimé du tout le même aspect dans Matrix 4 par exemple) alors que ça peut être intéressant utilisé à bon escient (et Wes Craven le faisait très bien quand le mot n'était pas à la mode).

Note
4
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Sylvain Gib