Compte-rendu du Festival de Gérardmer 2025
Par David Maurice
Du Mercredi 29 au Dimanche 02 Février 2025 s’est déroulée la 32ème édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer.
Comme chaque année, Horreur.com couvre l’évènement durant ces cinq jours de festivités, entre projections, expositions, animations et stands en tout genre.
Celui que l’on considère comme le plus important Festival de Cinéma Fantastique en France nous a une fois de plus montré de bien belles choses cette année comme nous le verrons tout au long de ce compte-rendu annuel habituel.
Quelques nouveautés en 2025 !
Au niveau des nouveautés marquantes sur cette 32ème édition, nous pourrons tout d’abord citer la mise en place d’une nouvelle organisation pour la réservation des séances une semaine avant ayant permis de rendre le système plus fluide, le serveur n’étant pas saturé comme par le passé.
Autre fait marquant : le retour du vote du Public en sortie de projection ! Exit le système de vote en ligne qui privait de vote bon nombre de festivaliers qui soit oubliaient de voter soit ne le pouvaient pas car ils étaient en pleine projection à ce moment ou n’avaient tout simplement pas leur téléphone portable sur eux. Retour donc aux bonnes vieilles urnes en bois en sortie de salles mais le papier (utilisé pour les bulletins de vote) a été remplacé par des jetons faits à partir de vieux filets de pêche recyclés (une bonne touche RSE qu’il faut souligner ici).
Dans les nouveautés de cette 32ème édition toujours, nous retrouvions des séances matinales (8h30) avec la possibilité pour certains festivaliers qui le veulent de prendre uniquement un Pass Matin pour voir 4 films pour une vingtaine d’euros.
Il était également appréciable de ne plus voir la Nuit Décalée soumise à réservation : retour à la bonne vieille méthode du « 1er arrivé 1er rentré » qui nous permettait ainsi de pouvoir réserver un autre film à la place.
Une météo plus clémente cette année !
Une fois de plus, le Jeudi a été pluvieux (une petite pluie fine s’est jointe aux festivités de ce premier jour de festival) mais il a ensuite cédé la place à un vendredi nuageux avec des éclaircies avant de finir le festival sous un beau week-end ensoleillé comme l’an dernier. Une météo bien plus sympathique que l’année dernière (trois jours de pluie) et cela fait du bien !
Une très belle sélection
Cette année la Compétition semblait prendre le pas sur le Hors-Compétition (ce qui n’est pas toujours le cas, le Hors-Compétition regorgeant parfois de beaucoup de petites surprises voire même de pépites) et ce sont clairement les films "Oddity" et "Exhuma" qui étaient les plus attendus et faisaient office de têtes d’affiche de cette 32ème édition du festival.
Du côté du Hors-Compétition j’attendais pour ma part également le film "Presence" qui lui aussi avait été acclamé l’année précédente en festival mais aussi "In vitro" pour son pitch rassemblant des thématiques qui me parlent bien (l’agriculture et les biotechnologies).
La Compétition en tout cas était très alléchante cette année et nous étions plus qu’impatients, les festivaliers et moi, de découvrir tout cela !
Une Compétition qui en tout cas nous faisait une fois de plus voyager sur le planisphère mondial : l’Europe est bien là avec l’Espagne, la Belgique, l’Irlande, l’Allemagne et la France, mais également les Amériques avec les Etats-Unis, le Canada, l’Argentine et la Colombie, et on n’oublie pas l’Est du planisphère avec la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande !
Comme chaque année maintenant, nous avions également deux Nuits Blanches, l’une consacrée à la trilogie XXX de Ti West (avec les projections de "X", "Pearl" et "Maxxxine") le Vendredi et une autre que l’on ne présente plus : la fameuse Nuit Décalée (anciennement Nuit Fantastique) avec la projection de deux films ("L’attaque de la moussaka géante" et "Deviant").
Le Festival de Gérardmer n’en finit pas de nous surprendre en mettant à l’honneur cette année le cinéma fantastique vietnamien (appelé « V-Horror »).
Et pour se faire, furent projetés durant le festival trois films en provenance du Vietnam que sont :
- "Crimson Snout" de Lưu Thành Luân
- "Vietnamese horror story" de Trần Hữu Tấn
- "KFC" de Lê Bình Giang
Trois films étaient également présentés dans le cadre de la Rétromania (une rubrique dans laquelle nous revenons sur des grands classiques du cinéma fantastique) :
- "Massacre à la tronçonneuse"
- "La résidence"
- "Evil dead trap"
Par ailleurs, une rétrospective spéciale « Histoires de fantômes » avait été concoctée pour cette édition 2025 du festival. Furent donc projetés (en plus de certains films de la Compétition et du Hors-Compétition) dans le cadre de cette rétrospective :
- "A ghost story"
- "L’aventure de Madame Muir"
- "Fantômes contre fantômes"
- "Danse macabre"
- "Onibaba"
- "La main"
- "Enter the void"
Enfin, le film "Les aventures du Nexus VI" avait été projeté au cours d’une séance spéciale.
L’Hommage
Cette année, un hommage était rendu au cinéaste Ti West pour l’ensemble de sa carrière (qui est loin d’être finie) en fin d’après-midi du Samedi. Un artiste en pleine gloire depuis quelques années et qui venait tout juste de finir en 2024 une trilogie qui a beaucoup fait couler d’encre : la fameuse trilogie XXX
Le festival proposait également une Masterclass le Samedi après-midi ainsi que la projection de certains de ses films :
- La trilogie XXX donc ("X", "Pearl" et "Maxxxine")
- "The innkeepers"
- "The house of the devil"
- "The sacrament"
Les membres du Jury
Présidé cette année par l’actrice Vimala Pons ("La loi de la jungle", "La fille du 14 Juillet", "Vincent n’a pas d’écailles", "Elle", "Les garçons sauvages", "Vincent doit mourir"…), nous retrouvions également dans le Jury Longs Métrages :
- Le disc jockey et compositeur Vladimir Cauchemar
- Le réalisateur, scénariste et animateur Jérémy Clapin
- L’actrice Clotilde Hesme
- Le comédien William Lebghil
- Les cinéastes Caroline Poggi & Jonathan Vinel
Du côté du Jury Courts Métrages nous retrouvions auprès de la Présidente de Jury Emma Benestan (réalisatrice, scénariste et monteuse) :
- Le maquilleur Olivier Afonso (un ami à Horreur.Com que j’ai été content de retrouver à l’occasion de la projection le dimanche matin du film tant attendu "Exhuma")
- La réalisatrice Emma Chevalier
- L’acteur, musicien et chanteur Théo Cholbi
- L’actrice Tiphaine Daviot
A la rencontre des commerçants de la ville
Chaque année, je me restaure chez les commerçants de la ville et cette année je ferai un petit coup de pub une fois de plus pour la boulangerie « Les P’tites Douceurs » (venez y déguster les ficelles vosgiennes au lard et gruyère ainsi que les ficelles alsaciennes au lard et munster) mais également pour l’établissement Le Garden (des tartes flambées au munster riches et bonnes) et le kebab M&L (hé oui on mange également sur le pouce parfois entre les projections et les expositions) pour les très bons rapports qualité/prix !
Mais le festival, c’est aussi une aventure humaine : le mercredi soir après la Cérémonie d’Ouverture et le Film d’Ouverture, c’est raclette avec notamment le confrère Malik de OhMyGore.Com !
Des expositions et des exposants
La MédiaLudothèque de Gérardmer, célébra cette année certaines des icônes les plus célèbres de la culture horrifique avec une exposition évoquant la franchise « Universal Monsters » et intitulée « Monstres : les visages universels de la peur ».
Dracula, Frankenstein, le Loup-Garou, la Momie… ils étaient tous présents dans cette petite exposition mettant en avant des couvertures de magazines de l’époque ou encore des anciennes reproductions d’affiches.
La MCL (Maison de la Culture et des Loisirs) quant à elle proposa une exposition de bande dessinée de Benjamin Blasco-Martinez et Philippe Pelaez réalisée en partenariat avec les éditions Glénat : « Noir Horizon ».
L’histoire ?
« Dans un monde post-apocalyptique en souffrance, la planète Kepler-452 b intéresse de près l’armée. Toutes les tentatives de traverser son « mur » se sont soldées par de cuisants échecs. Mais qu'y a-t-il derrière cet écran noir d’où aucun des soldats n’est jamais revenu ? »
La Villa Monplaisir enfin nous faisait découvrir les univers oniriques, mystérieux ou monstrueux de six artistes réunis par le Festival dans le cadre de cette exposition tout près de l’Espace Lac :
- Françoise Andrès (Peintre)
- Teddy Bellino (Illustrateur)
- Hervé Cadiou (Peintre)
- Grégory Lê (Illustrateur), que nous ne présentons plus pour certains et qui était venu entre autres avec des illustrations à voir avec des lunettes 3D
- Kévin Marzal / Shadow Side Seeing (Illustrateur)
- Sébastien Fery-Voignier (Peintre)
N’oublions pas également de parler du Grimoire qui rassembla cette année une bonne vingtaine d’écrivains et de dessinateurs : Judith Beauvallet - Alain Bérard - Benjamin Blasco-Martinez - Jérôme Bonnet - Thierry Cara - Sébastien Carré - Coralie Chastain - Jean-Baptiste Del Amo - Olivier Deparis - David Diez - Marc Falvo - Gaëlle Fratelli - Aaron Judas - Julian Marchais- Nicolas Martin - Bruno Mehul - Richard Morel - Alice Pasina - David Rault - Jean K. Saintfort - Cédric Sire - René Vincent-Viry - Bernard Werber.
Et enfin, parlons de l’Espace Fantastique : situé à l’Espace Tilleul, juste en face du « Grimoire », il s’agit des stands de goodies, dvd/BR, tee-shirts, jeux de société, maquillages…
L’occasion d’y retrouver une fois de plus l’ami Loïc Bugnon de « La Quatrième Dimension » (et d’acheter une fois de plus quelques figurines…)
Des animations
Le festival proposait également cette année deux évènements musicaux :
- Un atelier de Création Musicale à l’Auditorium de l’Ecole de Musique
- Concert « Les souffles du vent » proposé par l’Orchestre Symphonique de l’Ecole de Musique à l’Eglise Saint-Barthélémy
Mais ce n’est pas tout, nous avions également, parmi pléthore de joyeusetés au programme : feu d’artifice, zombie walk, jeu de piste, escape game, burger quiz ou encore marché de produits locaux.
MERCREDI 29 JANVIER 2025
18h, il est temps de se rendre à l’Espace Lac muni de mon invitation pour la Cérémonie d’Ouverture de la 32ème édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer. L’occasion de retrouver dans la file d’attente des têtes bien connues de festivaliers qui m’accompagnent durant toute la durée du festival depuis tant d’années et avec qui je prends toujours plaisir à discuter !
19h, la Cérémonie commence. Après un hommage rendu à David Lynch, ce sont les traditionnels discours des politiciens de la région qui s’enchainent pour ouvrir le bal des festivités (nous aurons dans l’ordre l’Adjointe à la Culture et à l’Animation de la ville de Gérardmer, la Conseillère Générale du Grand Est déléguée à l’égalité Hommes/Femmes, le Président du Conseil Départemental des Vosges et le Sous-Préfet de l’Arrondissement de Saint-Dié Des Vosges).
Puis vient un moment important dans cette Cérémonie d’Ouverture : la passation de relais pour la Présidence de Gérardmer. Très forte en émotions, celui qui est aujourd’hui Président d’Honneur, Pierre Sachot, cède sa place à Anne Villemin dans un tonnerre d’applaudissements pour saluer tout le travail effectué pendant 31 éditions et pour souhaiter bonne chance à sa successeuse (qui a d’ores et déjà apporté quelques nouveautés comme expliqué plus haut et dont on ne peut s’attendre qu’à de bonnes choses par la suite je pense).
Enfin arrive le discours de la Directrice du Festival Aude Hesbert (une fois de plus un discours propre et fluide, comme le sera également plus tard celui qu’elle fera pour l’hommage à Ti West le samedi) qui précède la présentation de notre Jury Longs Métrages qui monte comme chaque année sur la grande estrade pour clôturer comme il se doit cette Cérémonie d’Ouverture.
Film 01 : COMPANION (Hors-Compétition, film d’ouverture)
Une histoire d’amour d’un tout nouveau genre…
Il est à présent l'heure de voir le premier film de la sélection : "Companion".
Choses assez rares pour un film d'ouverture, le film de Drew Hancock (qui nous transmis une rapide vidéo pour introduire son premier long-métrage) était un film Hors-Compétition et surtout il sortait pile ce même jour dans les salles obscures françaises. Beaucoup l'ont donc déjà vu ce mercredi sur le territoire et pourront en témoigner aisément : voilà un bon choix pour un film d'ouverture!
"Companion" est une bien sympathique surprise qui plaira à un large public, le film n'étant ni porté sur l'aspect gore, auteuriste ou encore intello. Et pour un film d'ouverture il est important de projeter un film "passe-partout" au vu du public dans la grande salle de l'Espace Lac qui compte, en plus des fantasticophiles que nous sommes, de nombreux partenaires et journalistes parfois novices en cinéma fantastique (on se souviendra toutes et tous du "Frankenstein" de Bernard Rose présenté une année en Cérémonie d'Ouverture et qui versait trop dans le sang et la violence au point de faire sortir de la salle pas mal de gens peu habitués à ce genre de cinéma).
Mélange de comédie et de science-fiction, "Companion" fait parfaitement le job. Dynamique, doté de péripéties bienvenues et d'un casting de bonne facture (Sophie Thatcher et Jack Quaid en tête), nous suivons agréablement les mésaventures de trois couples dans une vaste propriété en pleine nature. Avec son scénario prenant rapidement un virage à 180° (nous déconseillerons fortement la bande-annonce qui spoile le film de manière honteuse et qui me rappelle pourquoi je ne les regarde quasi jamais...), le film de Drew Hancock saura vous surprendre et vous amuser durant ses 1h35, entre rebondissements et flash-backs humoristiques bienvenus avec comme thématique forte la "femme objet" (qui nous ramène à quelques faits divers de ces dernières années d'où une petite critique sociale bien amenée ici) et ce que nous pourrions parler d'émancipation féminine de façon plus générale.
Bref, une réalisation bien huilée pour une intrigue bien ficelée, voilà le parfait film d'ouverture! Cette 32ème édition du Festival de Gérardmer commence fort bien !
JEUDI 30 JANVIER 2025
Film 02 : GRAFTED (Compétition)
Wei, une jeune femme chinoise brillante, mais souffrant d’un handicap physique, part étudier dans une prestigieuse université en Nouvelle-Zélande. Peinant à se faire des amis, elle poursuit les recherches de son père, un scientifique décédé, pour créer un sérum de beauté et devenir ainsi belle et populaire.
Premier film en Compétition cette année, le film néo-zélandais "Grafted" faisait office de curiosité avec son pitch qui nous rappelle des films tels que "Rage", " La prison des apparences", "The stylist" ou encore plus récemment "The substance". La quête de la beauté, la discrimination vis à vis du physique (coucou "Carrie"), les sérums de beauté... On connaît bien tout cela et nous attendions donc un peu de nouveauté dans cette thématique, véritable reflet de notre société moderne où l'on nous abreuve de filles superficielles et de bonhommes bodybuildés histoire de faire naitre toutes sortes de jalousies.
Et "Grafted" réussit à nous offrir une histoire pleine de rebondissements plongeant notre protagoniste principale dans une descente aux enfers, fluide et rythmée, mêlant humour, thriller et body horror (on pensera également à "Society"). Malheureusement, le film regorge de petits défauts certes peu dérangeants pour la plupart (des personnages très stéréotypés, des attitudes peu convaincantes par moments...) mais le manque de cohérence est clairement là où le film déçoit le plus, au point de rendre cette histoire quelque peu bancale au final dans sa lecture.
Pour autant, ne boudons pas notre plaisir : la réalisatrice nous fait une proposition honnête, généreuse (les effets gores et les péripéties sont nombreuses) et parvient à conserver un rythme plutôt soutenu (quelques rares petits moments auraient mérité de gagner en intensité toutefois) qui font de ce premier film une sympathique incursion dans le milieu fantastique qui semble la passionner à en croire son petit message qui semble très sincère en début de projection.
À noter également une très bonne bande originale qui renforçait clairement l'intensité de certaines scènes.
Une certaine Coralie Fargeat avait fait les mêmes erreurs dans son premier long-métrage "Revenge" (beaucoup d'incohérences et des personnages stéréotypés mais un rythme soutenu et des scènes agréables ponctuant le métrage) et étrangement là aussi, de la même façon que pour "Grafted", je m'étais laissé finalement embarqué, acceptant finalement ce défaut de cohérence pourtant important, pour plonger dans cette histoire ponctuée de petits moments mémorables.
Film 03 : SHE LOVED BLOSSOMS MORE (Hors-Compétition)
Trois frères construisent une machine à remonter le temps pour ramener à la vie leur mère décédée. Lorsque leur père entre en scène, les expériences tournent mal et ils s’enfoncent dans un enfer psychédélique où le passé et le présent fusionnent.
Film présenté en Hors-Compétition, "She loved blossoms more" est un projet franco-grec qui a déjà été présenté dans quelques festivals dont le FEFFS des voisins alsaciens ou encore le NIFFF pas très loin en Suisse.
Voilà clairement un film qui va diviser le public à Gérardmer cette année (il en faut toujours un ceci dit). Car oui le film est hautement expérimental soyons francs d'emblée et nous plonge dans une maison délabrée dans laquelle troisième frères, adeptes de drogues en tout genre, tentent de mettre au point une machine à remonter le temps pour ramener leur défunte mère, sous la pression de leur père qui exige des résultats rapidement.
Entre trips hallucinogènes et cauchemars psychédéliques, nous baignons ici en plein onirisme où tout semble confus par moments et où nous perdons une partie de nos sens (pertes de notion du temps et de l'espace notamment). Entre réalité et fiction/hallucination, on se laisse emporter dans les activités tantôt scientifiques (programmations informatiques, tentatives de téléportation...) tantôt djeun's (sexe et drogues) de ces jeunes qui tentent de surmonter (au même titre que leur père, joué par Dominique Pinon) le deuil d'une mère. Un deuil visiblement très difficile car nos protagonistes semblent perdus, laissés à eux-mêmes et en marge d'une Société qu'ils évitent, reclus dans leur maison non entretenue, bien souvent noyés dans leurs trips virant aux hallucinations et à la débauche.
Un film particulier qui proposera à son public plusieurs niveaux de lecture. Pour ma part, j'ai choisi le mien mais pas sûr que j'aurai envie de revoir le film (cette lenteur et monotonie dans la réalisation ayant eu raison de moi) pour y voir d'autres explications possibles.
Film 04 : LAST STOP : ROCAFORT STATION (Hors-Compétition)
Laura a décroché un emploi dans le métro de Barcelone : on lui a attribué la vieille et tranquille station Rocafort. Tout semble parfait dans sa nouvelle vie jusqu’à ce qu’elle découvre que la station abrite une légende urbaine : de nombreuses personnes y sont mortes dans d’étranges circonstances et personne ne semble vouloir connaître la vérité. Laura se met alors à enquêter et sera très vite rattrapée par la malédiction…
Place à un nouveau film Hors-Compétition avec le film espagnol "Last stop : Rocafort Station".
Voilà un petit film classique dans le milieu du paranormal qui nous plonge dans les galeries de métro de Barcelone. Les codes du genre sont bien présents, impossible de s'y tromper : entre les jumpscares, les apparitions fantomatiques, les cauchemars incessants de notre protagoniste principal ou encore les investigations à la bibliothèque pour en savoir plus sur le passé sombre de certains personnages, tous les ingrédients propres aux films de fantômes sont là.
Et pourtant, ce qui semblait être au départ un film de fantômes classique (ce qu'il est également) va sur le dernier quart d'heure montrer une toute autre facette (je n'en dis pas plus rassurez-vous mais voilà de quoi vous tenir en haleine et vous rassurer si vous pensiez voir quelque chose de trop basique/scolaire) pour finalement récolter de très sympathiques et sincères applaudissements dans la salle.
Avec son casting de bonne facture, ses effets spéciaux et maquillages simples mais réussis, son ambiance lugubre (Ah les rames de métro et ses galeries souterraines !!! "Mimic", " End of the line", "Midnight meat train", "Creep"... bénéficient très souvent d'une bonne ambiance), son casting convaincant et donc son final bien trouvé et inattendu, " Last stop : Rocafort Station" nous a offert un bon petit moment même si ce dernier est le genre de film que l'on ne revoit pas forcément une seconde fois.
Film 05 : ODDITY (Compétition)
Darcy, une jeune femme aveugle travaillant dans un magasin de curiosités, est convaincue qu’elle peut communiquer avec l’au-delà. Après le meurtre de sa sœur jumelle, elle cherche à démasquer l’assassin en utilisant un inquiétant mannequin en bois issu d’une collection d’objets maudits.
Deuxième film en Compétition, l'irlandais "Oddity" fait partie des têtes d'affiche avec notamment "Exhuma" sur cette 32ème édition.
Cette cuvée 2025 faisant la part belle aux films de fantômes, "Oddity" est le long-métrage parfait dans la Compétition pour représenter cette thématique. Ce deuxième film de Damian McCarthy jouissait déjà d'une bonne réputation avant d'arriver dans les Vosges, ce dernier ayant déjà fait un sacré beau parcours en festival.
Et force est de constater que cette petite notoriété en festival n'est pas due au hasard : voilà un bon petit film de flippe comme on n'en fait pas si souvent (ces dix dernières années rares sont les films m'ayant fait frissonner - peut-être est-ce dû à une certaine accoutumance à ce genre de films depuis tant d'années - et je retiens surtout "The vigil" de Keith Thomas en 2020, "Abuela" de Paco Plaza en 2021 et bien évidemment "Conjuring, les dossiers Warren" de James Wan qui a déjà une quinzaine d'années au compteur).
Et ici notre cinéaste irlandais a bien travaillé son scénario car, à la manière de "Last stop : Rocafort Station" juste avant, il ne s'est pas juste cantonné à des fantômes pour sortir des sentiers battus et proposer quelque chose de plus complet. Avec un fantôme, une médium aveugle, l'utilisation d'objets pour lire le passé, un mannequin de bois qui fait froid dans le dos (comment ne pas penser à un certain épisode de "Creepshow 2" ?), des internés d'un asile voisin et une vaste maison isolée et glauque à souhait aux planchers qui grincent, "Oddity" use de nombreux ingrédients et procédés (des flash-backs bien incrustés, le fameux appareil photo qui dévoile des choses...) pour instaurer une ambiance pesante, un climat frissonnant, et nous plonger dans ce thriller surnaturel bien pensé.
Une structure narrative qui donne parfois l'impression d'avoir plusieurs sketchs rattachés les uns aux autres par un même fil conducteur : comprendre ce qui est arrivé à la femme d'un médecin, sœur d'une médium faisant office de détective ici. Un film qui nous tient en haleine sans le moindre souci, entre ses quelques rebondissements bien amenés et ses passages frissonnants à souhait dans cette vieille demeure en bois et pierres dans laquelle notamment trône cette hideuse et effrayante statue en bois mais dans laquelle également le fantôme de la défunte femme semble se promener.
Le jeu d'acteur est très bon (la comédienne jouant le rôle de la médium est d'ailleurs venue nous présenter le film), le climat froid et pesant est bien instauré et fonctionne à merveille, les petites touches d'humour distillées avec grande parcimonie font leur effet également, et le scénario monté à la manière d'un petit puzzle se construit progressivement avec habilité et sans prise de tête.
Ne cherchons donc pas la petite bête : nous avons là un très bon film paranormal qui fait la fierté de la Compétition cette année.
Film 06 : IN A VIOLENT NATURE (Compétition)
Après s’être fait dérober un précieux artefact, cadeau de sa mère, un tueur en série s’extirpe de sa tombe pour entamer une quête vengeresse. Il va traquer un groupe de jeunes qui se racontent son histoire.
Troisième film de la Compétition, le slasher canadien "In a violent nature" fait partie des deux longs métrages cette année à recevoir un avertissement pour les plus jeunes (avec le vietnamien "KFC" déjà vu en dehors du festival).
"Ah top !!!!!" se dit-on alors, pressés de voir une bonne petite série de meurtres bien graphiques perpétrés par encore un de ces tarés dans les bois!
Hé bien... Ce n'est pas faux! Le film de Chris Nash se veut bien vénère dans ses meurtres (à en faire pâlir un Jason Voorhees et un Victor Crowley !!!), violents et saignants à souhait, très graphiques (pas de hors-champs ici, les coups et leurs impacts sont montrés sans la moindre pudeur) et fort bien réalisés (bravo pour ce joli travail de SFX) ! Je ne rentrerai pas dans les détails de ces derniers car cela gâcherait l'effet de surprise pour celles et ceux n'ayant pas vu le film.
Mais ce qui marque également et permet à "In a violent nature" d'être une œuvre si singulière, c'est la façon dont il est filmé. Faisant quasi toujours dos à notre tueur (comme si on le suivait dans sa quête sanguinaire à la recherche d'un collier qu'une bande de jeunes crétins lui ont volé sur sa tombe) comme pour nous inviter à prendre sa place et surtout à prendre part à la fête au meilleur des rangs, les spectateurs sont en immersion totale (l'absence de musique est ici remplacée par les bruits habituels de la forêt).
Mais cette façon de faire a aussi malheureusement un prix... En effet à l'inverse des quelques scènes de celui que l'on surnomme The Shape dans "La nuit des masques" (notre bon vieux Michael Myers, était-il nécessaire de le rappeler?...) où l'immersion est également de la partie, ici nous n'avons pas de scénario/intrigue autant ficelé et permettant de sortir de la peau du tueur. L'écriture est très basique (un tueur zombifié qui massacre quiconque se trouve sur son chemin jusqu'à ce qu'il retrouve le collier de sa mère) et tout est misé sur le côté immersif, réaliste et agressif.
Nous allons donc suivre durant de très longues minutes notre zombie marcher dans la forêt à la recherche de la prochaine victime ou encore attendre patiemment avec lui derrière un fourré le bon moment pour passer à l'action. C'est long, très lonnnnnng (certains plans fixes semblent interminables et m'ont rappelé un certain festin de pâtes dans le très soporifique "A ghost story", tandis que les deux grands passages de dialogues sont terriblement longs et desservent carrément le film : l'un car la caméra ne cesse de tourner autour d'un feu de camps qui a manqué de peu de me donner le tournis et l'autre - un monologue d'une automobiliste - est tout simplement inutile si ce n'est de faire un rapport avec la nature et un rapprochement avec la faune avoisinante... Mouais...) et cela va tout de même sacrément gêner ma projection et celle de nombreux spectateurs interrogés en fin de séance.
Peut-être aurait-il été plus judicieux de raccourcir ces longs plans fixes et de diminuer un peu les longues marches en forêt, quitte à se rapprocher de la durée d'un moyen-métrage (ce qui n'est évidemment pas la chose recherchée j'en conviens...).
Mais voilà, prenons ce "In a violent nature" comme quelque chose d'assez rare, une œuvre singulière certes minimaliste et sacrément monotone, mais également drôlement immersive mais aussi agressive quand il s'agit de passer à l'acte!
VENDREDI 31 JANVIER 2025
Film 07 : RUMOURS (Compétition)
Réunis dans un château en Allemagne pour leur sommet annuel, les dirigeants des pays du G7 s’installent en bordure d’une forêt pour préparer leur déclaration. Soudain, le groupe constate que le personnel qui les entourait a disparu. En voulant tenter de les retrouver, les sept politiciens s’enfoncent plus avant dans une forêt qui s’avère pleine de périls et de mystères.
5/p>
Quatrième film de la Compétition, le canadien "Rumours" fait son entrée géromoise ce Vendredi à l'Espace Lac. Pas de présentation, pas d'invité pour présenter le long-métrage, ce dernier démarre dans la plus grande discrétion. Et le moins que l'on puisse dire ici est que nous venons de voir un véritable OFNI.
Avec son casting de têtes connues (Cate Blanchett, Charles Dance, Roy Dupuis, Denis Ménochet), "Rumours" est un savoureux mélange de satire politique et de comédie fantastique. Très bavard (mais dans le bon sens : les dialogues sont bien écrits, certains gags sont savoureux), le film nous fait prendre part au G7 et aux discussions entre les dirigeants des sept pays les plus puissants de la planète.
Entre groupes de travail façon très scolaire entre chefs d'Etats, enjeux géopolitiques qui visiblement semblent bien emmerdants pour nos amis et rédaction d'une déclaration provisoire vouée à l'échec, nous suivons une bande de politiciens tournés en dérision, à côté de la plaque et perdus dans leurs prises de décision. On y retrouve une galerie de personnages totalement décalés avec chacun leurs défauts avec par exemple un dirigeant canadien volatile et coureur de jupons, un américain qui dort en plein groupe de travail, un italien aussi inutile que radin, une allemande en manque de sexe ou encore notre dirigeant français (Denis Ménochet) qui se la joue beau parleur mais sacrément maladroit et profiteur.
Avec ce genre de contexte vraiment original et drôle à la fois, il est dommage de voir le soufflé retomber un peu en cours de film (moins drôle et très bavard) mais pour finalement se regonfler un coup pour cette fin incroyable d'absurdité qui marque le summum de la satire politique présentée ici. Un délice!
"Et le côté fantastique dans tout cela? " me direz-vous. Hé bien si je vous dis que la crise actuelle est matérialisée ici par un ciel semblable à la porte des Enfers et que la population est symbolisée par des cadavres de 2000 ans issus de fouilles archéologiques dans le coin, ressemblants à des pantins désarticulés (voilà comment nous voient nos chers dirigeants) qui n'hésitent pas à (preuve à l'image lol) "s'en branler des discours sans queue ni tête de leurs dirigeants", voilà la réponse (en partie) à votre question!
Une œuvre très sympathique qui certes ne livre pas toujours des réponses claires à tout ce que nous avons pu voir ou comprendre mais votre imagination fera le reste!
Film 08 : AZRAEL (Compétition)
Dans un monde où personne ne parle, Azrael doit être sacrifiée pour apaiser un mal ancien qui réside au cœur de la nature environnante. Echappée de sa captivité, la jeune femme ne reculera devant rien pour assurer sa survie.
Cinquième film présenté en Compétition, j'attendais ce fameux "Azrael" sur lequel j'avais entendu quelques éloges en provenance d'autres festivals.
Hé bien je n'ai en effet pas été déçu car le film fait office, à ce moment du festival, de gros challenger pour les Awards avec le flippant "Oddity" !
Mélange habile de film de monstres, de film de secte sacrificielle et de survival movie avec une pincée de MadMax le tout en milieu forestier : voici le tonitruant "Azrael".
Bien rythmé, esthétiquement réussi, proprement casté et généreux en effets gores et sfx/maquillages en tout genre, le film d'E.L. Katz (à qui l'on doit notamment "Cheap thrills") est une petite réussite.
L'horreur est très graphique ici (une violence que l'on peut qualifier de frontale avec tout ce qu'il s'en dégage comme brutalité de la part des derniers hommes sur Terre qui pratiquent des rites sacrificiels ou ces monstres qui peuplent la forêt et dévorent celles et ceux qui croisent leurs chemins dans des amas de chairs et des effusions de sang très réalistes) mais elle est également sonore. En effet, le travail effectué sur le son est magistral : bien qu'aucun personnage ne parle (dans ce monde post-apocalyptique, les humains sont condamnés à survivre dans le silence le plus complet qu'il soit), "Azrael" va utiliser tous les bruitages possibles pour nous retranscrire l'horreur et la brutalité de nombreux passages. Déchiquetages de peau par les dents aiguisées des monstres qui peuplent la forêt, écoulements de sang, impacts des coups de pieds/poings, explosions, détonations d'armes, crépitements de feux... Nous voilà face à un film qui ne fait pas dans la dentelle et nous en met plein les yeux mais aussi plein les oreilles!
Le rythme effréné est également l'un des atouts de "Azrael" qui ne souhaite laisser aucun répit à ses personnages mais également à son public. Courses poursuites entre les arbres d'une vaste forêt menaçante et lugubre à souhait, mise à feu et à sang d'un camps de fortune fait de toiles et de taules, combats à mains nues ou armées d'une violence dingue (les coups font mal à l'écran), attaques en meutes des monstres à de nombreuses reprises... Ca détonne à tout va, ça pétarade sec, ça frappe fort : aucun doute que l'on ne sort pas indemnes d' "Azrael" et on en redemande !
Film 09 : CRIMSON SNOUT (Hors-Compétition, V-Horror)
Face aux événements surnaturels qui surviennent après la mort de son père, Nam doit trouver un moyen de fermer l’abattoir de chiens familial, qu’il croit être la cause de ces incidents étranges. Au même moment, il s’efforce de protéger sa petite amie et leur enfant à naître de la trahison des membres de sa famille…
Cette année, la V-Horror (entendez par là le Cinéma de Genre Vietnamien) était à l'honneur avec trois films dont le terrible "KFC" de Le Binh Giang (que je connaissais déjà grâce au combo dvd/BR de chez Spectrum sorti quelques années plus tôt) et ce fameux "Crimson Snout" de Luu Thanh Luan dont il est question à présent ici.
Et d'ailleurs le film sera introduit par les deux réalisateurs mentionnés ci-dessus, venus sur Gérardmer pour l'occasion (Le Binh Giang s'amusera d'ailleurs à dire qu'il est étrange de constater qu'à l'inverse de chez eux les routes sont désertes et que toute la population de Gérardmer semble être en réalité dans les salles).
Avec ce "Crimson Snout", une chose est sûre : le dépaysement est total! Entre légende du pays, folklore vietnamien et plongée dans les us et coutumes de ce pays asiatique (on découvre le fonctionnement des cérémonies funéraire, la vie sociétale et familiale mais également la gastronomie lors d'une incursion dans un marché typique vietnamien...), l'immersion est réussie.
Film traitant d'un conte vietnamien dans lequel un chien blanc à truffe rouge est un messager entre le monde des Vivants et celui des Morts, le long-métrage de Luu Thanh Luan nous plonge en pleine malédiction qui frappe une famille venant tout juste de perdre son patriarche. Le clan va alors se retrouver en proie à de mystérieux évènements (apparitions cauchemardesques, terribles maux frappant les membres de la famille...) qui vont dégrader fortement les liens qui unissaient chaque personne. Les langues vont se délier, des révélations vont émerger au sein de cette famille pourtant soudée aux premiers abords (à quelques choses prêt), des secrets bien gardés vont être percés au grand jour, tout cela sous les apparitions spectrales qui les hantent depuis la mort du patriarche et qui ne font que raviver le feu (déjà bien attisé depuis que le fils a annoncé maladroitement son envie de se marier le jour de l'enterrement de son père... D'une délicatesse foudroyante!) entre des personnages effrayés par ce qu'ils voient ou ressentent, mettant ces derniers sous tension, prêts à faire voler en éclats leur propre famille.
Et Dieu seul sait comme la famille est importante en Asie et ce type de situation au sein de celle-ci fait l'effet boule de neige et rapidement cela provoque éloignement et inquiétude des voisins, laissant cette famille livrée à elle-même, en proie à ses propres démons et ces apparitions démoniaques dont seul un chaman semble pouvoir peut-être les en sauver... À moins que la solution ne réside dans l'expérience identique qu'a connu une autre famille endeuillée...
Et bien que certains effets puissent paraître un peu cheap, ces apparitions cauchemardesques (des chiens à têtes d'homme, des hommes à têtes de chien, des mains qui vous agrippent soudainement...) fonctionnent plutôt bien en général à l'écran et renforcent un climat parfois anxiogène la nuit dans les deux maisons occupées par cette famille.
Et si on en oublie le final qui s'étend peut-être un peu trop en longueur, "Crimson snout" possède un rythme plutôt soutenu et n'ennuiera nullement le spectateur (d'ailleurs les attaques de ce qui semble être un esprit malin sont parfois redoutables et laissent de bien vilaines blessures) qui se laissera emporté par cette histoire d'esprits et de malédiction plutôt réussie et dépaysante, et proposant un savant mélange entre horreur et humour par moments bienvenu. Pari réussi pour le festival !
Film 10 : THE WAILING (Compétition)
Quelque chose hante Andrea, mais personne, pas même elle, ne peut le voir à l’œil nu. Il y a vingt ans, à dix mille kilomètres de là, la même présence terrorisait Marie. Camila était la seule à pouvoir comprendre ce qui lui arrivait, mais personne ne les croyait. Face à cette menace oppressante, toutes trois entendent le même son écrasant : un cri.
Sixième film de la Compétition, "The wailing" de Pedro Martín-Calero fait son apparition à l'Espace Lac en ce dernier jour de Janvier, un mois et demi après être passé à Paris au PIFFF.
Décomposé en chapitres portant chacun le nom de l'une des protagonistes du film (Andréa, Camila et Marie), "The wailing" est une belle réalisation de son réalisateur qui nous propose ici son tout premier long-métrage. Avec une réalisation léchée, un casting parfait (merci notamment Ester Exposito, vue dans la série à succès "Elite" et dans "Venus" de Jaume Balaguero) et un jeu d'ambiances convaincant, le film aurait clairement pu être un sacré challenger (entendez par là un film inattendu qui viendrait se faire une place dans le top de la Compétition) si la toute dernière partie du film avait été à la hauteur de tout ce beau travail fait jusque là. Je reviens là-dessus juste après...
Le découpage du film est clairement l'une des forces de ce film qui donne une approche scénaristique singulière, traitant son intrigue du point de vue de personnages différents, liés par un même mal, avec un style bien différent d'un chapitre à l'autre (le mystère plane dans le premier chapitre pour laisser place à du voyeurisme en seconde partie et virer dans le cauchemar et l'effroi dans le dernier acte).
Mais malgré sa narration en chapitres bienvenue et cohérente, son intrigue passionnante et ses sympathiques moments tantôt angoissants et tantôt effrayants, "The wailing" a cette mauvaise idée de rester sur un final laissant libre cours à notre interprétation. Alors sur certains films cela ne dérange nullement (voire même parfois a tout son sens) mais quand on développe à ce point une intrigue, un travail sur chaque personnage et que des passages attendent clairement une petite pointe d'explication car un sentiment d'incohérence pointe son nez (je pense par exemple à cet appartement, lieu central de l'intrigue, où Andréa se fait piéger mais pas sa mère 20 ans auparavant) ou du moins un sentiment d'inachevé après autant de précisions dans la narration (mais qui est donc cette personne que l'on ne voit que sur les photos? Pourquoi ces jeunes femmes et pas d'autres ?...), on se dit "mince alors...". Bref une frustration nous envahit quand soudainement les premières lettres du générique de fin arrivent.
Pour autant, qu'à cela ne tienne, j'ai moi-même retravaillé le scénario et trouvé tout seul comme le grand garçon que je suis des réponses à mes questions mais une fin plus éclairée avec la vraie explication du réalisateur ne m'aurait pas déplu, bien au contraire.
SAMEDI 01 FEVRIER 2025
Film 11 : IN VITRO (Hors-Compétition)
Dans un futur proche, Layla et son mari Jack expérimentent des techniques de biotechnologie dans l’espoir de sauver leur ferme d’élevage au bord de la faillite. Lorsqu’une série d’événements étranges se produisent, Layla soupçonne son mari de faire des expériences scientifiques qui pourraient bien la menacer…
Nouveau film présenté en Hors-Compétition, le film australien de Will Howarth et Tom McKeith était clairement l'un des longs métrages que je souhaitais voir lors de cette 32ème édition, toutes compétitions confondues.
"In vitro" est un film de science-fiction mêlant thriller et biotechnologie et mettant en scène un couple d'éleveurs faisant des expériences de clonage sur des vaches pour augmenter leur cheptel et forcément... quelque chose va mal se passer! Voilà de quoi nous faire réfléchir quant à l'intrigue pour imaginer ce qui va bien pouvoir arriver! Le type de film qui fait forcément penser à des "Isolation" et "Black sheep", tous deux passés par la Perle des Vosges il y a maintenant un bon paquet d'années.
À une époque où l'agriculture connaît une situation des plus compliquées en France tandis que l'on robotise et mécanise de plus en plus les process/pratiques industriels ou semi-industriels, ce film venu d'Océanie fait office de véritable miroir de notre Société actuelle.
Doté d'un casting de très bonne facture (trois personnages et des interprétations solides), d'une intrigue qui ne manque pas de rebondissements (ça twiste pas mal dans ce film et on nous balance de révélation en révélation pour nous amener progressivement vers un final surprenant et bienvenu) et d'un côté éthique qui nous pousse à continuer de nous poser des questions sur cette pratique du clonage, grand sujet scientifique depuis plusieurs décennies maintenant.
Mais jusqu'où peut aller la Science? Quelles sont les frontières à ne pas dépasser pour rester dans ce qui est acceptable? Qu'est-on prêt à faire par amour et pour résister à la pression financière?... "In vitro" pose toutes ces questions et beaucoup d'autres encore et vient se placer comme le meilleur film du Hors Compétition vu pour le moment. Je savais que cela me plairait (j'avais remodelé tout mon calendrier à plusieurs reprises avant l'heure des réservations pour le voir) et je n'ai pas été déçu.
Film 12 : LE MAITRE ET MARGUERITE (Hors-Compétition)
Dans un Moscou futuriste des années 1930, un écrivain célèbre, déchu et rejeté après la censure de sa pièce sur Ponce Pilate, rencontre Marguerite, une femme mariée qui devient sa muse et l’inspire à écrire un nouveau roman. Dans son récit, Satan visite la capitale russe et y provoque des événements surnaturels. Marguerite, transformée en sorcière, retrouve son amant après la mort, dans un ballet macabre entre réalité et magie.
Film russe adapté d'un roman, "Le Maître et Marguerite" est un long-métrage de 2h35 présenté dans le cadre du Hors-Compétition.
À la lecture du résumé, j'étais plus que dubitatif vis-à-vis de cette histoire d'un écrivain qui écrit son nouveau roman avec sa muse mettant en scène Satan en personne mais je me suis laissé tenter par cette (longue) aventure et ma fois je n'ai pas regretté de m'être laissé embarquer à bord de ce vaisseau littéraire.
Avec une structure narrative très originale, alternant entre deux niveaux de narration (celle de notre romancier et celle de son roman) au point parfois de perdre nos repères entre réalité et fiction dans ce Moscou des Années 30, "Le Maître et Marguerite" nous narre une histoire d'amour sous fond de satanisme dans le monde du théâtre et de la littérature russes durant laquelle des meurtres perpétrés par le Diable et ses sbires vont semer le chaos dans la capitale.
Le film de Michael Lockshin est l'occasion notamment de prendre part à un grand bal mettant en scène le Diable et sa Reine avec un florilège de sombres invités qui sont ce que nous pourrions appeler "l'élite des personnages les plus malsains de l'Histoire". Un des moments phares du film assurément.
Adaptation de l'une des œuvres majeures de la littérature russe du XXème siècle (que je n'ai pas lue), "Le Maître et Marguerite" se suit sans réel déplaisir et s'avère au final une assez bonne surprise.
Film 13 : ELSE (Compétition)
Anx vient de rencontrer Cass quand l’épidémie éclate : partout, les gens fusionnent avec les choses. Cloîtré dans son appartement, le couple doit faire face à cette menace monstrueuse.
C'est vêtu d'une sorte de pyjama surmonté d'un kimono coloré que Thibault Emin vient nous présenter son premier long-métrage "Else", septième film en Compétition, en compagnie notamment de son acteur principal. Une présentation farfelue pourrait-on dire : notre cinéaste (français) n'hésite pas à raconter les difficultés à faire ce film (14 ans de gestation) et à prévoir des mécontentements dans la salle une fois la projection terminée (il semble avoir l'habitude d'essuyer les revers depuis qu'il accompagne le film en tournée).
Vous l'aurez compris, cette présentation nous place d'emblée dans des conditions particulières pour voir le film, toutes et tous persuadé(e)s que nous allons voir quelque chose de peu convaincant (le cinéaste nous incitant à deux reprises tout de même à plutôt regarder "Oddity" que son film, déclarant en parallèle que l'équipe a fait ce qu'ils ont pu pour donner vie à son projet).
Au final, le film est une vraie proposition de cinéma (que l'on aimera ou pas). Un cinéma peu ordinaire, un peu brouillon par moments toutefois, et fourmillant de bonnes idées (Cronenberg n'est pas bien loin comme le soulignait l'un des acteurs du film). Quant au casting, il est à l'image de son réalisateur - entendons par là farfelu et amusant - et l'ambiance anxiogène bien présente (coincés dans cet appartement de peur d'être contaminés, on ressent une certaine claustrophobie bienvenue).
On regrettera toutefois des passages parfois creux un brin longuets et certains effets peu esthétiques (cet amas de pierre menaçant qui se dirige vers nos protagonistes par exemple), à l'inverse d'autres qui fonctionnent bien (la fusion de la peau avec des draps, les enfants éborgnés qui errent dans cette purée de pois ou encore les scènes contemplatives finales), mais aussi un son par toujours bien audible (on peine à comprendre parfois ce que se disent les voisins par le vide-ordures permettant de communiquer entre les étages de l'immeuble).
"Else" c'est clairement le film qui va diviser le public (bien plus que "Rumours") dans la Compétition et cela s'est vu au moment de passer aux urnes pour voter en sortie de séance. Le cinéma (semi) expérimental n'a pas que des adeptes et on peut le comprendre.
Film 14 : LA FIEVRE DE L’ARGENT (Compétition)
Une étrange maladie décime les personnes les plus riches et les plus influentes de la planète. Le virus qui semble d’abord n’affecter que les milliardaires, s’étend rapidement à des fortunes plus modestes, obligeant chacun à se débarrasser de sa moindre richesse et précipitant l’équilibre économique mondial dans le chaos…
Après un hommage rendu à Ti West pour cette première grande partie de carrière, accompagnés de l'habituel discours de la Directrice du festival (bravo à elle) et du principal intéressé, d'un montage de quelques passages de ses principaux films et la remise du trophée, il est temps ensuite de voir le huitième et avant dernier film en Compétition.
Très attendu, il s'agit de "La fièvre de l'argent" de Galder Gaztelu-Urrutia, un nom qui vous dit peut-être rien mais il s'agit du réalisateur de "La plateforme" (et sa préquelle) disponible sur Netflix.
Inutile de dire que nous attendions beaucoup de la part de ce réalisateur espagnol qui semble vouloir miser sur l'originalité de ses scénarii. Et une fois de plus nous sommes conquis par la qualité du script qui s'éloigne des sentiers battus. Nous plonger sur une planète Terre en proie à une épidémie qui tue uniquement les plus riches, c'est fichtrement osé comme pitch de départ.
Imaginez nos chers milliardaires se cacher de cette malédiction/épidémie pour certains ou se débarrasser de leur argent pour d'autres afin de ne pas être frappés par ce mal étrange : assez jouissif comme pagaille il faut bien l'avouer !
Certes un peu bavard au départ (on nous perd un peu dans toutes ces "discussions de riches" lol), "La fièvre de l'argent" se relance rapidement une fois la mort du Pape annoncée dans les Médias. Notre héroïne, importante personnalité dans le milieu du cinéma (et donc aisée...), va alors voir sa vie défiler au fil des heures et jours et user de stratagèmes pour éviter cette épidémie!
Amusante et énergique, cette critique de la bourgeoisie sur fond de crise économique générée par la mort de grand(e)s business(wo)men est sacrément originale, jusqu'au dernier plan bien sympathique qui saura vous tirer un petit sourire avant le générique de fin.
DIMANCHE 02 FEVRIER 2025
*NUIT BLANCHE « NUIT DECALEE »
Samedi soir rime avec... Nuit Décalée! (Enfin non ça ne rime pas mais ce n'est pas grave...)
Cette année on met à l'honneur les fêtes de fin d'année (distribution de bonnets de Noël à l'entrée), le sadomasochisme (quelques bénévoles masqués tout en cuir donnent des petits coups de martinet) et les danses grecques! Hé oui cette année nous avons droit à la projection du film grec de 1999 "L'attaque de la moussaka géante" et le film inédit espagnol "Deviant", le tout avant un hommage à Maïté qui nous a si souvent accompagné en début de Nuit Décalée et nous a quitté le 21 décembre 2024.
Film 15 : L’ATTAQUE DE LA MOUSSAKA GEANTE (Hors-Compétition, Nuit Décalée)
À la suite d’une téléportation ratée, un rayon extraterrestre touche accidentellement une part de moussaka. Très vite, elle se transforme en monstre géant, se dirigeant droit sur Athènes, écrasant, dévorant et projetant des geysers de sauce mortelle sur son passage.
Bon, soyons clairs, ce n'est pas pour " L'attaque de la moussaka géante" que je trépignais d'impatience depuis 2h pour cette nuit. En effet, le film de Panos H. Koutras est certes une bande tranche de rigolade sur sa première moitié avec ses personnages décalés, ses dialogues bêtes à souhait et sa fameuse moussaka gigantesque qui déferle dans les rues d'Athènes. Mais malheureusement ce nanar grec est également très (trop) répétitif et devient vite lassant du fait du manque d'originalité dans sa seconde moitié qui tourne en rond et la lenteur de sa toute dernière partie. Ceci dit cela fait toujours plaisir de rigoler tous ensemble devant un gros nanar même si ce dernier n'est pas du tout dans le haut du panier de sa catégorie.
Film 16 : DEVIANT (Hors-Compétition, Nuit Décalée)
Javier est un père de famille modèle enfermé dans une vie monotone. Le soir de Noël, il doit s’absenter prétextant une urgence à son travail. Il va en réalité passer la soirée chez Monica, une séduisante jeune femme, avec laquelle il discute depuis quelques jours via l’appli de rencontres coquines Deviant. Mais une fois chez elle, Javier se retrouve séquestré dans le sous-sol d’un psychopathe en quête de vengeance.
Vient ensuite le fameux film espagnol "Deviant" qui promet un peu d'originalité. Ce malheureux père de famille qui n'a plus trop de vie sexuelle avec sa femme et qui se laisse aguicher par une jeune fille sur un réseau de rencontre qui va l'inviter chez elle sans savoir qu'il s'agit en réalité d'un homme qui fait la chasse aux pédophiles et pervers sur le Net.
Le résumé promettait du lourd mais là encore on appréciera la première partie qui présente notre père de famille et son mal-être puis sa séquestration dans cette "maison des tortures à connotations sexuelles" ! Du très bon dans la première moitié digne d'une Nuit Décalée mais cela devient ensuite trop linéaire et platonique pour que la seconde partie fasse adhérer l'ensemble des festivaliers encore présents pour cette seconde séance de 2h15 du matin.
Pas grave ceci dit : on s'est bien plus amusés sur cette Nuit Décalée 2025 que sur celle de l'année précédente qui était assez pauvre en termes de films.
Le hic est que ce dimanche, la première projection est à 8h30 et il est déjà 3h45 quand on quitte la salle...
Film 17 : PRESENCE (Hors-Compétition)
Une famille emménage dans une nouvelle maison, où une mystérieuse présence hante les lieux.
La journée du dimanche se continue à 8h30 donc, après 2h45 de dodo à l'appartement.
Et on commence avec un gros film attendu dans le Hors Compétition : "Presence" de Steven Soderbergh. Acclamé par la Critique mais aussi en festival (Sitges et Sundance notamment), j'attendais ce film appartenant à la catégorie fantomesque de cette 32ème édition du festival.
Et nous avons là effectivement un très sympathique film de fantômes qui a pour singularité de nous offrir des plans du point de vue de notre esprit qui semble avoir posé ses valises dans cette grande bâtisse ayant fraîchement changé de propriétaires. Et justement, autre particularité ici aussi, le film se veut très axé sur ses personnages fort bien travaillés pour donner un aspect dramatique à cette famille qui se déchire et semble se diviser en deux camps (le père et sa fille / la mère et son fils).
On suit donc avec beaucoup d'intérêt et de curiosité cette vie de famille (notamment le mal-être de la fille ayant du mal à faire le deuil de ses deux amies décédées dernièrement), les interactions entre chaque membre et les quelques apparitions de notre fantôme qui semble vouloir agir pour le bien de cette famille, pour rétablir un peu l'ordre.
Loin de ce que l'on peut appeler "esprits frappeurs", ici notre gentil fantôme intrigue plus qu'il ne fait frissonner et prend part dans la galerie des personnages sans trop perturber le récit, bien au contraire. Un récit qui d'ailleurs se suit agréablement, sans faussé note ou défaut d'interprétation : c'est joué juste, la narration est propre et on prend un véritable plaisir à voir évoluer cette famille sous nos yeux.
"Presence" est peut-être quelque peu surestimé (le film reste assez classique dans son histoire) dans les festivals cités quelques lignes plus haut mais il n'en demeure pas moins un fort agréable film de fantômes.
Film 18 : EXHUMA (Compétition)
Deux jeunes chamans ont été engagés par une riche famille qui craint qu’un danger plane sur leur nouveau-né. Une sombre malédiction semble peser sur la famille. Les chamans font appel à un géomancien et un croque-mort afin de retrouver la tombe de l’ancêtre à l’origine de ce mal…
Tout le monde l'attendait sur cette 32ème édition géromoise : le fameux "Exhuma". Le film coréen qui a fait l'objet de nombreuses acclamations partout où il est passé nous arrive donc en Compétition Vosgienne en tant que petit dernier pour clôturer la liste des 9 nominés.
3 séances programmées, 3 séances forcément blindées pour ce film baignant dans le paranormal avec sa malédiction, son cas de possession où encore son démon, son samouraï revenu d'entre les morts et ses chamans qui peuplent ce long-métrage certes assez dense scénaristiquement mais diablement efficace!
"Exhuma" n'a pas volé la très bonne réputation qui lui colle à la peau depuis de longs mois et saura ravir aussi bien les néophytes dans la culture asiatique que les aficionados et grands connaisseurs en la matière.
Car certes il est plus simple de suivre et comprendre parfaitement le film de Jang Jae-Hyun quand on s'y connaît un minimum en culture asiatique - et plus particulièrement sur les rites, le folklore et les rivalités entre coréens et japonais - mais il est toujours possible, comme moi qui avait encore quelques interrogations en fin de métrage (malgré le bon moment passé pendant les 2h10 que durent le film), de se renseigner sur l'Histoire de ces deux pays en sortie de film à chaud et ainsi de gommer les zones d'ombre restantes.
Dans tous les cas, la complexité du scénario dans sa seconde moitié ne gâche en rien le spectacle proposé : dynamique, surprenant et fourmillant d'idées et de rebondissements, "Exhuma" n'ennuie à aucun moment. Parvenant tantôt à nous amuser (ce trio formé d'un géomancien, d'un croque-mort et d'une chaman ont cette bonne idée de travailler ensemble pour faire fructifier leur business), tantôt à nous angoisser (la malédiction de la première partie ou encore l'apparition d'un fantôme de samouraï dans la seconde...) et tantôt à nous fasciner (certains rites et éléments de folklore sont hypnotisants), le film de Jang Jae-Hyun est incroyablement complet dans sa narration.
Et même si certains effets spéciaux sont perfectibles et que la complexité de la seconde moitié du film pourra en frustrer plus d'un, la qualité du scénario (dense et fluide à la fois) et la belle performance du casting font d' "Exhuma" une fort sympathique surprise, un peu comme "The strangers" de Na Hong-Jin une poignée d'années plus tôt.
Film 19 : THE MOOGAI (Hors-Compétition)
Sarah et Fergus sont un jeune couple aborigène qui accueille son deuxième enfant à la maison. Cet événement d’ordinaire enjoué revêt un caractère plus sinistre le jour où Sarah commence à avoir des hallucinations dans lesquelles un esprit malveillant essaie de lui prendre son bébé.
Film pour lequel je n'attendais pas grand chose dès le départ il est vrai, "The Moogai" est présenté en Hors Compétition et s'avère en effet quelque peu basique.
Alors certes le film a cette originalité de traiter un sujet peu banal (les kidnappings de jeunes aborigènes australiens par les "Blancs" en vue de favoriser le métissage) mais la narration est quant à elle très scolaire, trop simple dans son approche. Nous avons en effet cette fâcheuse impression de revivre des moments déjà vus maintes fois dans le cinéma fantastique et ainsi de ne jamais vraiment sortir de sentiers battus et rebattus par le passé.
Et quand Jon Bell - le réalisateur/scénariste - souhaite apporter un peu d'originalité en mettant une touche fantastique dans son récit, c'est soit maladroit (les enfants fantômes n'ont rien d'angoissant et sont placés là comme des potiches ou, pire, des panneaux de signalisation nous montrant où il faut aller) soit brouillon (pourquoi ce monstre voleur d'enfants? Ce sont les "Blancs" qui kidnappent les jeunes aborigènes... Est-ce une façon de détourner la faute et la mettre sur une entité maléfique ?... Ce n'est pas clair...).
Le rythme quant à lui est bon malgré l'absence de grands rebondissements : c'est très linéaire d'un point de vue scénaristique mais on veut en savoir plus sur cet être qui vit au fond d'une grotte et enlève les enfants manifestement. À ce titre, notre croquemitaine est bien réalisé et c'est un bon point pour le film car il s'agit là du principal intérêt de "The Moogai" pour moi. C'est peu, très peu, quand on y pense. Un brin décevant même si ce n'est pas non plus mauvais : je m'attendais à ce type de conclusion avant même de me plonger dans cette aventure et je ne me suis pas trompé malheureusement.
Film 20 : LA LEGENDE D’OCHI (Hors-Compétition)
Dans un village isolé du Nord, la jeune Yuri a appris à ne jamais sortir après la tombée de la nuit et à craindre les créatures connues sous le nom d’ochi qui vivent recluses dans la forêt. Lorsqu’un bébé ochi est abandonné par sa meute, elle se lance dans l’aventure d’une vie afin de le ramener à sa famille.
Avant-dernier film présenté en Hors-Compétition, "La légende d'Ochi" était sur le papier le film d'aventure de cette édition 2025 du festival vosgien. Deux projections seulement et les deux au Casino : le film n'aura pas eu sa séance à l'Espace Lac, chose assez intrigante au départ et qui nous laisse suggérer que ce n'est peut-être pas aussi bien que ce à quoi on pourrait penser en lisant le pitch.
Et effectivement, "La légende d'Ochi" n'est pas la folle épopée fantastique que je m'étais imaginée...
Au rayon des bonnes choses, je citerai tout d'abord l'esthétisme du film. Les décors sont sublimes et on se surprend à scruter les grandes formations montagneuses ou les vastes forêts qui s'offrent à nous dans de belles explosions de couleurs dans le film d'Isaiah Saxon. De même, les Ochi - animaux imaginaires - sont très bien réalisés et notre petite boule de poil recueillie par l'actrice principale est attendrissante.
Le casting (mené par Willem Dafoe) est relativement bon également et ne nous livre pas des dialogues à rallonge, parfois sans grand intérêt, comme dans certaines épopées de ce type.
Ce qui gêne principalement dans "La légende d'Ochi", c'est le scénario trop simpliste, l'absence de véritables péripéties, dans cette quête pour rendre ce petit Ochi à sa mère. Là où nous aurions bien aimé que la jeune Yuri parcourt un pays semé d'embûches, fasse la rencontre d'autres créatures ou de tribus diverses, finalement il ne se passe pas grand grand chose si ce n'est cette bataille entres les hommes et les Ochi en début de film et une petite incursion dans un supermarché qui saura amuser les plus jeunes d'entre nous.
Assez plat dans sa narration, "La légende d'Ochi" demeure un petit film bien sage, loin d'être mémorable mais pouvant plaire à nos petites têtes blondes.
Film 21 : PLEASE DON’T FEED THE CHILDREN
Une bande d’orphelins descend vers le sud en quête d’une nouvelle vie alors qu’une épidémie décime la population des adultes. Ils finissent par se retrouver à la merci d’une femme psychotique cachant un dangereux secret.
En clôture du festival, c'est la fille de Steven Spielberg qui va nous proposer son premier long-métrage. Son titre? "Please don't feed the children". Un film mêlant épidémie virale et cannibalisme, rien que cela! Un des films en Hors Compétition que nous étions beaucoup à attendre sur cette dernière journée de festival, ces dernières heures avant que la vie reprenne son cours à la Perle des Vosges...
Destry Allyn Spielberg semble aimer le cinéma de genre et cela nous convient parfaitement! Avec ce premier film, elle nous invite à suivre une bande de jeunes orphelins qui tentent de quitter leur région dévastée par une épidémie qui décime la population adulte. Et bien évidemment, comme rien ne va jamais dans ce genre de film où le Monde se transforme en véritable chaos, ils vont pénétrer dans la maison d'une femme aux comportements inquiétants, sombre et loin d'être la sauveteuse souhaitée...
Avec son ambiance lourde, son atmosphère lugubre et ce sentiment d'isolement et d'enfermement bien retranscrit, la cinéaste coche plusieurs cases pour rendre son métrage angoissant et intrigant à souhait. Ajoutez à cela une actrice qui n'a rien à envier à une certaine Béatrice Dalle dans "A l'intérieur" ou une Kathy Bates dans "Misery" et qui campe ici un personnage énigmatique, frissonnant et troublant qui nous offrira d'ailleurs deux-trois jumpscares plutôt bien réalisés. Une interprétation solide qui fait que cette femme seule devient rapidement la pièce maîtresse du film de Destry Allyn Spielberg, celle autour de qui gravitent nos malheureux enfants dont on ignore le sort qui leur est destiné (on imagine bien des choses, cette maison semblant cacher un terrible secret...).
Alors oui, le film est assez simple et très linéaire dans sa narration au final et j'en conviens mais la réalisation est convaincante et l'intrigue suffisamment bien amenée pour que l'on ne s'y ennuie à aucun moment, attendant avec curiosité et impatience (au détour d'un final rythmé et violent) de savoir ce que cache notre maîtresse des lieux dans sa grande maison isolée.
Et vu le distributeur concerné ici, nous savons d'emblée que le film aura une vie après le festival et c'est tant mieux!
LE PALMARES 2025 :
Grand Prix : "IN A VIOLENT NATURE"
Prix du Jury : "EXHUMA" ex-æquo avec "RUMOURS"
Prix du Public : "ODDITY"
Prix de la Critique : "THE WAILING"
Prix du Jury Jeune : "THE WAILING"
Prix du Court-Métrage : "LES LIENS DU SANG"
Un palmarès juste et cohérent qui se rapprochait de mes pronostics cette année, avec une sacrée surprise en ce qui concerne le Grand Prix (on ne l’a pas vu venir celui-là, ce dernier ayant fortement divisé le public) *.
Chaque année, Palmarès oblige (nous ne pouvons pas donner un Prix à tout le monde en Compétition), il y a un grand perdant (autrement dit un film qui aurait mérité de repartir avec au moins une statuette) et pour cette édition il s’agit selon moi d’ "Azrael", mon long-métrage préféré cette année me concernant.
MES PREFERENCES POUR CETTE 32EME EDITION :
Cette année, c’est bel et bien dans la Compétition que j’ai trouvé les meilleurs longs métrages (4 placés dans mon TOP5), bien que le Hors-Compétition proposait également de bien belles choses comme chaque année (on ne vous le dira jamais assez : ne mettez surtout pas de côté cette catégorie !).
Une très belle sélection en tout cas pour cette cuvée géromoise 2025 dont voici mon TOP10 par ordre de préférence :
1. "AZRAEL" (Compétition)
2. "ODDITY" (Compétition)
3. "IN VITRO" (Hors-Compétition)
4. "THE WAILING" (Compétition)
5. "EXHUMA" (Compétition)
6. "COMPANION" (Hors-Compétition)
7. "PRESENCE" (Hors-Compétition)
8. "RUMOURS" (Compétition)
9. "LA FIEVRE DE L’ARGENT" (Compétition)
10. "CRIMSON SNOUT" (Hors-Compétition, V-Horror)
REMERCIEMENTS :
Et voilà, l'heure du bilan et des remerciements est venue !
L'occasion de remercier tout d'abord comme chaque année les organisateurs du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer et plus particulièrement la nouvelle Présidente Anne VILLEMIN et la Directrice Aude HESBERT qui ont fait un beau boulot, Aliénor HECHT qui gérait les Relations Presse pour HOPSCOTCH CINEMA, et le Maire de Gérardmer Stessy SPEISSMAN MOZAS qui nous a accueillis dans sa ville.
Puis je n’oublie pas bien évidemment les 600 bénévoles et les personnels de sécurité sans qui le festival n’existerait pas, les exposants et les artistes présents sur place mais aussi les commerçants également chez qui j’ai pu me restaurer ou tout simplement boire un coup : la boulangerie "Les P'tites douceurs", l’établissement "Le Garden", le Kebab "M&L" ou encore les barmens et serveuses(eurs) du Grand Hôtel.
Je remercie chaleureusement mon hébergeuse chez qui je loge depuis plusieurs années maintenant et enfin le Jury qui nous a délivré un Palmarès cohérent avec "Exhuma", "Rumours" et "The wailing" récompensés.
Et pour terminer, je remercie toutes celles et ceux qui m’ont suivi dans cette 32ème édition (et je sais que vous avez été nombreux et nombreuses), que ce soit dans les files d’attente ou dans les salles avant les projections au cours de quelques bavardages ou de loin pour celles et ceux qui lisaient les critiques à chaud diffusées sur les réseaux sociaux sous l’appellation bien connue maintenant « FESTI’NEWS ».
J’en profite enfin pour saluer bien évidemment celles et ceux que je retrouve chaque année sur la « Perle des Vosges ». Je parle entre autres des parisiens Malik Keloua de OhMyGore.com, Pascal Vaccaro ainsi que Julia et son conjoint Stéphane, mais également des voisins de l'Est Jean-Charles Contaux, Alexis Jacquot et Cédric Nicolay, sans oublier Loïc Bugnon et plein d’autres encore.
Merci Gérardmer, merci le festival, merci à toutes et tous !
On se dit à l’année prochaine… et cette fois-ci pour 6 jours au lieu de 5 (une nouvelle formule qui a été dévoilée en Cérémonie de Clôture) !
David MAURICE
Le 4 Février 2025