Creepshow saison 1

Creepshow

CREEPSHOW SAISON 1 | CREEPSHOW | 2019

Puisque le reboot de "Les Contes de la Crypte" par M. Night Shyamalan qui était un projet pourtant alléchant a malheureusement été vite avorté, on se console donc avec la série Creepshow censée reprendre le côté bien macabre des bandes dessinées EC Comics et ce, dans l’univers des anthologies horrifiques. A l’instar du film à sketches culte de 1982 (fruit de l'association entre les deux légendes George A. Romero et Stephen King) et comme la série des années 90 avant elle, cette dernière mouture présente toujours son gardien édenté et un humour noir corrosif, mais elle a surtout été en partie réalisée par Tom Savini et Greg Nicotero que les fans d’horreur connaissent plutôt bien en tant que maquilleurs et spécialistes d’effets spéciaux hors pair ! Alors est-ce que ces deux hommes ainsi que les autres coréalisateurs vont garder l’esprit rétro d’avant en le mariant aux exigences de la génération actuelle nourrie aux CGI à profusion et autres jumpscares abusifs ? C’est ce que nous allons essayer de déterminer à l’issue du visionnage des six épisodes de cette saison 1 offrant à chaque fois un double programme.

L' AVIS :

ÉPISODE 1 :
Le premier récit « Gray Matter » repose sur l'adaptation d'une nouvelle de Stephen King, « Matière grise » et un casting de têtes connues avec : Adrienne Barbeau ("The fog", "New York 1997"), Tobin Bell (la franchise "Saw") et Giancarlo Esposito (les séries « Breaking bad » ou encore "The Mandalorian") pour attirer le chaland. Et ça ne marche pas trop mal avec cette histoire d’un parasite contenu dans une bière et qui pourrait mener vers l’inéluctable. Malgré le faible temps de jeu des têtes d’affiche, cette histoire fonctionne assez bien et les effets spéciaux à l’ancienne sont à la hauteur notamment lors d’un final très « Lovecraftien » !

Suit « The house of the head » (admirez un peu le jeu de mots hommage à Uwe Boll !) traitant d'un invité surprise dans la maison de poupées d'une petite fille. Cette dernière est interprétée par une très convaincante actrice principale (l’impétueuse Judith de "The Walking dead" !). Outre un concept hyper original et une mise en scène des plus sympathiques (à chaque fois que la jeune fille va dans sa chambre voir sa maison de poupées, les figurines semblent avoir bougé et paraissent terrorisées par une tête apparue on ne sait comment !), l’ensemble est bien monté car l’action monte en puissance jusqu’à une fin tout à fait correcte sans être toutefois révolutionnaire. Un bon cru tout de même !

ÉPISODE 2 :
Voici un épisode de bien meilleure facture que le premier car les deux segments sont égaux et très bons ! La première histoire (« Bad wolf down ») fait dans le Creepshow séminal, c’est-à-dire qu’elle est proche du cinéma Bis un peu glauque comme on aime. Ici, on a affaire à un hommage aux films de « Nazisploitation » en pleine Seconde Guerre Mondiale avec l’ajout d’une créature légendaire (le loup-garou) venue s’immiscer dans cet univers. L’histoire est certes simple, mais voir Jeffrey Combs (la franchise "Re animator") cabotiner à mort en haut gradé allemand est assez jubilatoire ! On notera également la présence au casting du rappeur Kid Cudi. En revanche, on ne sait pas où ils sont allés chercher cette actrice supposée parler français, mais c’était une catastrophe, sauf si vous aimez le yaourt !

Le second récit (« The finger »), quant à lui, et comme souvent dans la série, place un élément singulier dans le quotidien d’un personnage lambda tout en s'amusant à observer les conséquences du piège représenté par cette présence devenant de plus en plus envahissante. Ici, un type un peu loser sur les bords trouve un doigt qui va bien entendu changer d’apparence au fur et à mesure de l’évolution de l’histoire. C’est drôle, bien pensé et métaphorique à souhait sans être idiot et en plus doté d’une fin vraiment bien ficelée. Bref, on est donc conquis par la créature nommée Bob !

ÉPISODE 3 :
La première partie (« All Hallows eve ») malgré son thème porté sur Halloween, n’est vraiment pas terrible. Certes cette virée façon « Trick or Treat » intrigue un peu au début, mais une fois le mystère dissipé, ça tire en longueur et s’étiole très rapidement, d’autant que le jeu des acteurs et leur côté cliché n’arrangera rien à l’affaire ! La suite s’il vous plait !

Heureusement, « The man in the suitcase » vous sortira de votre torpeur ! Encore une fois un événement extraordinaire arrive à un type très ordinaire ! En effet, ce dernier, un jeune homme fumeur de joints récemment largué par sa copine, va trouver un homme plié en quatre dans sa valise, lequel va cracher une pièce de grande valeur à chaque fois qu’il souffrira lorsque l’on essaiera de le libérer ! Complètement absurde mais tellement jouissif, d’autant que la fin est noire au possible, voici, pour l’instant le meilleur segment de la saison 1, rien que ça ! Notons l’apparition d’un autre roi du hip hop en la personne de Big Boi !

ÉPISODE 4 :
On commence avec « The companion » dans lequel un jeune garçon se faisant harceler par son grand frère va trouver refuge dans une bâtisse tapie au fond des bois et dans laquelle un épouvantail semble prendre vie. Outre le mauvais acting de l’acteur interprétant le frangin, le côté déjà-vu induit par la thématique surexploitée de l’épouvantail n’apporte pas grand-chose et l’on aura tôt fait d’oublier très vite cet épisode !

Puis on enchaîne alors avec « Lydia Layne’s better half » où l’on suit les péripéties d’une PDG qui se retrouve coincée dans un ascenseur avec son amante mais aussi collègue qu’elle vient de tuer accidentellement. Comme pour le récit précédent, l’histoire souffre d'un caractère hautement prévisible qu’une réalisation par trop classique n’arrivera malheureusement pas à transcender outre mesure. On vient ainsi de visionner encore un épisode bien terne.

ÉPISODE 5 :
« Night of the Paw » débute les hostilités et présente une jeune femme poursuivie par la police et qui débarque chez un veuf (interprété par Bruce Davison, déjà docteur dans la série "Kingdom Hospital" de 2004) ayant en sa possession une main d’animal pouvant réaliser trois vœux. Ce segment présente une esthétique très année 80 et respecte bien en cela, l’esprit de "Creepshow" et sa fin sous forme de morale. Malheureusement, c’est trop bavard et on aura tôt fait de l’oublier rapidement.

Le court suivant (« Times is tough in Musky Holler ») ne sera guère plus passionnant car il y a peu de dialogues, l’histoire est moyennement intéressante (les membres d’une communauté sont jugés et condamnés par leurs pairs pour leur exactions durant une invasion de zombies) et sera à peine sauvé par sa fin montrant tout le talent de Nicotero pour les effets gore. Mais qu’est venu faire David Arquette dans cette galère ?

ÉPISODE 6 :
C’est au tour de « Skincrawlers » de poursuivre les débats avec son histoire de régime révolutionnaire à base de sangsues aspirant toute la graisse superflue de personnes obèses. Bien rythmé et bien joué, ce court est un des meilleurs de la saison et il ravira entièrement les fans d’explosions et autres geysers d’hémoglobine avec son final hyper généreux, véritable critique de notre société actuelle avec son culte de la minceur !

Et c'est donc avec le cousin du monstre du Loch Ness, ici baptisé Champy, que l’on achèvera cette première saison. Ici, une famille dirigée par un beau-père tyrannique découvre une créature préhistorique dans un lac. C’est Tom Savini sur un scénario de Joe Hill qui est à la réalisation de cet épisode sympathique et tout simplement intitulé « By the silver water of the Lake Champlain ». Celui-ci, sans être transcendant, contient tous les ingrédients faisant le sel de la série, à savoir : une esthétique très eighties avec force de plans où la brume prédomine et une fin moralisatrice punissant la plupart du temps les personnages les plus cupides.

Ainsi, si dans cette première saison les effets spéciaux sont faits maison afin de rendre hommage à l’esprit du film d’origine, le rendu sera malheureusement inégal. Certes, on a bien quelques guests de qualité et le ton des histoires est résolument orienté Comic Book grâce à un style identique à ceux des films des années 80 et 90 avec des transitions dessinées, des effets de cases et de bulles comme dans les BD et la présence du Gardien de la Crypte. Mais ce coup-ci il est complètement muet, quel dommage ! De plus, on sent bien que la mayonnaise a du mal à prendre car certains acteurs sont purement mauvais et surtout, il y a trop de segments moyens avec des histoires peu effrayantes et des fins complétement ratées. Si une seconde saison est envisagée, il faudra que celle-ci présente moins de courts inégaux et qu’elle arrête peut-être de vouloir trop rendre hommage au passé en optant aussi pour des SFX moins artisanaux et de solides scripts !

CREEPSHOW SAISON 1 | CREEPSHOW | 2019
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Bande-annonce
Note
2
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Vincent Duménil