Affiche française
ASSAULT! JACK THE RIPPER | BOKO KIRISAKI JAKKU | 1976
Affiche originale
ASSAULT! JACK THE RIPPER | BOKO KIRISAKI JAKKU | 1976
Un film de
Scénario
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Pays
Genre
Couleur ?
oui
Musique de

Assault! Jack the ripper

Boko kirisaki jakku

Rien ne semble réunir ce pâtissier timide et cette serveuse caractérielle qui verront alors leur vie basculer un soir de tempête. Croyant bien faire, voilà que l'homme du couple laisse entrer une auto-stoppeuse trempée et à moitié-folle dans la voiture, faisant comprendre aux deux tourtereaux par des moyens relativement violents sa fascination pour l'auto-mutilation. A la suite d'un malencontreux concours de circonstances, la démente y laissera sa vie, obligeant le couple à se serrer les coudes pour planquer le corps...allant faire naître chez eux des pulsions morbides et incontrôlables.

La firme Nikkatsu et sa tripotée de Pinku n'a pas proposé que du fantasme bondage dans son sillage corrosif : la preuve avec la découverte toute récente de ce Assault ! Jack the Ripper qui s'écarte, avec assez peu de sagesse, des turpitudes SM généralement rencontrées dans ce genre de productions. Ce qui ne veut dire en aucun cas que la romance décrite ici affiche calme plat : depuis le temps, on connaît bien la vision extrême de la passion et de l'amour chez nos amis nippons...

Hasebe emprunte ici vaguement le fait divers à l'origine du cultissime Tueurs de la lune de miel, celui de deux amants se plaisant à massacrer des vieilles filles qu'ils contactaient par correspondance pour leur soutirer leur argent. Le motif du couple marginal et assassin est conservé, le reste lui, est tout simplement mis de côté.
Ce n'est pas l'appât du gain qui va créer une nouvelle vocation chez ces deux là, dont on ne connaîtra jamais strictement rien (niet du passé voire même des noms), mais une attirance malsaine pour toute forme de violence, et surtout si elle est exercée sur quelqu'un d'autre. Lorsque, au début de l'histoire, mademoiselle taquine son amant en le forçant à trancher en deux une pièce montée élaborée avec soin, tout semble déjà dit...
Ce carnage passionnel n'est d'ailleurs en fait qu'une reproduction de l'étrange rencontre qui scelleront leur passion, ou du moins, une reconstitution d'éléments clefs de cette rencontre : le sang perlant sur la peau, la lame qui la transperce, le corps féminin dévoilé, la mort et...un déchirement vaginal !

Ces deux là ont fusionné avec Eros et Thanatos mais ils ne le savent pas encore : pour combler leur morne vie, le sexe semble être la seule solution; dans leur cas, le meurtre devient alors la clef pour avoir recours à ce sexe bénéfique et surtout pour y prendre enfin du plaisir : en témoigne cette étreinte tristounette où les deux amants boivent une bouteille de Coca pendant l'acte en attendant tranquillement leur orgasme...qui ne viendra jamais.
L'héroïne comprendra même que la jalousie (un 69 dans une voiture avec un vieux !), ne suscite guère de remous vivaces chez son nouveau compagnon, puis ce sera le déclic, la découverte d'un loisir dangereux qui pourra enfin les unifier...mais bon, tout cela est vite dit.
Tempérament de feu et plastique parfaite (et ceci malgré une tête boulotte), Tamaki Katsura mène la danse en formidable grognasse sadique mais découvrira que son triste sire n'est pas aussi timide qu'elle le croit...et nous avec ! L'ombre d'un Jack l'éventreur plane sur ce corps fébrile et introverti, qui ne demande au final qu'à faire couler le sang.

Le film de Hasebe se tourne vers l'exploitation à l'américaine, voire vers le giallo (l'insistance sur les lames phalliques ou la mort de la styliste, propulsée contre une vitre avant de se faire lacérer presque érotiquement), le style et la rigueur du cinéma japonais en plus, et avec tous les débordements qui vont avec : Assault ! Jack the Ripper peut se targuer d'être le film contenant le plus de déchirements vaginaux de l'histoire, et l'on parlera bien sûr de ceux, moins orthodoxes et plus mortels, qui se se pratique avec une lame. Mais Hasebe n'est ni Fulci ni Mario Landi et ne montrera rien en dessous de la ceinture, ce qui ne l'empêche pas de nous faire profiter de petits giclées de sang et de bruitages très évocateurs. Douloureux.
Et par dessus ces visions sauvages et sanglantes, rien de mieux qu'un bande-son obsédante, à la fois niaise et mordante, composée d'inlassables chabadabada !
Complètement cinglé.

Note
5
Average: 4.2 (1 vote)
Jérémie Marchetti