Affiche française
NIGHTMARES AND DREAMSCAPES | NIGHTMARES AND DREAMSCAPES | 2006
Affiche originale
NIGHTMARES AND DREAMSCAPES | NIGHTMARES AND DREAMSCAPES | 2006
Date de sortie
Pays
Genre
Musique de

Nightmares and dreamscapes

Nightmares and dreamscapes

Tentant de profiter de l'engouement du public américain pour les séries horrifiques depuis les "Masters of Horror" première saison, la chaîne privée TNT met sur pied en 2006 une anthologie basée sur des nouvelles du célèbre romancier Stephen King.
Si les réalisateurs ne sont en rien des pointures, on retrouve cependant quelques acteurs de grand talent (William Hurt ou William H.Macy, notamment) et quelques solides scénaristes derrière des adaptations variant entre 42 et 52 minutes.

Tirées d'histoires parues dans trois recueils de l'écrivain du Maine, elles sont évidemment très inégales entre elles. Néanmoins, pas de gros ratages et trois ou quatre franches réussites, ce qui n'est pas si mal.

Suivez le guide.

NIGHTMARES AND DREAMSCAPES | NIGHTMARES AND DREAMSCAPES | 2006

* Soldats de plomb (Battle ground)

Tiré de la nouvelle éponyme que l'on peut lire dans le recueil "Danse Macabre".

On suit l'histoire d'un tueur professionnel qui assassine, sur contrat, un grand patron fabriquant de jouets. Une fois sa besogne accomplie, il rentre chez lui et reçoit un colis contenant des répliques miniatures de soldats avec leur attirail d'armes, de mortiers et d'hélicoptères. S'ensuit une guerre ouverte entre le géant et les soldats de plomb (qui sont en plastique en fait, mais bon).

Sans aucune ligne de dialogue et c'est une excellente idée ! Avec un acteur principal qui a la gueule de l'emploi, le convaincant William Hurt, que l'on a pu voir récemment dans "Into the wild", "Le village" ou "A history of violence", "Soldat de plomb" rend justice à la nouvelle avec ses faux airs de "Small Soldiers".
Rythmé, nanti d'effets spéciaux très réussis et de quelques visions en mode subjectif des soldats bien réalisés, l'épisode se suit sans encombres jusqu'à un dénouement apocalyptique.
Jubilatoire.

*Crouch End (Crounch End)

D'après la nouvelle du recueil "Rêves et cauchemars".

Lonnie et Doris Freeman, un couple américain en voyage de noces à Londres, vont dîner chez un ami, mais aboutissent dans le mystérieux quartier de la rue Crounch End. La zone est étrangement abandonnée, à l'exception de cyclistes et d'enfants. Le couple réalisera qu'il est emprisonné dans un lieu où les barrières entre les dimensions sont minces.

Délicat de mettre en images une ambiance à consonance Lovecraftienne (la nouvelle étant d'ailleurs sortie dans un premier temps en 1980 dans le recueil "New Tales of the Cthulhu Mythos"), d'autres s'y sont d'ailleurs cassés les dents.
Tellement délicat que le réalisateur n'y arrive que mollement. Si les décors du quartier désert de Crouch-end sont biens mis en valeur, on ne peut pas en dire autant de la mise en scène un peu trop toc, caméra qui remue pour créer l'angoisse, flou artistique inutile, montage cut lors des passages censés faire peur et des FX limite lors de la scène finale plombent pas mal l'ensemble. On ne décroche jamais cependant, mais tout cela aurait pu être mieux exploité.

L'amateur notera avec amusement que comme dans la nouvelle, certaines des boutiques de Crouch End, dans le final, portent des noms sortis de l'univers du bon H.P. Lovecraft : Alhazred, Cthulu Kryon, R'Yeleh, Yogsoggoth, Nrtesn Nyarlahotep.

* La dernière affaire d'Umney (Umney's Last Case)

Nouvelle parue dans le recueil "Rêves et cauchemars".

En 1938, le détective privé Clyde Umney a tout : une carrière réussie, des clients fidèles et une magnifique secrétaire aux formes généreuses. Mais l'arrivée du propriétaire des lieux, Sam Landry, va transformer sa vie en chaos. Clyde va découvrir qu'il n'existe pas et qu'il est en réalité issu de l'imagination de Sam, un écrivain à succès.

Un excellent segment à connotation très légèrement fantastique avec comme argument principal la présence du largement sous-côté William H.Macy ("Pleansantville", "Edmond", "Fargo", "The barber" etc.), un des meilleurs acteurs à l'heure actuelle et qui joue ici deux rôles avec un égal bonheur.
Un pastiche de l'univers de Raymond Chandler, à base de détective privé, de whisky et de femmes fatales et sexys.
L'adaptation de la nouvelle est excellente et nous ramène à l'une des grandes interrogations de l'écrivain du Maine : L'écriture et le vertige du créateur d'histoires vis-à-vis de ses personnages.
Une réussite.

* Le grand bazar : finale (The End of the whole mess)

Adaptation de la nouvelle "Le grand bazaar" du recueil "Rêves et cauchemars".

Un jeune génie, Bobby Fornoy, met au point un remède chimique contre la violence humaine. Avec l'aide de son frère, Howie, il arrive à le diffuser dans le monde entier. Mais, le "remède" possède d'horribles effets secondaires...

Entre science-fiction et métaphysique "light", ce segment est une énième variation sur le mode "On ne joue pas à Dieu sans en payer les conséquences".
Mais il constitue une variation très bien écrite avec comme arrière-plan une relation étroite entre deux frères que beaucoup de choses opposent pourtant et une réactualisation de la nouvelle plus en phase avec l'actualité proche. L'interprétation est excellente, notamment celle d'Henry Thomas qui a donc finalement réussi à faire rentrer maison "E.T" et son doigt lumineux (c'est le Elliott du film de Spielberg).
Plus proche de l'étude de caractère que de la pure intrigue "science-fictive", c'est une réussite à peine gâchée par une fin un tantinet trop lacrymale.
Comme quoi, à vouloir rendre les gens heureux malgré eux, ça finit toujours par partir en vrille.

* Quand l'Auto-Virus met Cap au Nord (The Road Virus heads North)

Adapté d'une nouvelle du recueil " Tout est fatal ".

L'écrivain Richard Kinnel, retourne chez lui après une visite chez son médecin qui ne lui a pas apporté que des bonnes nouvelles. Sur le chemin du retour, il s'arrête dans un dépôt et est intrigué par une peinture représentant un jeune homme conduisant une rutilante voiture. Kinnell achète le tableau, mais, alors qu'il reprend son chemin, il réalise que la peinture... change. La voiture dans le tableau, suit sa route et s'approche chaque minute un peu plus de lui.

Une histoire totalement Kingienne qui mêle avec bonheur l'étude de caractères, l'horreur et une tentative d'exorciser les propres peurs de l'écrivain. Ici, c'est la maladie qui fait office de grande frousse primordiale.
Voilà donc un écrivain, Stephen King, qui se met en scène lui-même, ou presque, afin de conjurer sa terreur de la maladie en l'affrontant de face. Il crée donc un écrivain tout aussi célèbre que lui à qui l'on annonce une bien mauvaise nouvelle et qui par la puissance de son imagination, réussit à faire vivre en chair et en os sa propre peur par le biais d'un tableau diabolique. Terrifiante mise en abîme que cette nouvelle et belle réussite dans son adaptation.

Le personnage principal est tenu par un Tom Berenger massif au sens propre, le tableau qui évolue donne vraiment des frissons et on n'aimerait pas vraiment l'avoir chez soi, le rythme est soutenu jusqu'à un dénouement d'une totale inéluctabilité qui recèle de surcroît un joli clin d'oeil à l'écrivain lui-même.
Petit bémol cependant, le format court dessert un peu la montée progressive dans l'horreur que distillait à merveille la nouvelle, ici c'est moins le cas, mais pas de quoi bouder son plaisir devant ce segment qui s'avère comme l'un des meilleurs de la série.

* Quatuor à cinq (The Fifth Quarter)

D'après la nouvelle "Le cinquième quart" in "Rêves et cauchemars".

Un taulard sort de prison, retrouve un de ses anciens associés impliqué dans une nouvelle affaire qui s'est mal passée. On lui a tiré dessus et il meurt dans les bras de son ami. Juste avant l'issue fatale, il lui remet le morceau d'une carte.
Willy va devoir en rassembler les quatre parties afin de mettre la main sur un immense butin.

Des gangsters, des ex-taulards, une chasse au trésor sur fond d'amitié et d'amour. Pas grand-chose à dire sur ce médiocre segment, tiré d'une médiocre nouvelle (et oui, cela arrive même au meilleur) où l'on a bien du mal à discerner le style de Stephen King. Ni fantastique, ni horrifique, avec juste un ou deux personnages à peu près bien brossés et des acteurs qui font le boulot pour payer les traites de la maison de campagne. Pas ennuyeux, mais était-ce bien utile de porter à l'écran cette histoire mille fois vues ailleurs ?

* Salle d'autopsie 4 (Autopsy Room Four)

D'après la nouvelle "Chambre d'autopsie 4", du recueil "Tout est fatal".

Un homme d'affaires en vacances, Howard Cottrell, joue au golf et se fait mordre par un serpent. Il est amené à l'hôpital le plus proche, dans la salle d'autopsie, mais le personnel ne se rend pas compte qu'il est simplement paralysé par l'action du venin du serpent.

Succulent pour celui ou celle qui aime l'humour noir. Une histoire que l'on croirait tout droit sortie d'un vieux "EC Comics" et qui aurait pu faire partie de l'anthologie horrifique "Creepshow" ou être une histoire des contes de la crypte.
D'ailleurs, ce segment ressemble beaucoup à "Abracadavra" un des meilleurs épisodes de la célèbre série, mais aussi un fameux "Alfred Hitchcock présente" de 1958 avec Joseph Cotten et intitulé "Together"

* Un groupe d'enfer (You know they got a hell of a band)

D'après la nouvelle "Un groupe d'enfer", "Rêves et cauchemars".

Un couple se perd sur une route étasunienne et découvre un bien étrange village qui semble tout droit sorti de la fin des années 50. Celui-ci est peuplé de chanteurs de rock n'roll décédés.

Semblant tout droit sorti d'un épisode de la "Twilight Zone", c'est un vrai régal de suivre cet épisode même s'il n'apporte rien de vraiment neuf.
Bienvenue à Rock n'roll Heaven ! Une certaine idée du bonheur pour le mari, amateur devant l'éternel de la musique des années 50 et 60.
La petite ville ressemble à celle que l'on peut voir dans le premier volet de "Retour vers le futur" et l'on y croise les sosies d'Elvis Presley, Janis Joplin, Buddy Holly, Ricky Nelson, Roy Orbison, Otis Redding et un Jimi Hendrix et sa guitare qui entonne l'hymne national américain.

Une certaine idée de l'enfer naissant d'un paradis de pacotille où l'on retrouve toutes ces ex-idoles mortes pour la plupart très jeunes et un concert qui durera longtemps, très longtemps.

Rythmé, bien joué et juste jouissif !

Si vous aimez "Les contes de la crypte", "Creepshow", "Au-délà du réel", "La quatrième dimension" et Stephen King, vous passerez sans doute de bons moments, comme l'auteur de ses lignes.

NIGHTMARES AND DREAMSCAPES | NIGHTMARES AND DREAMSCAPES | 2006
NIGHTMARES AND DREAMSCAPES | NIGHTMARES AND DREAMSCAPES | 2006
NIGHTMARES AND DREAMSCAPES | NIGHTMARES AND DREAMSCAPES | 2006

Inédit à la télévision française à ce jour mais disponible en DVD zone 2 chez Aquarelle aux alentours de 30 euros soit moins de 4 euros l'épisode !

Note
4
Average: 3.4 (1 vote)
Lionel Jacquet