Belko Experiment - The

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Des expatriés américains qui travaillent dans le building de la « Belko Industries » à Bogota, en Colombie, se retrouvent confinés sur leur lieu de travail. Soudain, une voix surgit des haut-parleurs internes leur apprenant que vingt d’entre eux devront mourir dans un laps de temps imparti sous peine de représailles fatales. Très vite, une fois la stupéfaction et l’envie de se rebeller passées, une série de choix moraux et meurtriers s’imposeront à la majorité d’entre eux : ils devront jouer le jeu et massacrer le plus de collègues possible ou bien périr en cas d’inaction !

BELKO EXPERIMENT - THE | BELKO EXPERIMENT - THE | 2016

On avait déjà eu des gamins bloqués sur une île où ils s’y entretuaient ("Battle royale"), des gens se retrouvant enfermés dans un ascenseur et qui pétaient un câble, c’est le cas de le dire ("Devil", "Elevator"), d’autres qui se retrouvaient dans une sorte de grotte où un inconnu testait de loin leur résistance à la faim ("Affamés"). Mais on avait eu aussi des individus réunis dans une salle afin de servir de cobayes pour une expérience gouvernementale ("Killing room"), quand ce n’était pas dans une prison ("L’expérience") ou bien dans une espèce de bunker équipé pour une émission télévisée ("TV show"). Certains ont même été convoqués dans une grande tour d’une multinationale pour un entretien d’embauche et s’aperçurent très vite qu’ils étaient les objets et les sujets d’une sélection plus que mortelle ("La méthode"). Alors quand on apprit que The Belko experiment proposait grosso modo un synopsis mélangeant un peu toutes les références énumérées ci-avant, on se dit légitimement qu’on allait assister à un énième huis clos entre des personnages regroupés-là pour s’étriper et n’en « sélectionner », au final, qu’un seul : le sempiternel survivant, qu’il soit un homme ou une femme. Aurions-nous eu raison ?

Si The Belko experiment a été écrit par James Gunn (réalisateur de "Horribilis" et surtout "Les gardiens de la galaxie"), il a en revanche été réalisé par un spécialiste des genres survival/thriller/épouvante/horreur, à savoir Greg McLean, « coupable » des deux premiers volets de la franchise "Wolf Creek" ainsi que de la série éponyme et de "Solitaire (eaux troubles)". A priori, deux bonnes références. En outre, on retrouve au casting des acteurs comme : Michael Rooker ("Henry, portrait d’un serial killer"), Tony Goldwyn ("Le collectionneur"), John C. McGinley ("Identity") ou encore Gregg Henry ("Survivance"), autrement dit des lascars au faciès qu’on n’oublie pas si facilement ! On se dit alors que ça flaire le survival de bonne facture !

Eh bien pas vraiment, car si "Battle royale" (de 2000, déjà !) était en son temps subversif, depuis plus de dix ans, et on l’a vu en introduction, il y a eu pléthore de films de ce type avec des gars enfermés dans un endroit et à qui on demande de s’entretuer ou de se mutiler pour survivre, cf. les célèbres sagas que sont devenues "Cube" et "Saw" pour s’en rendre compte ! Bon ok, ce métrage veut dénoncer la nature humaine, l’effet de groupe et le capitalisme comme vecteur d’ascension sociale mais cela manque cruellement de subtilité. On aimerait également plus d'originalité et de cohérence ! Franchement, à l'heure d'Internet et des cellulaires ultra perfectionnés, personne ne va s’apercevoir de l’absence d’un des employés ? Quid des familles ? Des amis ? D’autres entreprises avec qui la Belko traite et il y en a forcément !? Des forces de l’ordre ?

Très bien, tout cela est peu probable, alors on va se contenter des meurtres et autres actes barbares. Mais tout suspense est vite étouffé dans l’œuf puisque la situation ne laissera pas beaucoup d'espoir à nos protagonistes de toute façon : ils sont constamment épiés par les caméras de surveillance et seront abattus à la moindre tentative d’insurrection. Certes, on obtiendra une tuerie assez sanglante mais on aurait pu s’attendre, à juste titre, à un peu plus de jusqu’au-boutisme car ici, les exécutions sont très rapides et n’offrent finalement qu’un jeu de massacre efficace certes, mais allégé. Bref, tout cela aurait gagné en sauvagerie, alors on va se concentrer sur les nombreux rôles secondaires pour nous satisfaire.

Malheureusement, une fois encore le bât blesse car malgré une distribution intéressante, aucun des personnages n'est réellement attachant. Et ceux qui ont des têtes de méchants jouent... les méchants, à une exception près. Rien de très nouveau donc sous le soleil du survival en lieu clos. A l’instar des protagonistes qui se retrouvent prisonniers de leur tour d’immeuble, les spectateurs le sont également d'une histoire qui n'a pas les moyens de ses ambitions.

Si au moins on avait un twist final génial ! Mais même pas, alors on se sera surpris une fois de plus à regarder des gens se faire occire sans vraiment se soucier de leur sort, sur fond de « Requiem » de Verdi, pour s’apercevoir également que cette bande-son a déjà été utilisée dans "Battle royale" ! WTF !

Même s'il ne propose pas grand-chose de nouveau avec son huis clos anxiogène dans un immeuble totalement fermé, The Belko experiment pourra tout de même satisfaire ceux qui n'attendaient rien d'autre que quelques meurtres sympathiques et gratuits et le plaisir transgressif de l’acceptation de la violence. En revanche, pour ceux qui espéraient une déflagration de violences en tous genres dès lors que c’était admis pour pouvoir survivre et une explication censée quant au but ultime de cette expérience, ils seront, à l’image de votre dévoué chroniqueur, quelque peu frustrés !

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Note
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Vincent Duménil