Affiche française
NOMADS | NOMADS | 1985
Affiche originale
NOMADS | NOMADS | 1985
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Nomads

Nomads

Transporté mourrant à l'hôpital, l'anthropologue français Jean Charles Pommier glisse quelques mots à l'oreille de la jolie doctoresse penchée sur son cas avant de mourir brutalement. Celle-ci est prise de crises d'évanouissements de plus en plus violentes, tendant à lui faire comprendre que l'esprit de Pommier serait enfoui à présent en elle…

NOMADS | NOMADS | 1985

Il y a un début à tout, et surtout pour les réalisateurs : nanars, films cultes, chef d'œuvres parfois, on peut tomber sur tout et n'importe quoi, promettant un avenir radieux ou des années sombres. Grâce à "Evil Dead", beaucoup de premières réalisations surtout fantastiques virent le jour, prouvant que malgré un petit budget, on peut arriver à quelque chose de réellement convaincant. Si sa carrière n'est pas encore tout à fait remplie à ras bord, John McTiernan reste un artisan primordial dans le cinéma d'action : "Piège de cristal", "Predator", "Last action Hero", "Une journée en enfer", "Le 13éme guerrier"… Que du bonheur, mais bien avant tout ça, le roi de l'action a tout de même signé une petite série B fantastique, un objet étrange, pas forcement raté, mais très intriguant.

On voit bien ici que "Nomads" est une première œuvre, en fait assez maladroite et tout à fait singulière, peut être trop. Pourtant récompensé au festival fantastique de Paris en 1986, par le prix de la meilleure musique et du public, "Nomads" tombera dans l'oubli comme bon nombre de perles à cette époque. Sauf qu'ici l'oubli peut être plus ou moins pardonné, car dans la liste des films oubliés lâchement par le public et les critiques on a pu voir bien mieux, comme "La forteresse noire" ou encore "Paperhouse". Tout comme un certain et excellent "Pique nique à Hanging Rock", "Nomads" est une œuvre mystérieuse, dont l'aura particulière continue de flotter au-dessus du spectateur, même après la projection. En somme, cela fait parti de sa force, quoique McTiernan ne maîtrise pas tout dans son film

Le seul acteur bien connu du film reste Pierce Brosnan, assez sobre ici mais dont le personnage ne tient pas toujours la route : ainsi lorsqu'il suit les nomades du titre à travers les rues avant de les interpeller alors qu'ils viennent de tuer une victime ou lorsque qu'il saute inutilement d'une rambarde alors qu'il pouvait emprunter l'escalier (en plus il se fait mal), on se demande bien ce qui passe par la tête du personnage. Pire encore, la version française ne lui rend pas justice en lui donnant un infâme (et complètement hors sujet) accent allemand à deux balles. Le sujet est cependant très original, et aurait pu être encore plus envoûtant si le rythme avait été moins molasson.

Un chercheur français, Pommier, meurt dans les bras du Docteur Eileen Flax, à qui il transfère mentalement ses derniers souvenirs. Secouée, Eileen revient sans trop se contrôler sur plusieurs lieux différents, revivant ce qu'a vécu Pommier.
Celui-ci se serait installé avec sa femme dans une maisonnette apparemment tranquille, mais se retrouve intrigué par un groupe de punks roulant dans un obscur van, écumant les rues et les routes. En les suivant, Pommier affirme que ce sont de véritables "nomades", vivant d'un point à un autre, sans règle ni lois. La société n'existe plus pour eux, ce sont de véritables animaux qui se déplacent continuellement, tuant et détruisant ce qu'ils veulent quand ils veulent. Et si la société était une jungle, une faune de violence perpétuelle sans que l'on s'en rende compte ? Les thèmes chers à McTiernan sont d'ailleurs déjà présent ici, offrant au film plusieurs interprétations. L'identité des nomades restera d'ailleurs secrètement cachée, pourquoi tuent-ils ? Pourquoi vivent-ils ainsi ? Sont-ils des esprits malfaisants ? Et ce plan final des plus troublants continue quelque peu de rendre cette réflexion encore plus fascinante, plus intéressante.

D'ailleurs, le look des nomades rappelle aussi bien les désœuvrés de "Mad Max" que les voyous suceurs de sang de "Aux frontières de l'aube". La structure du film de McTiernan est d'ailleurs fort curieuse, alternant des scènes plutôt ennuyeuses, à d'autres plus réussies. Parmi elles, on se souviendra de la poursuite nocturne à travers les rues de la ville, ou cet assaut final impressionnant rappelant justement "Assaut". "Nomads" sait être inquiétant quand il le peut, comme le prouve le regard machiavélique de la femme nomade et cette séquence hallucinante dans un couvent hanté, qui reste le moment le plus surprenant et le plus flippant du film. Comme quoi… On taira l'abominable v.f (voir plus haut) ou cette volonté déjà présente de Monsieur Pierce bien avant les James Bond, à vouloir mettre les spectatrices féminines dans sa poche, en se foutant à poil sans véritable explication devant sa fenêtre, après avoir apparemment tué l'un de ses assaillants. Faisant continuellement osciller des scènes se déroulant dans une réalité peu passionnante et des flash-backs plus sombre, McTiernan signe une première œuvre inégale, balançant entre un style et une intelligence digne de Carpenter, et une maladresse parfois un peu gênante et encore trop importante.

NOMADS | NOMADS | 1985
NOMADS | NOMADS | 1985
NOMADS | NOMADS | 1985

* MGM a édité un dvd zone 1 depuis quelques temps, sans bonus, mais possédant des sous-titres français et proposé à petit prix.

* Le film a été selectionné au festival d'Avoriaz de 1986, et au festival international de Paris du film fantastique et de science fiction de 1986 où il a remporté le prix du public et de la critique.

Note
4
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Jérémie Marchetti