Nuit des maléfices - la
The Blood on Satan's Claw / Satan's Skin
Dans un petit village anglais, à la fin du 17ème siècle. Ralph Gower fait une macabre découverte en labourant son champ : des ossements humains recouverts de poils, la marque du Diable. Il avertit le juge du comté, un cartésien qui refuse de croire à ces anciennes superstitions. Peu de temps après, d'étranges événements se produisent au village. Une jeune fille devient folle, des tâches apparaissent sur le corps des adolescentes. Le juge ayant quitté le village pour étudier ces mystères, les habitants semblent être sous la menace de Satan lui-même. La belle Angel Blake en serait la prêtresse et elle convertit petit à petit tous les enfants des environs à son culte satanique, parvenant à déjouer l'attention des adultes...
"La nuit des maléfices" de Piers Haggard est un excellent film d'épouvante à base de sorcellerie. Si ce réalisateur ayant œuvré en grande majorité dans les séries télévisées n’est pas très connu, on lui doit néanmoins un film mettant en scène le professeur Quatermass ("The Quatermass Conclusion" – 1979) ainsi qu’un thriller venimeux ("Venom" - 1981) puisqu’il met en scène des terroristes aux prises avec un dangereux mamba noir. Ses deux films les plus célèbres sont "Le complot diabolique du docteur Fu Manchu" avec l’inénarrable Peter Sellers et "La nuit des maléfices", qu’il réalise pour le compte de la firme Tigon, concurrente de la célèbre Hammer Films. Rattaché au courant horrifique anglo-saxon, "La nuit des maléfices" diffère des célèbres productions de cette dernière de par son aspect très réaliste et c'est ce qui fait sa grande force.
En effet, le réalisateur nous fait prendre part à la vie de ces petits villages de la campagne profonde et parvient à nous immerger totalement à l'intérieur avec les personnages. Les superstitions ont la vie dure dans ces communautés rurales reculées, coupées des villes, et le moindre événement un peu macabre peut prendre des proportions ou des significations insoupçonnées dans la conscience collective. Ici, c'est la découverte d'un crâne qui relance la croyance au Diable et aux messes noires. Les paysans et villageois voient dans cette trouvaille le signe du retour d’antiques pratiques qui semblaient avoir disparu, a contrario du juge de la région, interprété par l’imposant Patrick Wymark. Ce dernier est un cartésien dans l’âme et pour lui, tout à une explication logique et rationnelle. Sauf que dans le cas qui préoccupe la population, c’est bien le Malin qui est en cause !
La superbe Linda Hayden, beauté blonde juvénile qu’on avait déjà vue dans "Une messe pour Dracula" l’année précédente, et qu’on reverra par la suite dans de nombreux film, tels "Madhouse", "Vampira" ou "Exposé" par exemple, est en effet à la solde de Satan et elle se livre à des sabbats et des orgies en ramenant à sa cause quelques adultes mais surtout la grande majorité des enfants et adolescents du village. On pense à l'endoctrinement des personnes dans les sectes et le film d'Haggard, bien que réalisé en 71, est toujours d'une effarante modernité à ce sujet. Le réalisateur a de plus particulièrement bien travaillé l'ambiance de son long métrage : "La nuit des maléfices" est avant tout un film d'atmosphère et il se dégage de ses images un sentiment de morbidité, de macabre et de malsain qui lui font marquer de nombreux points ! Le film est oppressant et la composition musicale qui l’accompagne vient intensifier ce sentiment.
La scène du viol d'une pauvre adolescente par un membre du culte satanique durant un sabbat puis sa mise à mort par Linda Hayden est particulièrement évocatrice de l'ambiance malsaine citée ci-avant. Piers Haggard maîtrise également sa mise en scène et joue admirablement bien avec ses décors, tour à tour champêtres puis sombres et inquiétants. Le film bascule tout au long de son déroulement vers un cauchemar éveillé dont les pauvres villageois semblent ne pas pouvoir se réveiller. L'érotisme vient poindre le bout de son nez de façon soft mais efficace : lorsque Linda Hayden se déshabille devant un prêtre pour le tourmenter, le malaise n'en est que plus grand et la jeune actrice, avec sa dualité mi-ange, mi-démon, s'avère être une incarnation parfaite de l'apôtre du Mal, entièrement dévoué à son Maître. Avec ses nombreuses qualités, "La nuit des maléfices" mérite d'être découvert par le plus grand nombre, chose rendue possible grâce à l'éditeur Artus Films !
* Disponible en DVD chez Artus Films.